Paris-Cayenne avec Cathy Galliègue !

Cathy Galliègue a publié son premier roman en juin dernier.
« Aime-moi comme tu es » a fait l’objet d’une chronique (très positive) sur le blog. Ce livre, je tiens vivement à le faire connaître et à le défendre : IL LE MERITE !

Lorsque Cathy m’a contactée, il s’est passé ce petit quelque chose qui a fait que… 
J’ai beaucoup apprécié nos échanges et c’est donc tout naturellement que je lui ai demandé si elle acceptait d’être le tout premier écrivain avec qui j’échangerai publiquement.
Et elle m’a fait la joie d’accepter de se prêter au jeu…

Cathy, vous êtes « nouvelle » dans le milieu littéraire : qui êtes-vous ?

J’ai été la complice de l’industrie pharmaceutique pendant de longues années. Ma plume s’épuisait dans la fastidieuse analyse et traduction en anglais de rapports de pharmacovigilance. Du coup, j’ai un anglais médical très pointu mais je suis presque incapable de tenir une conversation de tous les jours. La gestion des cas d’effets indésirables a développé chez moi des effets secondaires irréversibles. Ma furieuse envie d’écrire a refait surface. Je l’avais mise à l’épreuve pendant quelques années à travers un blog, mais j’étais dans ma zone de confort, un format court, parfois percutant. Je le maitrisais sans trop de difficultés.

Me lancer dans l’écriture d’un roman m’effrayait mais m’appelait, comme un besoin irrépressible.

Il me fallait un prétexte, un sujet assez passionnant pour que je me jette dans le gouffre sans trop flipper.

Je suis l’épouse d’un homme qui était au début de l’écriture de ce roman, un homme du GIGN. Toute la difficulté était de ne pas en dire trop, mais de mettre en lumière la vie pas très banale de ces femmes. Je me suis laissée embarquer dans ma propre histoire en allant bien au-delà d’une histoire d’amour et en épargnant aux lecteurs de boire la tasse dans l’eau de rose.

J’ai collé ma démission, presque certaine que cette mise en danger serait profitable, et que si je voulais qu’un jour un éditeur me suive, il fallait d’abord que je croie en moi.

Ce roman est publié depuis le mois de juin aux Éditions Kawa, une maison spécialisée dans la publication d’ouvrages marketing, qui a ouvert une collection Premiers romans.

J’avais à peine mis le point final à ce roman, Aime-moi…comme tu es, que je me suis lancée sans attendre dans l’écriture du deuxième.

Un roman 100% jus de crâne, terminé depuis quelques jours. Oui, ça usine !

Maintenant, la phase la plus ingrate, celle des interminables corrections et de la recherche d’un éditeur peut commencer.

Je vis depuis un mois à Cayenne, j’y ai suivi mon mari qui est maintenant dans un groupe d’intervention détaché en Guyane. Je sais que désormais mon métier est l’écriture, n’en déplaise à ceux qui me demandent « mais sinon, tu as un vrai métier ? »

Votre(vos) drogue(s) pour écrire ?

La contemplation, l’écoute, pas mal de clopes et de coca zéro (pas bien).

L’écriture vous suffit-elle ?

Sans amour, on n’écrit pas. Et quand je n’écrivais pas, j’aimais moins bien. Ce sont mes deux indispensables, mon kit de survie. Ensuite, il y a les autres, les échanges, les petits mots qui font du bien, ceux que l’on reçoit et que l’on offre. Finalement, on en revient toujours aux mots.

Quel est votre rapport avec les autres livres ?

Quand j’ai un coup de coeur littéraire, je suis jalouse, envieuse, je me relis et j’ai envie de tout jeter. Je voudrais savoir comme cet auteur qui me transporte. Du coup, je lis peu quand j’écris, d’abord parce que l’envie et la jalousie, ça n’est pas très joli, ensuite parce que je ne veux pas me laisser influencer, trouver ma propre voix. Les réseaux sociaux permettent d’entrer en contact avec des auteurs (n’est-ce pas ?) et j’aime beaucoup leur dire mon admiration, échanger avec eux et leur dire que je les ai jalousé, un tout petit moment, rien de grave.

L’inachevé… Ce mot vous inspire quoi ?

La sensation que je ressens face à un texte que je termine. Ce sentiment que ce n’est pas encore la fin, qu’il est perfectible, qu’il est et restera, même après le point final…inachevé.

Votre dernier coup de coeur ?

Le tout dernier est La Petite Barbare d’Astrid Manfredi, parce que j’aime cette écriture au rasoir, et puis (c’est difficile de n’en citer qu’un) Ric Rac d’Arnaud Le Guilcher, pour sa fraicheur, son innocence, et je me suis replongée juste pour faire du bien dans La petite fille de monsieur Lihn, de Philippe Claudel, un petit bijou, et puis…je m’égare.

Votre dernier coup de gueule ?

Si je dis que j’en ai marre, mais marre, vraiment marre D’angot, vous êtes étonnée ? D’une manière générale je peste comme beaucoup, sur le phénomène rentrée littéraire, les Prix qui vont avec, et le peu de chances laissées à certains inconnus pourtant talentueux.

Quelle est votre dernière page web consultée ?

http://www.synonymes.com

Une anecdote insolite à raconter à vos lecteurs sur votre vie d’écrivain ?

Quand on veut, on peut!

Ou comment j’ai écrit un roman au milieu d’une forêt, sans internet et nue.

Je n’ai pas été enlevée par une tribu de réducteurs de têtes en forêt amazonienne. On ne m’a pas collé un ordinateur entre les mains en m’ordonnant d’écrire une belle histoire… et que j’avais plutôt intérêt à m’y mettre parce que des réducteurs de têtes énervés, ça réduit.

Non.

On peut vivre en région parisienne, avoir une vie presque normale (si on considère que vivre en région parisienne est normal, ce qui n’est pas mon cas) on peut donc, disais-je, être madame presque tout-le-monde et décider de s’extraire du bruit, des gens, des boutiques, de se connecter au monde virtuel au prix d’efforts insensés à notre époque et…de vivre à poil.

Ceux qui ont lu le fruit de mon travail acharné comprendront du coup que le récit de mon installation dans un centre naturiste est tout ce qu’il y a de plus réel.

Ceux qui ne l’ont pas lu… tant pis.

Il n’y a pas de voitures qui circulent dans les allées, c’est interdit.

Passer un coup de fil relève du défi mais c’est jouable, perchée sur la mezzanine, la joue collée à la vitre.

Il y a des gens nus qui se promènent et ça semble normal, il y a un sauna que l’on nomme entre nous « radio sauna », parce que c’est là que ça déblatère à tout va, il y a une piscine l’été, une salle de sport, un restau, mais…. il n’y a pas d’internet dans les chalets.

Mais il y a une salle wifi.

À l’ancienne, je faisais donc la liste sur mon grand cahier des informations à fouiner et, ordinateur dans ma sacoche, à poil en été et en bottes Aigle en hiver, je me rendais à l’entrée du centre, trois cent mètres de petits chemins boueux, pour atteindre la fameuse salle wifi.

Je ne suis jamais allée en prison, pas encore, mais cet endroit est aussi chaleureux qu’un parloir. Pas envie d’y trainer des lustres.

Du coup, pas de Facebook, pas de blog, pas de twitter, rien. Je lisais mes mails, je faisais mes recherches, je prenais des notes et je retournais dans ma grotte. Et j’écrivais. Goulument, puisque pas dérangée par l’appel des réseaux.

Et un jour d’octobre, j’ai mis un point final à Aime-moi…comme tu es.

Aujourd’hui, je vis tout près de la forêt amazonienne et j’écris habillée.

Une devise ?

« Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. »

Votre toute dernière folie ?

Il y en a deux:

Dire « banco ! » à un pari un peu ridicule (c’est le propre du pari) et accepter de poser en bouée canard sur la plage de Honfleur. Problème, impossible de trouver une bouée canard à Honfleur, pas assez classe sans doute. Je me suis donc rabattue sur une bouée lion et crinière au vent, j’ai posé. Les preuves sont sur Facebook.

Et la deuxième, faire la surprise à mon mari de le rejoindre à Cayenne dix jours avant la date prévue (j’adore les surprises, c’est le sel de la vie !)

J’avais un billet réservé par le Ministère de l’Intérieur (au passage, ça s’appelle élégamment « mise en route épouse ») et j’ai du batailler en douce avec ledit Ministère, Air France, Carlson Wagon Lits pour finalement obtenir le changement de date et débarquer par surprise, exactement comme je l’avais imaginé. À coeur vaillant, rien d’impossible

La phrase que vous aimez dire une fois la lumière éteinte?

Je t’aime, fais de beaux rêves.

On se tutoie maintenant ?

J’allais te le proposer

Céline, j’ai pris un réel plaisir à répondre à ces questions. On sent à travers elles ton envie vraie d’aller à la rencontre de l’autre, de le découvrir, on ressent ta passion, déjà bien palpable sur ton blog. Ça se confirme, tu es une véritable épicurienne !

Merci infiniment !

Ma Chère Cathy, un GRAND MERCI pour tes réponses franches, honnêtes et sincères, trois traits de caractère que je ressens chez toi et qui je pense t’habitent profondément. Elles m’ont fait passer par toute une palette d’émotions que j’ai également vécues à la lecture de ton livre… 

Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de vous plonger dans ses pages, la lecture de ce billet en nocturne devrait vous donner l’envie de commander « Aime-moi comme tu es » dès maintenant ! (et c’est ici que cela se passe)

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