« Le restaurant de l’amour retrouvé » de Ogawa Ito…

Le premier livre envoyé par Livre-moi(s) !

Une jeune femme de 25 ans perd l’usage de la parole suite à un chagrin d’amour. Elle repart vivre dans son village natal et développe son art (insoupçonné) de redonner du baume au coeur aux personnes (et au lapin ! ) pour qui elle cuisine.

Il ne faut surtout pas se fier au titre (traduit) qui pourrait donner envie de fuir parce que ce n’est pas du tout un roman à l’eau de rose !

C’est en effet un fort joli livre tout droit venu du pays du Soleil Levant sur le don de soi, l’altruisme, la gratitude, les souvenirs, la guérison, la douleur, la solitude, la douceur, l’émerveillement… typiques si j’ose dire de l’Art de Vivre nippon.

Glissez-vous dans ces pages tout à la fois littéraires et gastronomiques.
Il y a beaucoup d’ingrédients pour non seulement faire de très bons petits plats mais encore pour embellir la vie, la façon de penser… pour embellir VOTRE vie, VOTRE façon de penser !

« Les choses importantes, il faut les mettre au freezer. Comme ça, quand on en a besoin, il suffit de les passer au micro-ondes, en général ça fonctionne bien. » 

Des mots, salvateurs de tous les maux. Parce que « la magie est un spectacle impromptu »

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Quelque part dans le Gers… 

Editions Philippe Picquier

« Extrêmes et lumineux » de Christophe Manon…

Mon premier livre (paru ce jour) du challenge #68premieresfois !

Ce premier roman ne peut pas laisser indifférent.
Tout d’abord par son style : Christophe Manon nous propose une description d’un seul tenant, avec des blancs (qui ne sont pas des défauts d’impressions ), très pauvre en ponctuation donc assez déroutant au départ. Il a fallu que je me mette dans un autre mode de lecture pour finir par l’accepter.
Ensuite par l’histoire : c’est une succession d’annotations des plus étranges au dos de photographies jaunies par le temps.

Je lui reconnais une écriture des plus intéressantes et plutôt belle, mais l’histoire tirée des photographies m’a parfois un peu lassée. Je n’ai pas réussi à être complètement émue par « l’exploration de la mémoire, l’histoire d’amour et l’enquête familiale ».

L’accueil final que je lui fais est donc en demi-teinte…


Editions Verdier

« Ressources inhumaines » de Frédéric Viguier…

Mon quatrième livre (qui paraît ce jour !) du challenge #68premieresfois et pour l’instant celui qui sort du lot ! (il m’en reste encore 63 à découvrir )

Premier roman de l’auteur, c’est une description tragique et sans concession du monde du travail dans un hypermarché (l’analyse collerait à beaucoup d’autres lieux et/ou secteurs malheureusement).

L’héroïne endosse le rôle de la déchéance humaine dans toute sa splendeur (malgré ses espérances du début – « Etre acceptée, non pas pour ce que l’on est, mais pour ce que l’on fait », « Quand elle se retrouvait chez elle, après une longue journée de travail, elle avait déjà la sensation de ne pas être seule, de retrouver une autre, celle qui l’avait attendue, qui était cette part d’elle-même que personne ne connaissait »).

« Ressources inhumaines », ou l’abandon de soi pour des promotions à répétition sur l’autel d’une pseudo-ambition soit-disant réfléchie (« stagiaire à 22 ans, cadre sup à 25 ans ») dont la destruction, l’auto-destruction (programmée) sera à la hauteur de l’ascension rapide…

Le choix de la construction du roman participe à sa dynamique « couperet » :

« Le goût du paradis » (1ère partie)
« La chair de l’enfer » (2e partie)

Il est à noter ici que chaque chapitre de l’histoire décrite comporte la réflexion (en italique) de celle que l’on suit, témoin du chaos.

Les phrases, les mots choisis sont sans appel :

« toi, tu as tout compris… » 

« Il possède cette odeur du pouvoir… »

« Je serais très fâché de savoir que (…) le chef (…) de l’hypermarché d’en face (…) puisse caresser ton petit cul à ma place »

« Ne ramasse pas, il y a des gens payés pour ça… »

« Plus de volonté que de réflexion »

« Le bas prix, symbôle plus que nauséeux d’une société de sur consommation qui a perdu ses repères les plus intelligents »

« C’est toujours bon pour la motivation, le châtiment d’autrui »

« Le niveau d’incompétence que tout salarié est censé atteindre, un jour ou l’autre, au cours de sa carrière »

« La vie d’un supermarché bat au rythme de l’humanité manipulée. Et cela fait vingt ans qu’elle participe à cette manipulation »

« Le problème était que, dans son cas, la stagnation qu’elle pensait salutaire, allait s’accompagner d’une dégradation de son état mental. Cela se ferait insidieusement, lentement, mais cela se ferait »

« Triste et seule, courbée par l’évidence d’une vie aux contours flous et fragiles »

« Je m’occupe d’eux. Peut-être pour occuper dans leur coeur une place que je n’ai pas »

« Lorsque l’on ose mettre le nez dans sa propre misère, cela fait un mal atroce. »

C’est un des cancers de notre Société qui est ici traité par le biais de faux semblants, de la décadence humaine, du non-épanouissement de l’être humain, de la recherche de la reconnaissance, de la solitude, de l’abandon, de la dégringolade sociale, de l’usure de sa vie pour garder un statut… dont l’un des remèdes est la découverte de soi, même tardivement.

« L’humanité a besoin d’intuition et de sincérité, pas de compromis et de fascination… »

« Ce que pensent les autres, il faut s’en faire une armure pour se construire »

« Aimer vraiment une personne, c’est aimer ce qu’elle est, sans chercher à dénicher autre chose, sans chercher à la changer »

Certaines personnes parleront peut-être de ce livre comme une multitude de clichés.
(La vérité dérange)
Mais les faits font partie d’une réalité que l’on ne peut pas mettre en défaut et sont relatés d’une manière suffisamment précise et froide pour que cela soit un premier roman réussi et prometteur.

Un livre COUP DE POING, à lire parce que nécessaire pour faire évoluer les comportements !

Ne jamais oublier que l’essentiel est ailleurs.
Car « Au-dessus de la coursive, il n’y a rien… »

Editions Albin Michel

« A l’enseigne du coeur épris » de Jean-François Pigeat…

Un premier roman (qui paraît aujourd’hui et que j’ai lu dans le cadre de « 68 premières fois« ) mais un énième sur le sujet traité (l’histoire d’un couple).

J’avoue l’avoir lu en diagonale étant donné que je me suis………………… ennuyée !

Lorsque l’on aborde ce thème maintes et maintes fois utilisé en littérature, on se doit d’apporter un petit quelque chose, ce petit quelque chose en plus qui fait la différence, que ce soit dans l’histoire, dans les personnages ou dans l’écriture.

Ce n’est malheureusement pas le cas ici.

Qui plus est, c’est limite « à l’eau de rose » à mon goût.

Bref, ce n’était pas un livre pour moi !

Editions Le dilettante

« Le vieux qui déjeunait seul » de Léa Wiazemsky…

Il y a des livres qui vous bouleversent tellement ils sont émouvants.
« Le vieux qui déjeunait seul » en fait partie.
48h après, je suis encore dedans………………….et j’ai du mal à en parler.

Cette lecture m’a beaucoup touchée.
Beaucoup.

« Très tôt, trop tôt, j’ai appris à sourire pour cacher mes larmes et j’ai connu ces grands moments de tristesse qui soulèvent le coeur et déchirent le ventre, laissant un goût de cendre et de sang dans la bouche »

L’absence, la quête d’identité, La culpabilité, l’écho d’un encrage dans la guerre 39-45.
La solitude de deux êtres qui vont se rencontrer.
Deux « C » qui vont s’entrelasser pour l’éternité et qui vont changer la vie de plusieurs personnes.

« Le bonheur, cela se décide, Clara ! Tu le portes en toi comme le plus beau cadeau que la vie t’a donné. C’est à toi de le semer et de le faire pousser. Lorsque tu as trouvé la graine, tu dois la protéger, lui donner un peu d’eau, elle grandira et prendra de la place, tu n’auras alors rien d’autre à faire que jouir de sa beauté »

Une écriture d’une délicatesse infinie qui m’a habitée dès les premières lignes.

« Comme tous les lundis je l’attends. »

« Je n’ai jamais pu m’expliquer pourquoi les personnes âgées me touchent autant. (…) J’éprouve le besoin de les protéger, de les prendre dans mes bras et, de ma jeunesse, leur faire un barrage au temps qui passe. »

Merci à Bénédicte Junger du blog « Entre les Lignes » de m’avoir donné l’envie de tourner les pages de cette petite pépite…

« La vie est une aventure jolie, heureux qui sait la chanter » (Charles Trénet)

Très belle lecture à tous !

 

 Editions Michel Lafon