« En attendant Bojangles » d’Olivier Bourdeaut…

C’est un premier roman qui fait beaucoup parler de lui depuis la rentrée littéraire hivernale.
Nouvel écrivain, petite maison d’édition du Sud-Ouest…

Note de l’éditeur :

Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.
Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.
L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.

Ce livre nous fait passer du rire aux larmes grâce à une écriture d’une belle sensibilité.
C’est une ode à l’originalité, à la fantaisie (codes inversés, jeux de mots…), à l’Amour, à une forme de vie.

« Certains ne deviennent jamais fous…
Leurs vies doivent être bien ennuyeuses »
(Charles Bukowski)

« Ceci est mon histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit,
à l’envers,
parce que la vie c’est souvent comme ça »

Un livre agréable et efficace ?
Oui, assurément. Impossible de le nier.
On passe un joli moment.

Original ?
Je vais certainement m’attirer les foudres de certains mais sincèrement, non.
Malgré la poésie qui s’en dégage, il y a une certaine similitude dans l’atmosphère à relever : Olivier Bourdeaut n’aurait-il pas eu pour voisins une certaine Famille Jardin et Boris Vian ?

A mes yeux ce n’est donc pas LE roman de l’année mais belle lecture à tous, ne serait-ce que pour le plaisir tout simple de se faire du bien quoi qu’il en soit !

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Editions Finitude

NDLR. Deuxième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

« Bellevue » de Claire Berest…

Dès la première phrase du livre nous sommes plongés dans l’ambiance d’une écriture sans fard qui remue !

Tout du long c’est brut de décoffrage, sans fioriture.

« Je suis allongée sur un lit banal. Je cherche la lumière. (…) Mais qui contrôle la lumière ? »

« Après moi le déluge. Qu’y-a-t-il après le moi ? Peut-il disparaître de manière définitive ? »

Et plus on tourne les pages, plus on plonge avec l’héroïne…

« Chez moi est peut-être ce nulle part. »

« Tout est flou, je suis floue, je me suis rendue floue. »

Note de l’éditeur

Alma se réveille à quatre heures du matin. Dans un hôpital psychiatrique. Deux jours plus tôt, elle fêtait ses trente ans. Écrivain prometteur, Alma est une jeune Parisienne ambitieuse qui vit avec Paul depuis plusieurs années ; tout lui sourit. Et, d’un coup, tout bascule. Son angoisse va l’emporter dans une errance aussi violente qu’incontrôlable et la soumettre à d’imprévisibles pulsions destructrices. Que s’est-il passé pendant ces quarante-huit heures ?

C’est un livre qui bouscule.
Parce que les descriptions, la dissection psychologique sont telles qu’elles ne peuvent que perturber.
Et tout ce qui ne laisse pas indifférent est grisant. Addictif même…

L’auteur nous fait rentrer dans la tête d’Alma d’une manière flippante.
En même temps, c’est terriblement jouissif.

La vie d’une femme de 30 ans.
L’image qu’elle a d’elle (et des autres).
L’engagement.
La vie de couple.
La liberté.
La fuite.
Le sexe.

L’héroïne est happée par une violence irrésistible à laquelle elle ne peut échapper…

« J’ai toujours imaginé que chacun possède une fenêtre dans la tête. »

« Couper ce bras c’était éprouver la solidité de la fenêtre que chacun garde fermée dans sa tête, une manière de vérifier son étanchéité. »

« Je regarde mon bras couturé, et je n’éprouve rein sauf le souvenir du soulagement. »

« Je me suis coupée le bras pour produire du réel. Pour concentrer dans un symbole violent ce qui ne se voit pas, ni ne s’exprime intelligiblement. »

Si l’auteur n’a pas vécu ce qu’elle décrit, sincèrement je ne sais pas comment elle a fait pour rendre ces lignes plus vraies que nature.
L’écriture est remarquable qui plus est.

La construction du livre est intéressante et rythmée : elle alterne l’hôpital psychiatrique et les deux jours précédents où tout a basculé.

« On peut couper le souffle, couper court, un brouillard au couteau, les ponts, la chique, le sifflet, les cheveux en quatre, à travers champs, l’herbe sous le pied. Mais on ne coupe pas le coeur, on le brise. »

« Je suis à Bellevue, le lieu où l’on se retrouve quand on s’est perdu de vue. »

Plusieurs jours après, l’histoire est toujours très présente dans ma tête.
Elle m’a profondément marquée et m’a donnée envie de découvrir les autres livres écrits par l’écrivain.

J’ai pris beaucoup de notes en le lisant. Notamment ceci (juste un p’tit conseil) : Messieurs, n’oubliez jamais de descendre la poubelle lorsque votre compagne ou votre femme vous le demande…

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Editions Stock

Un GRAND MERCI à Ludivine ( «  Emilia & Jean  » ) de m’avoir donnée envie de le lire ( «  Je me suis mise en pause de la vie  » ) et de m’avoir convaincue par la même occasion de passer du côté obscure – même Jayavarman n’en revient pas – pour nos prochaines vacances en Asie (liseuse Kobo, histoire de gagner de la place dans ma valise – plus de chaussures du coup !!! )

« Trois amis en quête de sagesse » de Matthieu Ricard, Alexandre Jollien et Christophe André…

Un peu plus de 400 pages de Sagesse, de pur Bonheur tout simplement !

Imaginez…

Trois amis se réunissent pour aborder des thèmes qui leur sont chers.
Le premier est moine bouddhiste, le deuxième philosophe et le troisième psychiatre.

Trois façons différentes de voir la vie. Ou pas.
Trois très beaux conseils de vie ai-je envie de dire.

C’est touchant.
C’est vrai, authentique.

C’est un livre qui fait réfléchir.
Il fait du bien.

Si vous me permettez juste un petit conseil : il n’est pas à lire d’un seul coup.
Il faut prendre son temps. Le laisser infuser, comme un bon thé. Le garder près de soi. Y revenir.

C’est devenu un ouvrage de chevet me concernant, que je prendrai plaisir à repicorer comme il se doit…

Je recommande vivement.

Belle lecture à tous !

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Editions L’iconoclaste

Un GRAND MERCI à Lecteurs.com !

« Le dernier amour d’Attila Kiss » de Julia Kerninon…

« Comme c’est étrange ce que la vie nous fait,
où elle nous emporte et nous dépose,
perdus quelque part entre l’irréparable et l’insaisissable »

L’écrivain signe son deuxième roman (très attendu !) après le talentueux « Buvard » dont je vous ai parlé il y a peu.

Une nouvelle fois il est question de rencontre (Attila Kiss, 51 ans, travailleur de nuit hongrois et Theodora Babbenberg, 25 ans, riche héritière viennoise) et d’amour, deux thèmes visiblement chers à l’auteur.

Julia Kerninon a décidément le chic pour nous conter des histoires, ici sur fond (musical) de dualité historique et sociale qui participe subtilement au cheminement amoureux…

La plume est toujours aussi éclatante.

Belle lecture à tous !

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Editions La brune au rouergue

Les autres chroniques à lire sur ce livre : Mots pour mots, Emilia & Jean , Domi C Lire .

 

 

 

« L’Amant de Prague » de Monique Ayoun…

Le titre et le choix de cette peinture de Schiele pour la couverture ne pouvaient pas mieux éclairer le lecteur.

« L’amant de Prague » : l’histoire d’une femme (Carla) et d’une homme (Peter) qui sonne comme un couperet.
L’amant.
De Prague.
On sait d’ores et déjà que cela se terminera comme cela doit se terminer.

« L’enlacement » : la force d’un trait marqué, implacable, dur. A la frontière de la violence.
Le corps.
Les corps.
Le dos.

Ici, nul question d’Amour. Ou alors au sens passionnel, destructeur. Celui qui fait mal. Celui qui sort des entrailles. Celui pour lequel on est prêt à tout. Celui qui peut rendre fou.

La plume intense de Monique Ayoun dissèque l’intime. Dans tout ce qu’il a de plus kafkaïen. Cela monte crescendo. Comme quelque chose d’irrésistible à laquelle Carla ne peut échapper.

Dans les pas du célèbre écrivain tchèque et dans une ville post-communiste, on sort de ces pages aussi meurtrie que l’héroïne.

Mais quelle beauté dans le tragique !

Belle lecture à tous !

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Editions La Grande Ourse