« 2084 La fin du monde » de Boualem Sansal…

Note de l’éditeur

L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions.
Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion…

J’ai toujours eu un petit faible pour les manuscrits qui font réfléchir, qui ne sont pas forcément faciles mais qui sont tellement intéressants au final que cela en fait de grands livres…

« 2084 » fait partie de ceux-là.

Dans la veine de « Soumission » (Houellebecq) et de « Ah ! ça ira… » (Denis Lachaud), l’écrivain porte un regard sociologique, religieux, politique et philosophique sur le monde……………………………. qui nous attend ?

L’Académie Française ne s’est pas trompée en lui accordant son Grand Prix cette année.

Roman fable ?
Roman parabole ?
Roman pamphlet ?

Boualem Sansal n’a pas peur de parler du radicalisme religieux qui menace nos démocraties.
Il nous propose une réflexion nécessaire et utile…

A LIRE !

« Le système touffu des restrictions et des interdits, la propagande, les prêches, les obligations culturelles, l’enchaînement rapide des cérémonies, les initiatives personnelles ) déployer qui comptaient tant dans la notation et l’octroi des privilèges, tout cela additionné avait créé un esprit particulier chez les Abistani, perpétuellement affairés autour d’une cause dont ils ne savaient pas la première lettre »

« L’Appareil allait parfois trop loin dans la manip, il faisait n’importe quoi, jusqu’à inventer de faux ennemis qu’il s’épuisait ensuite à dénicher pour, au bout du compte, éliminer ses propres amis »

« Le doute amène l’angoisse, et le malheur ne tarde pas »

« Franchir les limites, c’est quoi ? pour aller où ? »

« Dans son infinie connaissance de l’artifice, le Système a tôt compris que c’était l’hypocrisie qui faisait le parfait croyant, pas la foi qui par sa nature oppressante traîne le doute dans son sillag, voire la révolte et la folie »

« L’amitié, l’amour, la vérité sont des ressorts puissants pour aller de l’avant, mais que peuvent-ils dans un monde gouverné par des lois non humaines ? »

« C’est comme ça, un problème reste un problème tant qu’on ne lui a pas trouvé de solution »

« Une conspiration peut en cacher une autre et la vérité comme le mensonge existent que pour autant que nous y croyions »

« Le savoir des uns ne compense pas  l’ignorance des autre, et l’humanité se règle  toujours sur le plus ignorant d’entre les siens. L’ignorance domine le monde, elle est arrivée au stade où elle sait tout, peut tout, veut tout »

Editions Gallimard

« Chantiers » de Marie-Hélène Lafon…

Se plonger dans un livre de Marie-Hélène Lafon, c’est se plonger dans la LANGUE, la LANGUE FRANCAISE, le FRANCAIS, les PHRASES, les MOTS, les RACINES, la GRAMMAIRE, la PONCTUATION…

« Chantiers » comporte seulement 112 pages, mais c’est un condensé d’écriture, de littérature à l’état pur !

« C’est tout, on garde tout, on ne renonce à rien, on ne choisit pas, on veut tout, tout embrasser, tout prendre, à l’éperdu, éperdument; et on y va, on fonce et on s’enfonce, et on monte à l’assaut, on écrit comme une taupe et on a des fulgurances, on y est, cul par-dessus tête, mais on y est, et on s’invente, et ça s’invente, même si on n’invente rien, puisqu’on fait ventre de tout (…) »

« Ecrire serait une affaire de corps, de corps à donner, pas donner son corps, quoique, mais donner son corps à, incarner, donner chair (…) »

 » (…) la quête et l’attente, dans le silence des jours, de ce qui n’a pas encore été lu, de ce qui n’a pas encore été écrit »

Marie-Hélène Lafon, c’est le Professeur qu’auraient aimé avoir tous les amoureux  des Lettres…

Editions des Busclats

« La fuite est un art lointain » de Catherine Quillet…

Ce livre, j’aurais aimé l’aimer.
Parce que j’apprécie vraiment la ligne éditoriale des éditions Paul & Mike que je soutiens dès que je peux et parce que mes échanges par mail avec l’auteur ont été des plus sympathiques.

Je suis une fan de nouvelles.
Mais force est de constater que là, je n’ai pas réussi à rentrer dans les histoires. Le recueil m’a laissée perplexe.

En revanche, je reconnais à Catherine Quillet une écriture très intéressante et j’attends avec impatience quoi qu’il en soit son premier roman en pré-commande : « Le problème à N corps » .

A décharge, c’est compliqué depuis une semaine d’apprécier quoi que ce soit.
Peut-être le réessaierai-je plus tard, dans un autre contexte…

« Etta et Otto (et Russel et James) » de Emma Hooper…

« Otto,
Débutait la lettre, à l’encre bleue.
Je suis partie. Je n’ai jamais vu l’eau, alors je suis partie là-bas. Rassure-toi, je t’ai laissé le pick up. Je peux marcher. J’essaierai de ne pas oublier de rentrer.
A toi (toujours),
Etta »

Voici les premières lignes du premier roman de Emma Hooper.

Etta a 83 ans lorsqu’elle écrit cela à son mari Otto.

Ce livre, je l’ai aimé de manière instantanée.
L’écrivain a su me plonger dès les premiers mots dans cette aventure incroyable, dans les pas d’Etta, avec beaucoup d’émotions.

C’est un beau récit initiatique, une quête magnifique, une balade incroyable, aussi mélancolique que libératrice.
Présent et passé se mêlent et participent à la force qui s’en dégage.

Laissez-vous donc tenter sans tarder…

Belle lecture à tous !

 

Editions Les Escales

« La neige noire » de Paul Lynch…

Note de l’éditeur :

« C’est le retour d’un émigré irlandais au pays.
Après des années passées à New York, Barnabas Kane retrouve le Donegal en 1945 et s’installe sur une ferme avec sa femme et son fils. Mais l’incendie, accidentel ou criminel, qui ravage son étable, tuant un ouvrier et décimant son bétail, met un frein à ce nouveau départ. Confronté à l’hostilité et à la rancoeur d’une communauté qui l’accuse d’avoir tué l’un des leurs, confiné sur cette terre ingrate où l’inflexibilité des hommes le dispute à celle de la nature, Barnabas Kane va devoir choisir à quel monde il appartient »

La lecture de ce roman n’est pas facile. Avis aux amateurs !

Dès les premières pages, vous êtes immergé(e)(s) dans une Irlande bien loin des clichés touristiques. Une Irlande noire, âpre, brute, triste, métale, ultra communautaire, aux esprits étroits et peu engageants !

Si les descriptions sont assez remarquables et les personnages étouffants à souhait, j’avoue m’être quelque peu ennuyée…

Editions Albin Michel