« Soumission » de Michel Houellebecq…

Tuerie de Charlie Hebdo : 7 janvier 2015.
Date de parution du livre : 7 janvier 2015.

« Amalgame : consiste à associer abusivement des personnes, des groupes ou des idées. » (Larousse)

Je viens de terminer ce livre, qui a créé la polémique avant même sa parution. Je me demande bien pourquoi. Je l’ai lu. En entier. Aucune page ne m’a offusquée.
Lorsque je l’ai refermé, la première chose qui m’est venue à l’esprit c’est : « tout ça pour ça ?! ». Non parce qu’il est nul (bien au contraire et j’ai même beaucoup ri !) mais parce que je ne vois pas pourquoi les « journalistes » et autres commentateurs en ont fait tout un plat en criant au scandale et à tout plein d’autres mots censés faire peur du style…………………  Islamophobie : « peut se définir comme la peur ou une vision péjorative de l’islam, des musulmans, et des questions en rapport » (Wikipedia). Il en est nullement question ici.

Ce livre, je le rappelle, est un roman… Un ROMAN.
Roman : « ouvre d’imagination constituée par un récit en prose d’une certaine longueur, dont l’intérêt est dans la narration d’aventures, l’étude de mœurs ou de caractères, l’analyse de sentiments ou de passions, la représentation du réel ou de diverses données objectives et subjectives » (Larousse)
Tout est donc possible en terme de fiction.

Houellebecq est une des plus grandes plumes de notre époque. Cela, personne ne peut le contester.
Après on l’aime, ou pas.

La qualité littéraire de « Soumission » est indéniable.
Ce qui peut éventuellement « gêner » certains esprits pas suffisamment éclairés est « simplement » cela : en toile de fond, ce livre peut être considéré comme une analyse « dérangeante » de notre époque. C’est tout.

« En France, le concept de liberté d’expression germa sous l’Ancien Régime. Il fut l’une des premières conquêtes de la Révolution française. Aujourd’hui, la liberté d’expression de ses opinions est une des premières libertés politiques et plus généralement des libertés fondamentales. » (Wikipedia).
Il y en a même qui ont marché de nouveau pour cela le 11 janvier 2015.

A bons entendeurs…

Editions Flammarion

« Une vie à soi » de Laurence Tardieu…

« Une vie à soi », c’est le livre d’une femme écrivain qui retrouve après une traversée de pages blanches désertiques la joie de poser à nouveau tous les mots qu’elle a en elle depuis longtemps.
Ou la difficulté d’écrire…

« Une vie à soi » est une histoire double : une résurrection grâce à une personne qui a existé mais qui s’est donnée la mort : Diane Arbus.
Ou la magie d’une rencontre… 

Laurence Tardieu, que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors d’un salon littéraire, est une femme lumineuse d’une très jolie gentillesse.
Même dans ses moments les plus noirs c’est ce qui se dégage, ce qui émane de son écriture sublime.

« Une vie à soi » est un magnifique portraits de femmes, qui se sont (re)trouvées grâce à la photographie, tel un mirroir.
Ou comment la chambre noire de l’une à révéler de nouveau l’autre

Belle lecture à tous !

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« Il y a des rencontres qui sauvent »

« En partant écrire, je m’en allais vivre »

« Depuis que tu aimes, tu vois le monde »

« La langue des morts est la même que la langue des rêves »

« (…) nos rêves se nourrissent les uns les autres et indéfiniment »

« Ce n’est pas moi qui écris. Je ne sais pas d’où ça vient. Ca vient de quelque part en moi, ça jaillit. Ca s’écrit. Ce n’est pas moi qui appuie sur le déclencheur. C’est l’image qui le fait. C’est comme un coup très doux. C’est très doux, et très violent. C’est comme une longue secousse de tout le corps »

« Et alors tu es entrée dans ma vie (…). Tu m’as montré le chemin, me murmurant que je n’étais pas seule, et dans ma nuit profonde un éclat est apparu, de plus en plus intense »

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Editions Flammarion

« La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la Tour Eiffel » de Romain Puértolas…

Ce livre, c’est du bonheur en barre !

Complètement fantaisiste, cocasse et drôlement poétique, cette histoire nous transporte tellement on y croit.
Là est tout le génie du narrateur.
A noter également l’anecdote (ponctuelle) faisant référence à certains hommes politiques qui est savoureuse à souhait.

Mais ne vous y fiez pas : derrière le côté délirant, nous trouvons en sous-marin la question des frontières, de l’adoption, de la maladie, de la mort
Romain Puértolas jongle avec l’humour et le drame avec un talent certain.

Déjanté ?
Assurément.
Mais d’une telle élégance en même temps !

J’aime les livres qui surprennent, les univers particuliers propres à un auteur.
Ce dernier m’a fait rire et  m’a provoqué une chicken skin terrible à un moment donné (que je ne peux pas dévoiler ici sous peine de foutre en l’air toute l’intrigue).
Bref, touchée en plein coeur !

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Je peux désormais me plonger dans son premier ovni, « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea », qui avait fait grand bruit en 2013 et que j’avais refusé de lire étant donné le grand ramdam.
Tout simplement parce que c’est une erreur d’avoir autant attendu pour découvrir un écrivain que je reprendrai plaisir à lire ! (et cela me fera patienter pour le troisième… Parce que vous allez en écrire un autre, n’est-ce-pas ?… )

Editions Le dilettante

« Les mots qu’on ne me dit pas » de Véronique Poulain…

Née entendante dans une famille de sourds pose naturellement les questions du handicap, de la vie en famille, d’un combat multiple au quotidien aux yeux de tous.

C’est une fort jolie autobiographie que nous propose ici Véronique Poulain.
Des réflexions brutes mais d’une douceur extrême qui permet au final des je vous aime.

NDLR. Pour ceux qui l’ont vu (ce qui n’est pas mon cas pour l’instant à ce jour) : le film « La famille Bélier » s’est inspiré de l’histoire personnelle de l’auteur tout en y apportant beaucoup de modifications.

Belle lecture à tous !

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« Le silence. Imposé à ma naissance, apprivoisé par obligation, puis accepté par nécessité, il a finir par devenir indispensable à mon équilibre comme une vieille habitude, un vieil ami »

« Pas entendu, donc indicible (…) M’enfermer dans un monde qui n’appartient qu’à moi »

Editions Stock

« Les corps inutiles » de Delphine Bertholon…

Clémence Blisson.
Retenez bien.
Personnellement, elle m’a foutue les poils !

A 15 ans, Clémence est une jeune fille qui se va retrouver brisée par un instant v(i)olé en position 29.
A 30 ans, Clémence est maquilleuse de poupées grandeur nature pour les hommes en mal de quelque chose qui veulent se faire du bien.

Et Delphine joue, avec nos nerfs, au fil des pages, entre ces deux périodes.
La construction littéraire est ici à relever. Elle est fort intéressante et participe pleinement à l’intensité dramatique, psychologique, un tantinet policière.

Nos failles sont souvent plus redoutables pour nous emmurer que les barreaux de n’importe quelle prison. Parler du corps, des corps est une dissection des plus intimes. Mais il reste assurément une chose aux ceux qui sont blessés : une âme.
C’est dans un jeu d’écriture brute et incisive qu’une certaine forme de douceur se dégage. En écho. Comme pour mieux nous faire accepter, mieux nous parler.

En filigrane de ce roman nous retrouvons les thèmes (que nous pensons) chers à l’auteur : la réflexion sur soi, le hasard, les rencontres, les silences, les non-dits, les fantômes, les secrets, la famille, la solitude, la résurrection, l’attente, l’enfermement, les subterfuges que nous inventons pour survivre…

C’est un livre qui sent bon l’encre fraîche.
Il se trouve dans toutes les bonnes librairies (de préférence indépendantes) depuis hier !

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« Les choses qu’on ne dit pas restent-elles à tout jamais vivantes ? »

« Moi aussi (…) j’aimerais bien me revoir »

« La vengeance n’est pas le début : c’est la fin »

Editions JC Lattès