Ce livre, il a fallu que j’attende un peu (trop avec le recul ! faute avouée à moitié pardonnée) pour me plonger dedans.
Beaucoup d’avis positifs dans le Groupe des 68.
Cela aurait dû booster mon envie. Etrangement, cela a provoqué le contraire sur le coup. C’est souvent comme cela lorsque j’entends trop parler de quelque chose…
Je le gardais toutefois dans un coin de ma tête.
Et puis il y a eu cette soirée Lecteurs.com et la rencontre avec Pascal Manoukian himself.
L’écouter répondre aux questions que pose son manuscrit avec autant d’humilité et de bienveillance et bavarder un moment avec lui l’a « désacralisé » en quelque sorte.
A partir de là…
Note de l’éditeur :
1992. Lampedusa est encore une petite île tranquille et aucun mur de barbelés ne court le long des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Virgil, le Moldave, Chanchal, le Bangladais, et Assan, le Somalien, sont des pionniers. Bientôt, des millions de désespérés prendront d’assaut les routes qu’ils sont en train d’ouvrir.
Arrivés en France, vivants mais endettés et sans papiers, les trois clandestins vont tout partager, les marchands de sommeil et les négriers, les drames et les petits bonheurs.
A la lecture, ce qui m’a d’abord frappé c’est le grand réalisme dans les vécu des migrants. En tout cas ce que l’on peut s’en imaginer (installés bien confortablement dans nos canapés douillets).
Pascal Manoukian est journaliste grand reporter. Il a couvert la plupart des grands conflits qui ont secoué la planète entre 1975 et 1995. Il est également directeur éditorial de l’agence de presse Capa (sur le départ nous a-t-il confié, son mandat étant arrivé à son terme).
L’on comprend donc mieux cette sensation du réel qui nous dépasse en connaissant sa biographie.
Ensuite, la force de son écriture n’a pas pu me laisser indifférente.
Il signe ici un premier roman d’une grande maîtrise.
Enfin c’est un roman extrêmement bien documenté qui fait réfléchir.
Forcément.
Je défie quiconque de le lire et de ne rien en tirer dans sa façon de voir certaines choses.
Parce que franchement…
Comment notre monde a-t-il pu en arriver là ?!
Combien d’espérances noyées, sacrifiées, enterrées et j’en passe ?!
Courir après une meilleure vie serait-il forcément trouver de telles déception, misère, intolérance, humiliation, violence, mort ?
Nietzsche disait « Je tombe mais je me relève toujours ».
L’écho de cette citation évoquée par l’écrivain lui permet de ne jamais sombrer dans le pathos et de rester finalement positif, voire même optimiste.
« Il faut survivre »
« Pourtant (…) partir est une tradition ancienne (…).
Le voyage est source d’apprentissage, de sagesse, d’enrichissement personnel »
« Chaque acte de solidarité ou de résistance, le plus petit qui soit (…)
redonne la force d’avancer »
J’en envie d’y croire en tout cas.
« Les échoués », c’est le cancer de nos sociétés dites « civilisées ».
Sa lecture est INDISPENSABLE.
Editions Don Quichotte
Je tiens vivement à remercier Charlotte sans qui nous serions tous passés à côté et vous laisse vous régaler d’autres avis du Groupe des 68 qui méritent le détour et qui l’ont porté haut très tôt : Sabine, Nicole, Jostein, Paolina…