« Pendant que les mulots s’envolent » de Corinne Valton…

Note de l’éditeur

« Pendant que les mulots s’envolent, échappent à leur condition sous la houlette créatrice du chasseur Nimrod, des personnages gravitent en contrebas et demeurent bloqués dans un instant, un couple, une fratrie, une absurdité ou un environnement. À travers ces vingt nouvelles, reliées par différents rapports au temps et à ce qui emprisonne, où se sont égarés Icare, un jeudi orange ou encore Joey Starr, Corinne Valton bouscule les normes pour nous offrir des histoires transgressives, épaulée par sa science de la langue jubilatoire. »

Ces nouvelles sont des tornades, sans concession, qui ne ressemblent à aucune autre.
Attention, elles sont assez farfelues et donc, elles décoiffent !

Esprits fermés, passez votre chemin.
Esprits ouverts, ce recueil vous réjouira par son originalité.

Et la cerise sur le gâteau ?
C’est très bien écrit !
L’écrivain joue avec les mots et la langue avec brio.

Vous appréciez les nouveautés, les vraies ?
Laissez-vous donc tenter…

Belle lecture à tous !
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MERCI aux Editions Paul & Mike !

« Le chagrin des vivants » de Anna Hope…


Hier paraissait en France aux éditions Gallimard le premier roman de Anna Hope : « Le chagrin des vivants » (« Wake » dans son pays d’origine qui est le Royaume Uni).

A cette occasion, la prestigieuse maison littéraire organisait une rencontre avec l’écrivain en partenariat avec Babelio et Lecteurs.com.

J’ai eu la chance d’être sélectionnée et j’étais donc présente à cette fin de journée/début de soirée fort réussie et vraiment très intéressante !

Anna Hope s’est très sympathiquement prêtée aux jeux des questions/réponses et elle a su nous captiver, nous expliquer le pourquoi du comment.

Ce livre nous propose de revenir sur un triste évènement, l’attente de la cérémonie du soldat inconnu qui marquait à sa manière la fin officielle de la Première Guerre Mondiale, à travers trois portraits de femmes.

« Dehors, la pluie tombe sans bruit, les feuilles en décomposition amortissant sa chute. Ada, allongée, les yeux ouverts, pense à son fils. A l’endroit indéterminé où il gît en France et si là-bas il pleut. »

« Alors que le silence s’étire, quelque chose devient manifeste. Il n’est pas là. Son fils n’est pas à l’intérieur de cette boîte. Et pourtant elle n’est pas vide. Elle est pleine d’un chagrin retentissant : le chagrin des vivants. Mais son fils n’est pas là. »

Au-delà de l’écriture qui est remarquable (excellente traduction il faut le noter), les pages trouvent leur rythme dans la temporalité (l’histoire se situe du 7 au 11 novembre 1920) et dans les personnages (trois histoires se font écho).
Si au départ j’avoue avoir eu un peu de mal à me plonger dedans, une fois ancrée je ne l’ai pas lâché !

C’est en effet un premier roman dense, intense (elle a mis trois années à l’écrire), nécessaire par son sujet que nous offre Anna Hope.
L’atmosphère de l’époque est parfaitement décrite, sans que l’on soit abreuvé de documentations historiques. We can smell it!

Alors comment un auteur qui n’a pas vécu un tel drame peut-elle réussir cela ?

C’est une des questions que nous lui avons posé hier : elle a baigné dedans indirectement grâce à son père, féru d’Histoire.
Voilà donc d’où lui vient l’essence de cette magnifique résilience collective.

Ce livre n’est pas triste. Il montre comment les femmes ont fait pour rester vivantes, pour essayer d’accepter, pour (ré)apprendre à vivre.

Lors des échanges, Anna Hope a reconnu son intérêt particulier pour Virginia Woolf, Michael Cunningham (« The hours ») que l’on peut déceler à la lecture.
Au passage pour celles et ceux qui ne le savent pas, avant d’écrire elle jouait (série « Docteur Who » notamment). On ressent bien, dès le début et elle nous l’a confirmé, qu’elle avait imaginé les trois personnages comme on distribue des rôles.

L’écrivain nous a confié que son second roman paraîtra en Angleterre dans trois semaines.
Il se déroulera dans un asile où son arrière-arrière-grand-père est mort et et où se trouvait une salle de bal sublime…

Encore un GRAND MERCI à Gallimard et à Lecteurs sans qui je serais sans doute passée à côté d’un beau et bluffant premier roman.

Belle lecture à tous !

« L’ombre de nos nuits » de Gaëlle Josse…

Ce livre est une introspection artistique et amoureuse qui frise le sublime.

Une femme devant un tableau de Georges de la Tour…
Le peintre devant son tableau…
et un jeune apprenti…
Quel écho des plus habiles et merveilleux entre trois personnes !

C’est poétique.
Admirablement bien écrit.
Aussi lumineux que sombre.

Il me plaît de croire que l’écrivain nous a laissé le rôle de la bougie.
La lueur qui s’en dégage varie selon les pages tournées.

Le regard se promène.
Il cherche.

L’ombre des nuits d’un peintre et de son élève…
L’ombre des nuits d’une femme et d’un homme…
Pour ne faire qu’un seul et même tableau, à l’entrelacement unique.

Belle lecture à tous !

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Editions Noir sur Blanc 

« Ahlam » de Marc Trévidic…

Un juge (et pas n’importe lequel) qui devient romancier, ce n’est pas si commun.

J’étais très intriguée par ce qu’allait nous offrir à lire Marc Trévidic, revenu sur le devant de la scène médiatique suite aux attentats parisiens du 13 novembre 2015.

Avec « Ahlam » (qui veut dire « les rêves » en arabe), il nous offre une histoire sublime sur fond de montée du radicalisme tunisien.

Le terrorisme, il connaît. Pendant 10 ans, il a oeuvré judiciairement contre.
Là où on l’attendait au tournant, c’était sur l’histoire romanesque et l’écriture.
Et force est de constater que le « pari » est très réussi !

Ce livre, c’est comme un conte.
La douce poésie qui s’en dégage se mêle à la réalité tragique des plus glaçantes.

Les personnages, jamais épargnés, sont terriblement attachants.
Les descriptions, elles, sont d’une finesse et d’une élégance telles que l’on a l’impression de voir à travers les lignes…

« Ahlam », c’est un véritable hymne à la création, à la peinture, à la musique, à la beauté pure, aux mots, aux couleurs, à la tolérance, à la Liberté…

L’auteur a admirablement traité le côté irrésistible de l’Art et du fanatisme.

Magistrature, littérature.
Sous cette plume enveloppante et envoûtante et au-delà de la rime, les deux termes étaient faits pour se rencontrer brillamment.

Bref je suis vraiment bluffée par la qualité du livre et cela ne m’arrive pas si souvent.
Et du coup, je pense que vous aurez compris que c’est mon premier gros coup de de cette rentrée littéraire.

Belle lecture à tous !

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Editions JC Lattès

Ludivine du blog Emilia & Jean l’a également beaucoup aimé.
Je vous invite à lire son fort joli billet.

NDLR. Premier lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

« Là où s’arrête la terre » de Sylvie Le Bihan…

Un soir d’automne à Paris, sur un coup de tête, une femme fuit sa vie de mariée et d’amante pour suivre un homme qu’elle ne connaît pas en Bretagne.

De confidences en confidences une relation particulière se tisse, douloureusement.
Deux histoires se font écho et vont s’entremêler dans une atmosphère tendue, une parenthèse salée tourmentée, là où s’arrête la terre… et peut-être la souffrance d’aimer.

Sylvie Le Bihan sait assurément installer la tension, le malaise, grâce à son écriture moderne et sans fard.

Elle nous propose ici un portrait de femme, une chieuse (on peut le dire) dans toute sa splendeur, attachante au dernier degré malgré son monstre d’égoïsme.

Un roman particulièrement sombre mais qui sait au final s’affranchir de toute tristesse parce qu’il libère un lourd secret auquel on ne s’attend pas.

Belle lecture à tous !

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 Editions Seuil