« Flic de papier » de Guy Rechenmann…

Note de l’éditeur

Printemps 1988. Un homme disparaît au Cap-Ferret. La disparition, c’est une blessure jamais refermée et c’est l’histoire d’Anselme…
Originaire de Chambéry et récemment muté au commissariat d’Arcachon pour retrouver des couleurs après une sordide affaire, Anselme Viloc, simple inspecteur de police, est chargé de l’enquête. Alors, tous les jours ou presque, il prend la pinasse et traverse le Bassin. Il ne s’en plaint pas : la presqu’île est envoûtante.
Bizarrement dans cette affaire, il n’y a pas le moindre embryon de piste. De surcroît, ici les gens parlent peu aux étrangers, encore moins aux flics. Par chance, il a noué des liens avec Éric, le jeune pilote de la navette et David, le patron de l’Escale, deux garçons de bon sens. Eux, ils connaissent du monde…

On rentre dans l’histoire dès les premières lignes.
Il n’y a aucun temps mort mais ce policier se veut différent… et c’est tant mieux !

Guy Rechenmann nous propose un flic humain, simple, normal. Un anti-héros quelque part, avec ses failles et ses faiblesses.
C’est certainement ce parti pris peu commun qui rend le personnage émouvant, intéressant et qui fait que l’on s’y attache… beaucoup !

Ecrit à la première personne,  j’ai vécu l’histoire comme un véritable journal de bord et j’ai beaucoup apprécié ce style qui rythme l’enquête.
L’écriture mêle poésie, humour et sérieux avec cette pointe de sel qui fait qu’on dévore le livre telle une bouffée d’oxygène iodée.

Je me plongerai très vite dans le second opus paru en 2015 : « Fausse note ».
A suivre donc…

Belle lecture à tous !

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Editions Vents Salés
2014

« Le problème à N corps » de Catherine Quillet…

Catherine Quillet, je vous en ai parlé il y  a peu ( « La fuite est un art lointain » ) .

Elle signe ici son premier roman et me replonge par la même occasion dans la catégorie « Thriller » que je délaisse beaucoup trop alors que j’adore ça !

Note de l’éditeur

« Vincent est un homme comblé. Il a un travail exaltant et vit une existence épanouie auprès d’une femme belle et intelligente. Tout lui réussit.

Tout ? Depuis qu’il a retrouvé un journal intime, rédigé pendant ses études, l’angoisse ne le lâche plus : sur la liasse de feuilles, sa belle écriture régulière retranscrit en détails sa rencontre avec Marianne, dix ans plus tôt.

Pourtant, il ne se souvient de rien.

Comment expliquer cet oubli ? Que s’est-il passé pour que sa conscience ait occulté cette passion de jeunesse ?

Vincent part sur les traces de sa mémoire muette. Ses armes : la linguistique informatique, le TGV Paris-Grenoble, des collègues chercheurs en sciences du signal, le Télécran® et un écrivain oublieux amateur de chair fraîche. »

Dès les premières pages, on se délecte du passé, des souvenirs, du mensonge, de la trahison qui nous plongent dans une histoire des plus mystérieuses sans cadavre ni policier et dont l’arme du crime se révèle être des plus insolites…

Amoureux de littérature et d’originalité ce livre est pour vous, assurément.
J’ai vraiment passé un très bon moment.

Belle lecture à tous !

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Vous pouvez commander ce livre sur le site de l’éditeur Paul & Mike.

 

« Les échoués » de Pascal Manoukian…

Ce livre, il a fallu que j’attende un peu (trop avec le recul ! faute avouée à moitié pardonnée) pour me plonger dedans.
Beaucoup d’avis positifs dans le Groupe des 68.
Cela aurait dû booster mon envie. Etrangement, cela a provoqué le contraire sur le coup. C’est souvent comme cela lorsque j’entends trop parler de quelque chose…

Je le gardais toutefois dans un coin de ma tête.

Et puis il y a eu cette soirée Lecteurs.com et la rencontre avec Pascal Manoukian himself.
L’écouter répondre aux questions que pose son manuscrit avec autant d’humilité et de bienveillance et bavarder un moment avec lui l’a « désacralisé » en quelque sorte.

A partir de là…

Note de l’éditeur :

1992. Lampedusa est encore une petite île tranquille et aucun mur de barbelés ne court le long des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Virgil, le Moldave, Chanchal, le Bangladais, et Assan, le Somalien, sont des pionniers. Bientôt, des millions de désespérés prendront d’assaut les routes qu’ils sont en train d’ouvrir.
Arrivés en France, vivants mais endettés et sans papiers, les trois clandestins vont tout partager, les marchands de sommeil et les négriers, les drames et les petits bonheurs.

A la lecture, ce qui m’a d’abord frappé c’est le grand réalisme dans les vécu des migrants. En tout cas ce que l’on peut s’en imaginer (installés bien confortablement dans nos canapés douillets).
Pascal Manoukian est journaliste grand reporter. Il a couvert la plupart des grands conflits qui ont secoué la planète entre 1975 et 1995. Il est également directeur éditorial de l’agence de presse Capa (sur le départ nous a-t-il confié, son mandat étant arrivé à son terme).
L’on comprend donc mieux cette sensation du réel qui nous dépasse en connaissant sa biographie.

Ensuite, la force de son écriture n’a pas pu me laisser indifférente.
Il signe ici un premier roman d’une grande maîtrise.

Enfin c’est un roman extrêmement bien documenté qui fait réfléchir.
Forcément.
Je défie quiconque de le lire et de ne rien en tirer dans sa façon de voir certaines choses.

Parce que franchement…

Comment notre monde a-t-il pu en arriver là ?!
Combien d’espérances noyées, sacrifiées, enterrées et j’en passe ?!
Courir après une meilleure vie serait-il forcément trouver de telles déception, misère, intolérance, humiliation, violence, mort ?

Nietzsche disait « Je tombe mais je me relève toujours ».
L’écho de cette citation évoquée par l’écrivain lui permet de ne jamais sombrer dans le pathos et de rester finalement positif, voire même optimiste.

« Il faut survivre »

« Pourtant (…) partir est une tradition ancienne (…).
Le voyage est source d’apprentissage, de sagesse, d’enrichissement personnel »

« Chaque acte de solidarité ou de résistance, le plus petit qui soit (…)
redonne la force d’avancer »

J’en envie d’y croire en tout cas.

« Les échoués », c’est le cancer de nos sociétés dites « civilisées ».
Sa lecture est INDISPENSABLE.

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Editions Don Quichotte

Je tiens vivement à remercier Charlotte sans qui nous serions tous passés à côté et vous laisse vous régaler d’autres avis du Groupe des 68 qui méritent le détour et qui l’ont porté haut très tôt : Sabine, Nicole, Jostein, Paolina

« 2084 La fin du monde » de Boualem Sansal…

Note de l’éditeur

L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions.
Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion…

J’ai toujours eu un petit faible pour les manuscrits qui font réfléchir, qui ne sont pas forcément faciles mais qui sont tellement intéressants au final que cela en fait de grands livres…

« 2084 » fait partie de ceux-là.

Dans la veine de « Soumission » (Houellebecq) et de « Ah ! ça ira… » (Denis Lachaud), l’écrivain porte un regard sociologique, religieux, politique et philosophique sur le monde……………………………. qui nous attend ?

L’Académie Française ne s’est pas trompée en lui accordant son Grand Prix cette année.

Roman fable ?
Roman parabole ?
Roman pamphlet ?

Boualem Sansal n’a pas peur de parler du radicalisme religieux qui menace nos démocraties.
Il nous propose une réflexion nécessaire et utile…

A LIRE !

« Le système touffu des restrictions et des interdits, la propagande, les prêches, les obligations culturelles, l’enchaînement rapide des cérémonies, les initiatives personnelles ) déployer qui comptaient tant dans la notation et l’octroi des privilèges, tout cela additionné avait créé un esprit particulier chez les Abistani, perpétuellement affairés autour d’une cause dont ils ne savaient pas la première lettre »

« L’Appareil allait parfois trop loin dans la manip, il faisait n’importe quoi, jusqu’à inventer de faux ennemis qu’il s’épuisait ensuite à dénicher pour, au bout du compte, éliminer ses propres amis »

« Le doute amène l’angoisse, et le malheur ne tarde pas »

« Franchir les limites, c’est quoi ? pour aller où ? »

« Dans son infinie connaissance de l’artifice, le Système a tôt compris que c’était l’hypocrisie qui faisait le parfait croyant, pas la foi qui par sa nature oppressante traîne le doute dans son sillag, voire la révolte et la folie »

« L’amitié, l’amour, la vérité sont des ressorts puissants pour aller de l’avant, mais que peuvent-ils dans un monde gouverné par des lois non humaines ? »

« C’est comme ça, un problème reste un problème tant qu’on ne lui a pas trouvé de solution »

« Une conspiration peut en cacher une autre et la vérité comme le mensonge existent que pour autant que nous y croyions »

« Le savoir des uns ne compense pas  l’ignorance des autre, et l’humanité se règle  toujours sur le plus ignorant d’entre les siens. L’ignorance domine le monde, elle est arrivée au stade où elle sait tout, peut tout, veut tout »

Editions Gallimard

« Chantiers » de Marie-Hélène Lafon…

Se plonger dans un livre de Marie-Hélène Lafon, c’est se plonger dans la LANGUE, la LANGUE FRANCAISE, le FRANCAIS, les PHRASES, les MOTS, les RACINES, la GRAMMAIRE, la PONCTUATION…

« Chantiers » comporte seulement 112 pages, mais c’est un condensé d’écriture, de littérature à l’état pur !

« C’est tout, on garde tout, on ne renonce à rien, on ne choisit pas, on veut tout, tout embrasser, tout prendre, à l’éperdu, éperdument; et on y va, on fonce et on s’enfonce, et on monte à l’assaut, on écrit comme une taupe et on a des fulgurances, on y est, cul par-dessus tête, mais on y est, et on s’invente, et ça s’invente, même si on n’invente rien, puisqu’on fait ventre de tout (…) »

« Ecrire serait une affaire de corps, de corps à donner, pas donner son corps, quoique, mais donner son corps à, incarner, donner chair (…) »

 » (…) la quête et l’attente, dans le silence des jours, de ce qui n’a pas encore été lu, de ce qui n’a pas encore été écrit »

Marie-Hélène Lafon, c’est le Professeur qu’auraient aimé avoir tous les amoureux  des Lettres…

Editions des Busclats