Dès la première phrase du livre nous sommes plongés dans l’ambiance d’une écriture sans fard qui remue !
Tout du long c’est brut de décoffrage, sans fioriture.
« Je suis allongée sur un lit banal. Je cherche la lumière. (…) Mais qui contrôle la lumière ? »
« Après moi le déluge. Qu’y-a-t-il après le moi ? Peut-il disparaître de manière définitive ? »
Et plus on tourne les pages, plus on plonge avec l’héroïne…
« Chez moi est peut-être ce nulle part. »
« Tout est flou, je suis floue, je me suis rendue floue. »
Note de l’éditeur
Alma se réveille à quatre heures du matin. Dans un hôpital psychiatrique. Deux jours plus tôt, elle fêtait ses trente ans. Écrivain prometteur, Alma est une jeune Parisienne ambitieuse qui vit avec Paul depuis plusieurs années ; tout lui sourit. Et, d’un coup, tout bascule. Son angoisse va l’emporter dans une errance aussi violente qu’incontrôlable et la soumettre à d’imprévisibles pulsions destructrices. Que s’est-il passé pendant ces quarante-huit heures ?
C’est un livre qui bouscule.
Parce que les descriptions, la dissection psychologique sont telles qu’elles ne peuvent que perturber.
Et tout ce qui ne laisse pas indifférent est grisant. Addictif même…
L’auteur nous fait rentrer dans la tête d’Alma d’une manière flippante.
En même temps, c’est terriblement jouissif.
La vie d’une femme de 30 ans.
L’image qu’elle a d’elle (et des autres).
L’engagement.
La vie de couple.
La liberté.
La fuite.
Le sexe.
L’héroïne est happée par une violence irrésistible à laquelle elle ne peut échapper…
« J’ai toujours imaginé que chacun possède une fenêtre dans la tête. »
« Couper ce bras c’était éprouver la solidité de la fenêtre que chacun garde fermée dans sa tête, une manière de vérifier son étanchéité. »
« Je regarde mon bras couturé, et je n’éprouve rein sauf le souvenir du soulagement. »
« Je me suis coupée le bras pour produire du réel. Pour concentrer dans un symbole violent ce qui ne se voit pas, ni ne s’exprime intelligiblement. »
Si l’auteur n’a pas vécu ce qu’elle décrit, sincèrement je ne sais pas comment elle a fait pour rendre ces lignes plus vraies que nature.
L’écriture est remarquable qui plus est.
La construction du livre est intéressante et rythmée : elle alterne l’hôpital psychiatrique et les deux jours précédents où tout a basculé.
« On peut couper le souffle, couper court, un brouillard au couteau, les ponts, la chique, le sifflet, les cheveux en quatre, à travers champs, l’herbe sous le pied. Mais on ne coupe pas le coeur, on le brise. »
« Je suis à Bellevue, le lieu où l’on se retrouve quand on s’est perdu de vue. »
Plusieurs jours après, l’histoire est toujours très présente dans ma tête.
Elle m’a profondément marquée et m’a donnée envie de découvrir les autres livres écrits par l’écrivain.
J’ai pris beaucoup de notes en le lisant. Notamment ceci (juste un p’tit conseil) : Messieurs, n’oubliez jamais de descendre la poubelle lorsque votre compagne ou votre femme vous le demande…
Editions Stock
Un GRAND MERCI à Ludivine ( « Emilia & Jean » ) de m’avoir donnée envie de le lire ( « Je me suis mise en pause de la vie » ) et de m’avoir convaincue par la même occasion de passer du côté obscure – même Jayavarman n’en revient pas – pour nos prochaines vacances en Asie (liseuse Kobo, histoire de gagner de la place dans ma valise – plus de chaussures du coup !!! )