Étiquette : Romans français

  • « La mésange et l’ogresse » d’Harold Cobert…

    « La mésange et l’ogresse » d’Harold Cobert…

    Ai-je besoin de rappeler ici les faits de l’Affaire Fourniret ?
    Pédophile et meurtrier tristement notoire, dont la femme a cautionné (voire plus et c’est une hypothèse de l’écrivain que j’ai trouvée extrêmement intéressante) les actes immondes.

    Dans ce livre, Harold Cobert s’empare donc de ce qui a fait et qui fait de ce couple des monstres en la matière.
    Même si je connaissais en substance les détails, la lecture m’a fait froid dans le dos.
    L’auteur, parfaitement documenté, a le don pour installer l’atmosphère, les personnages « en se glissant dans leurs peaux » en parallèle d’une construction tout aussi épatante (parce qu’originale) qu’effrayante, à la limite du supportable.

    Oui, certaines pages m’ont retourné la tronche (je vous le dis comme je le pense).
    J’étais souvent au bord de l’écoeurement tellement c’est parfaitement décrit, disséqué.

    Ce triangle à huis clos est brillamment étouffant.
    Il questionne, tant au niveau psychologique que sociétal, politique, juridique et judiciaire.

    Ou comment réussir à ne pas pouvoir s’empêcher de lire une histoire vraie des plus sordides dont les portraits sont terriblement bien brossés et ce malgré l’horreur de la situation, des situations.
    Question qui en découle : cela fait-il de nous des lecteurs pervers ?
    Vous avez 4h…

    Editions Points

    Je remercie vivement mon amie Nathalie du blog Eirenamg qui n’a de cesse de défendre cet auteur (« caméléon » selon ses mots) qui le mérite.
    Ces pages m’ont donné envie de découvrir ses autres livres !

  • « Summer » de Monica Sabolo…

    « Summer » de Monica Sabolo…

    Note de l’éditeur :

    Lors d’un pique-nique au bord du lac Léman, Summer, dix-neuf ans, disparaît. Elle laisse une dernière image  : celle d’une jeune fille blonde courant dans les fougères, short en jean, longues jambes nues. Disparue dans le vent, dans les arbres, dans l’eau. Ou ailleurs  ?
    Vingt-cinq ans ont passé. Son frère cadet Benjamin est submergé par le souvenir. Summer surgit dans ses rêves, spectrale et gracieuse, et réveille les secrets d’une famille figée dans le silence et les apparences.
    Comment vit-on avec les fantômes  ?

    Summer…
    Si absente…
    Et pourtant si présente…

    Les thèmes principaux de ce roman sont donc la disparition (volontaire ou non, je vous laisse le découvrir), les souvenirs, les secrets.
    Et là je vais être une fois encore à contre-courant de la plupart des blogueurs littéraires…
    Sujets maintes fois traités en littérature Monica Sabolo, malgré une écriture bien à elle qui use de métaphores en pagaille (que l’on appréciera, ou pas !) n’a pas su, selon moi, traiter le sujet de manière originale.
    Les lignes tournent en rond, le côté malsain de l’histoire est très vite identifié et le frère présent à chaque page est d’une platitude affligeante à mes yeux.
    Le plus intéressant pourrait être ce qui intervient à la fin (n’insistez pas, je ne vous révèlerai rien), mais le livre s’arrête là…

    Je vous laisse juge(s) !

    Editions JC Lattès

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Les crayons de couleur » de Jean-Gabriel Causse…

    « Les crayons de couleur » de Jean-Gabriel Causse…

    Ce livre est une petite pépite comme je les aime.

    Outre la couverture faite pour être coloriée et une bien jolie histoire aux personnages attachants, j’y ai vu une satire (humoristique et ludique) sociale, sociétale, sociologique des plus intéressantes de notre société mondialement aseptisée.

    Jean-Gabriel Causse a le don de nous sensibiliser tout à la fois en rythme et en douceur, comme il se doit…

    Une bouffée d’oxygène et de fraîcheur dans cette rentrée littéraire doublée d’une ode à rester un enfant…

    Belle lecture à tous !

    Editions Flammarion

    « Du jour au lendemain, les couleurs disparaissent. Dans ce nouveau monde en noir et blanc, un drôle de duo se met en tête de sauver l’humanité de la dépression en partant à leur recherche. Lui, c’est Arthur, employé dans une fabrique de crayons de couleur, aussi paumé que séduisant. Elle, c’est Charlotte, aveugle de naissance et scientifique spécialiste de ces mêmes couleurs qu’elle n’a jamais vues. À leurs côtés, une petite fille au don mystérieux, un chauffeur de taxi new-yorkais, les résidents d’une maison de retraite qui ressemble à une colonie de vacances. À leurs trousses, une bande de bras cassés au service d’une triade chinoise… « 

  • « Mercy Mary Patty » de Lola Lafon…

    « Mercy Mary Patty » de Lola Lafon…

    Note de l’éditeur :

    « En février 1974, Patricia Hearst, petite-fille du célèbre magnat de la presse William Randolph Hearst, est enlevée contre rançon par un groupuscule révolutionnaire dont elle ne tarde pas à épouser la cause, à la stupéfaction générale de l’establishment qui s’empresse de conclure au lavage de cerveau.
    Professeure invitée pour un an dans une petite ville des Landes, l’Américaine Gene Neveva se voit chargée de rédiger un rapport pour l’avocat de Patricia Hearst, dont le procès doit bientôt s’ouvrir à San Francisco. Un volumineux dossier sur l’affaire a été confié à Gene. Pour le dépouiller, elle s’assure la collaboration d’une étudiante, la timide Violaine, qui a exactement le même âge que l’accusée et pressent que Patricia n’est pas vraiment la victime manipulée que décrivent ses avocats… »

    Lola Lafon revient ici sur un fait divers américain. Elle en tire un portrait social sans concession à travers trois destins de femmes sur fond d’enfermement, d’idéal et d’essence identitaire complexe.

    Si le « vous » choisi par l’écrivain durant de nombreuses pages fait poser beaucoup de questions au lecteur, laissez-vous tenter par cette plume si particulière mais profondément ancrée dans notre temps.

    Editions Actes Sud

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Un certain Monsieur Piekielny » de François-Henri Désérable…

    « Un certain Monsieur Piekielny » de François-Henri Désérable…

    Ou comment la force d’une phrase, au départ anodine, nous plonge avec une force incroyable dans tout ce qu’a été Romain Gary !

    Si au départ cet étrange et mystérieux Monsieur Piekielny m’a décontenancée, il s’est bonifié au fur et à mesure des pages et j’ai pris un malin plaisir à savoir lire entre les lignes.

    Des rencontres imaginaires, un ton ironique et humoristique totalement irrésistible, mais aussi un sublime éloge des mères…

    En littérature, j’aime être surprise, bousculée et lire des livres qui sortent des sentiers battus.
    Désérable devient donc mon héros avec cette enquête « littéraire », cette quête identitaire des plus minutieuses, méticuleuses.
    C’est une délicieuse balade, certes cousue de fil blanc au final mais rondement menée que je vous recommande vivement !

    Editions Gallimard

    «Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire : au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… »
    Quand il fit la promesse à ce M. Piekielny, son voisin, qui ressemblait à « une souris triste », Roman Kacew était enfant. Devenu adulte, résistant, diplomate, écrivain sous le nom de Romain Gary, il s’en est toujours acquitté : « Des estrades de l’ONU à l’Ambassade de Londres, du Palais Fédéral de Berne à l’Élysée, devant Charles de Gaulle et Vichinsky, devant les hauts dignitaires et les bâtisseurs pour mille ans, je n’ai jamais manqué de mentionner l’existence du petit homme », raconte-t-il dans La promesse de l’aube, son autobiographie romancée.
    Un jour de mai, des hasards m’ont jeté devant le n° 16 de la rue Grande-Pohulanka. J’ai décidé, ce jour-là, de partir à la recherche d’un certain M. Piekielny.»

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Légende d’un dormeur éveillé » de Gaëlle Nohant…

    « Légende d’un dormeur éveillé » de Gaëlle Nohant…

    Je me suis (re)plongée avec délice dans le Surréalisme en compagnie de Robert Desnos et de bien d’autres (Queneau, Neruda, Aragon, Prévert…).

    Gaëlle Nohant a assurément le don de faire revivre toute une époque, en alternant des phases d’écriture personnelle et des vers et autres proses du poète, ce qui remplit admirablement les blancs entre les lignes.
    Elle mêle admirablement Histoire et Littérature.

    Mais ce livre souffre à mes yeux d’un bémol de taille : il comporte 100-150 pages de trop…

    A vous de juger !

    Editions Héloïse d’Ormesson

    « Robert Desnos a vécu mille vies – écrivain, critique de cinéma, chroniqueur radio, résistant de la première heure –, sans jamais se départir de sa soif de liberté. Pour raconter l’histoire extraordinaire de ce dormeur éveillé, Gaëlle Nohant épouse ses pas ; comme si elle avait écouté les battements de son cœur, s’était assise aux terrasses des cafés en compagnie d’Éluard ou de García Lorca, avait tressailli aux anathèmes d’André Breton, fumé l’opium avec Yvonne George, et dansé sur des rythmes endiablés au Bal Blomet aux côtés de Kiki et de Jean-Louis Barrault. S’identifiant à Youki, son grand amour, la romancière accompagne Desnos jusqu’au bout de la nuit.
    Légende d’un dormeur éveillé révèle le héros irrésistible derrière le poète et ressuscite une époque incandescente et tumultueuse, des années folles à l’Occupation. »

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Premières neiges sur Pondichéry » de Hubert Haddad…

    « Premières neiges sur Pondichéry » de Hubert Haddad…

    J’ai lu ce livre grâce à Lecteurs.com que je remercie vivement.
    J’aurais dû le chroniquer depuis bien longtemps mais parfois les aléas de la vie font que…

    « Madras la nuit -poix et goudron. L’air a une épaisseur d’huile. »

    Ce livre est une beauté absolue en terme de descriptions (personnages, paysages, odeurs, couleurs…) dès les premières lignes.
    J’ai senti, j’ai ressenti l’Inde à chaque page, chaque mot bien que je ne connaisse pas du tout ce pays à ce jour.
    Peu d’auteurs ont ce don, et je pense pouvoir dire que depuis la lecture du roman « Le parfum » de Patrick Süskind cela ne m’était pas arrivée à ce point.

    « Le mélange des langues en temps de paix est la plus belle musique. »

    « Pourquoi jouer dans un monde de sourd ?
    L’art n’est qu’une comédie de l’ennui.
    (…)
    A quoi bon ajouter du bruit au bruit quand le silence est si précieux ? » 

    « Les jeunes gens enthousiastes se brisent
    comme un archet trop tendu au premier échec. »

    « Le silence est le secret des morts »

    Ce livre est également une beauté absolue en terme de musicalité.
    Grâce à Hochéa Meintzel, ces lignes sont une véritable partition qui mêle le  sublime au tragique.

    Une perception sensorielle, poétique du monde doublée d’une quête identitaire, spirituelle sur l’autel du deuil et de l’exil…
    Hubert Haddad sait décidément faire voyager ses lecteurs comme personne.

    Belle lecture à tous !

    aux merveilleuses Editions Zulma, forcément…

    Violoniste virtuose, fervent de musique klezmer autant que du répertoire classique, Hochéa Meintzel accepte l’invitation d’un festival de musique carnatique à Chennai, en Inde du Sud. Blessé dans sa chair par un attentat, c’est avec l’intention de ne plus revenir qu’il quitte Jérusalem.

    Comme aimanté par les circonstances, après une cahotante équipée qui le mène de Pondichéry à la côte de Malabar, en passant par un ranch de montagne aux frontières du Kerala, il trouve refuge à Fort Cochin, un soir de tempête, au sein de l’antique synagogue bleue. Parce que la grande prière exige un minyan, quorum de dix fidèles, ceux qui sont encore là supplient Hochéa d’être des leurs. Avec la promesse de lui raconter l’histoire ancestrale des juifs de Kochi…

    Porté par les figures de Samra, sa fille adoptive, et de Mutuswami, la jeune musicienne qui le guide et l’accompagne, Hochéa s’en remet à un enchaînement de hasards, quitte à affronter une part occultée de sa vie – et l’intuition d’un autre monde, d’une autre histoire, d’un autre exil.

    Du même auteur : « Le jardin d’éventail » .

  • « La nuit sera belle » de Lucie Desaubliaux…

    « La nuit sera belle » de Lucie Desaubliaux…

    Note de l’éditeur :

    Trois amis – Arek, Ivan, Todd C. Douglas – se préparent à veiller toute la nuit dans l’attente de l’aube qui les verra enfin partir pour l’expédition qu’ils concoctent de longue date… sans toutefois en avoir arrêté la destination. Car il s’agit d’abord de se donner du coeur à l’ouvrage, à grand renfort de thé, bière, vin et whisky – dans l’ordre et sans modération.
    Au sein de leur trinité qui a érigé la procrastination en sagesse et en art de vivre, Arek cherche quoi faire, Ivan veut faire mais n’y arrive pas et Todd C. Douglas se complaît dans le non-faire. À eux trois, tandis que l’ivresse gagne et qu’ils essaient de soustraire leur existence à toute justification au bénéfice du désirable interstice au sein duquel les choses n’ont plus besoin d’exister mais seulement d’être possibles, ils explorent victorieusement l’oisiveté sous toutes ses formes.
    Ne fait-on rien quand on ne produit rien ? Et qu’est-ce, au juste, que “faire” ? Comment agir sans produire ou chercher sans accomplir ? Ne peut-on vivre sans que le travail devienne la vie ? Comment dissocier l’idée d’oisiveté de celle de paresse ? Et qu’est-ce, au juste, que l’oisiveté ? Ne pas travailler ? Ne rien faire ? Pratiquer des activités qui ne sont pas le travail ? Une recherche sans certitude de trouver, est-ce un travail ?
    À ces questions que se posent des personnages qui font beaucoup plus que ce qu’ils croient et beaucoup moins que ce qu’ils disent, La nuit sera belle imagine des réponses aussi profondes que jubilatoires.

    Un huis clos philosophique, imaginatif et méditatif sur l’oisiveté, la procrastination, la finalité d’actions que l’on peut entreprendre avant une expédition programmée.
    La construction est théâtrale et le rythme très réussi grâce à des dialogues aux petits oignons.
    C’est fantaisiste et poétique à souhait.
    Un premier roman original qui fait réfléchir…
    Je recommande vivement !
     
    Editions Actes Sud
    Livre lu dans le cadre de l’opération « Coup de coeur des lectrices » de Version Femina. Merci à toute l’équipe !
  • « La nuit, je mens » de Cathy Galliègue…

    « La nuit, je mens » de Cathy Galliègue…

    Celui-ci aussi j’aurais dû vous en parler depuis un moment.
    Cathy aussi me pardonnera pour mon retard…

    Note de l’éditeur :

    Mathilde pensait avoir rencontré l’homme de sa vie, Gaspard, un homme savoureux, presque parfait. Mais son premier amour, Guillaume, réapparaît la nuit, en songe… Il était parti si loin, depuis si longtemps, et Mathilde n’a jamais pu se résigner à son absence.
    Au cœur de cet étrange ménage à trois qui s’installe, entre rêve et réalité, Mathilde se cherche : où est sa vie ? Dans le regret d’un amour défunt ou dans le présent qui lui tend les bras ?

    Ne pensez pas lire un feel good ou un chick lit.
    Nous en sommes très très loin !

    Des lignes infusées aux « frontières de la folie » , aux souvenirs, à la culpabilité, à la famille, à la jumellité, à la vie de couple, aux désirs, à la mort, à l’Amour, à l’essence même de l’écriture.
    C’est bien de tout cela dont il s’agit.

    On glisse par dissociation avec l’auteur dans les méandres de l’absence, des autres et de soi-même.
    La construction du roman est très intéressante en la matière.

    Dès les premières lignes, j’ai pensé à cette citation d’Amédéo Modigliani qui a pris tout son sens : « D’un oeil, observer le monde extérieur; de l’autre, regarder au fond de soi-même ».

    Il y a quelque chose de particulier dans ce premier roman. Quelque chose d’irrésistible et de surprenant.
    C’est comme s’envoyer en l’air, mais pas avec n’importe qui !
    C’est une écriture à l’os. Cathy Galliègue n’est pas lente entre les virgules (je savais que je réutiliserais la formule un jour. Voilà qui est chose faite. Clin d’oeil spécial à mon amie Barbara). Elle suce la moelle des mots, pour les poser, les jeter là où il faut. Jamais par hasard.

    Plongez vous vite dans ce livre si ce n’est pas déjà fait.
    Vous serez ailleurs, assurément.
    Il est impossible d’y résister.

    « La nuit, je mens » a paru le 3 avril dernier.
    Il mérite VRAIMENT de vivre en dehors des traditionnelles rentrées littéraires.

    Cathy vit actuellement en Guyane.
    A Paris il est 13h30. A Cayenne il est 8h30.
    Petit billet surprise du matin, pour une GRANDE ROMANCIERE qui est née et qu’il faut suivre…

    Belle lecture à tous !

    Editions Albin Michel