Sur les pas de Chateaubriand, à Combourg…

Tel que je l’ai découvert, c’est un endroit d’une grande majesté, fort joli pour peu que l’on aime ce type de Château et que le soleil soit de la partie…

Chateaubriand l’a vécu de façon tout autre et le décrit admirablement bien dans ses « Mémoires d’Outre Tombe »…

Au Château, la vie était austère, les distractions rares et le confort absent; le mobilier était sommaire, les pièces froides. Seules quelques visites venaient égayer cette solitude.

« C’est dans les bois de Combourg que je suis devenu ce que je suis. 

François-René habite une cellule au sommet d’une tour. De sa fenêtre, la nuit, il ne voit qu' »un petit morceau du ciel et quelques étoiles… Des chouettes, voletant d’une tour à l’autre…, dessinaient sur les rideaux l’ombre mobile de leurs ailes« . Relégué à l’endroit le plus désert du Château, l’enfant ne perd pas un « murmure des ténèbres« .

Son âme restera à jamais marquée par sa vie à Combourg, entre un père taciturne et sévère et une mère pieusement mélancolique. « L’enfant disparu et l’homme se montra avec ses joies qui passent et ses chagrins qui restent« …

Il quittera Combourg en 1786 (« je vis les roseaux de mes hirondelles, le ruisseau du moulin et la prairie; je jetai un regard sur le Château. Alors comme Adam après son péché, je m’avançais sur la terre inconnue; le monde était tout devant moi : and the world was all before him« ), et n’y reviendra que trois fois. Une phrase résume sa dernière visite : « La Révolution est passée par là« …

Château de Combourg Bretagne

Le lac tranquille Combourg Bretagne

Château de Combourg Bretagne

Domaine du Château de Combourg Bretagne

Domaine du Château de Combourg Bretagne

Domaine du Château de Combourg Bretagne

Château de Combourg Bretagne

Parc du Château de Combourg Bretagne

Château de Combourg Bretagne

Parc du Château de Combourg Bretagne

Parc du Château de Combourg Bretagne

Domaine du Château de Combourg Bretagne

Domaine du Château de Combourg Bretagne

NDLR : le Château étant toujours habité à ce jour, les photos sont strictement interdites dans les pièces offertes à la visite.

« Barbe Bleue » d’Amélie Nothomb…

Le mythe de Barbe Bleue revisité, version fantaisie belgico-japonaise fort poétique !

Tout est à sa place, comme toujours, avec humour et intelligence fine; et il est fort probable que l’on retrouve beaucoup d’Amélie dans Saturnine et beaucoup de Nothomb dans Elemirio Nibal y Milcar…

L’Express titrait dans une de ses chroniques il y a quelques jours « Amélie Nothomb passe le test de la page 99 ». Que c’est agaçant et tellement limité !
Les jaloux en ont peut-être assez de lire Amélie tous les ans… Personnellement, je n’arrive pas à me lasser de son imagination débordante dans l’univers qui la caractérise tant !

En dévoiler davantage enlèverait le mystère que l’auteur aime laisser planer et finalement partager…
Je n’en dirai donc pas un mot de plus , si ce n’est…

Belle lecture à tous ! (à compter du 23 août 2012)

Barbe Bleue Amélie Nothomb

Editions Albin Michel

Quelques passages aimés du livre seront postés ici, mais après la parution officielle…

NDLR du 23 août 2012 : toutes les promesses devant être tenues, voici donc quelques phrases relevées lors de ma lecture…

« L’inventeur du champagne rosé a réussi le contraire de la quête des
alchimistes : il a transformé l’or en grenadine« …

« L’amour est une question de foi. La foi est une question de risque.
Je ne pouvais pas supprimer ce risque. C’est ce que Dieu a fait au
Jardin. Il a aimé sa créature au point de ne pas supprimer le
risque« …

« Tomber amoureux est le phénomène le plus mystérieux de l’univers.
Ceux qui aiment au premier regard vivent la version la moins
inexplicable du miracle : s’ils n’aimaient pas auparavant, c’était
parce qu’ils ignoraient l’existence de l’autre. Le coup de foudre à
retardement est le plus gigantesque défi à la raison« …

« Quand on tombe amoureux, on négocie après coup avec soi-même,
histoire de vour si on s’autorise cette absurdité« …

« Le concept de remplacement est la base du désastre de l’humanité« …

« Quoi de plus vulgaire que la notion de brouillon ? »…

« Le choix s’impose à qui sait attendre« …

« Un photographe, c’est l’art auquel le secret convient le mieux. Un
musicien ou un chorégraphe souffrirait, je crois, de ne pas partager
sa création. Un écrivain aime qu’on lui parle de ses textes. Le
photographe ne jouit jamais autant que de son propre regard »…
« Tous les photographes sont autistes. S’ils en étaient conscients, ils
nous épargneraient bien des vernissages« …
« Je sais que l’image est dans la boîte et je l’ai tellement préméditée
que je n’ai pas besoin de la voir pour savoir comment elle est« …

« Quelle que soit la discipline, le meilleur moteur est l’ascèse. A
celui qui veut écrire, offrez peu de papier. Au cuisinier en herbe,
proposez trois ingrédients. Aujourd’hui, les débutants de tout poil
reçoivent une débauche de moyens. Cela ne leur rend pas service« …

« Le rôle de l’art est de compléter la nature et le rôle de la nature est d’imiter l’art« …

« Il y a un réconfort que seul le grand champagne procure« …

« La couleur n’est pas le symbole du plaisir, c’est le plaisir ultime. C’est tellement vrai qu’en japonais couleur peut être synonyme d’amour (…) La béatitude de l’amour ressemble à celle que chacun éprouve en présence de sa couleur préférée« …

« La peur fait partie du plaisir« …

« Le champagne est à la photographie ce que la poudre à canon est à la guerre« …

« L’oeuvre a besoin du mystère de l’attente. Il est bon, quand on crée, de ne pas nier le temps« …

« A défaut d’Amérique » de Carole Zalberg…

Trois générations de femmes sur fond d’Amérique et d’ailleurs, de guerres mondiales, d’exode, de souvenirs, d’histoire familiale, d’émigration et de soubresauts intérieurs… de mort, de VIE !

« Fais ta poussière, va. Le chiffon, au moins, il t’obéit »…

« La vie, à moins de n’être que contemplation, est un empilement de souvenirs, de plus en plus haut dans le ciel des rêves, des envies, des projections et tout cela, comme le ciel, à jamais insaisissable. Et l’on se tient là, à vaciller, entre passé enfui et avenir incertain. Mais ici, sur cette terre solendide que sa tante a autrefois élue, Suzan peut s’offrir le luxe de flotter sans pour autant se perdre puisqu’elle est ancrée »…

Belle lecture à tous !

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Editions Actes Sud