« Les choses humaines » de Karine Tuil…

Voici mon nouveau coup de coeur en tant que tueuse en série de livres infiltrée en librairie !

Jean et Claire Farel sont un couple très en vogue dans les sphères journalistique, politique et littéraire. Ils voient leur monde doré vasciller le jour où leur fils Alexandre va être accusé de viol…

Sur l’autel du pouvoir, des médias, du sexe, de l’argent, de l’ambition, de la perversion, des manipulations, des rapports de force, des arcanes judiciaires, de la condition sociale,etc. le lecteur suit avec une certaine forme d’addiction les personnages formidablement dépeints par Karine Tuil.

Au-delà de la trame romanesque, l’écrivain porte un regard précis, exigeant, sans concession, lucide et intelligent sur notre société et notre temps et continue ainsi de nous proposer une oeuvre contemporaine percutante.

©Céline Huet-Amchin

Note de l’éditeur (Gallimard) : 

« Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale. 

Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ? »

« La panthère des neiges » de Sylvain Tesson…

Voici mon premier coup de coeur en tant que tueuse en série de livres infiltrée en librairie !

Vincent Munier, photographe animalier, propose à Sylvain Tesson de partir avec lui au Tibet. Au programme ? Tenter de suivre à la trace la panthère des neiges…
Ce félin emblématique qui fait actuellement partie des « espèces vulnérables » n’est en effet pas aisé à apercevoir, se mêlant admirablement aux grands espaces qu’il arpente.

L’écrivain voyageur a dû faire preuve d’une patience hors du commun, a vécu une expérience que peu de personnes peuvent connaître dans une vie.
La panthère lui a appris ce qu’était l’immobilité dans des conditions hostiles où l’échec de la rencontre est souvent de mise. Avec elle il a connu la recherche, la traque, l’affût, l’attente, la vision éphémère et une palette d’émotions redécouverte…

Aventure initiatique extraordinaire, ce récit est également un magnifique plaidoyer qui porte non seulement sur la protection animale mais aussi sur la nécessité de faire évoluer les mentalités pour sauver notre planète en danger, défis majeurs de notre temps !

« J’avais appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle aidait à aimer le monde avant de prétendre le transformer. Elle invitait à s’asseoir devant la scène, à jouir du spectacle, fût-il un frémissement de feuille. La patience était la révérence de l’homme à ce qui était donné. (…) Et si rien ne venait, c’était que nous n’avions pas su regarder. » (Sylvain Tesson)

©Céline Huet-Amchin

Note de l’éditeur (Gallimard) : 

«– Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J’y retourne cet hiver, je t’emmène. 
– Qui est-ce ? 
– La panthère des neiges. Une ombre magique! 
– Je pensais qu’elle avait disparu, dis-je. 
– C’est ce qu’elle fait croire.»

« Nord et Sud » d’Elizabeth Gaskell…

D’Elizabeth Gaskell, grande romancière victorienne britannique, je n’avais rien lu (oooooouuuuhhhhh la honte !). 
Inconditionnelle du XIXe siècle et du Royaume-Uni en particulier, il était donc grand temps que je me plonge dans un de ses écrits. 

Mes parents m’avaient fait regarder l’adaptation du livre réalisée en 2004 par Brian Percival pour la BBC un soir à Rennes. Je vous en avais parlé en mars dernier ( « North and South » ).
Tout m’avait plu. Il était donc logique que je commence par celui-ci. 

Autant vous le dire tout de suite : j’ai A.D.O.R.É !
L’atmosphère, les personnages, la dure réalité économique et sociale vécue par le Nord du territoire, l’immigration irlandaise, la révolution industrielle à travers les filatures de coton, les descriptions sociétales, le souffle romanesque insufflé par les inoubliables Margaret Hale et John Thornton… 

Dans la même veine que Joe dans « Les quatre filles du Docteur March” de Louisa May Alcott ou Elizabeth Bennet dans “Orgueil et préjugés” de Jane Austen, Elizabeth Gaskell nous dresse le portrait d’une fille de pasteur gracieuse, intelligente, audacieuse, courageuse, généreuse bien qu’impulsive et obstinée qui tente de s’affirmer comme elle peut à une époque où les femmes n’étaient pas vraiment considérées à leur juste valeur. Un certain féminisme avant l’heure somme toute. 

Nul doute que je lirai d’autres oeuvres de cet écrivain* disparu brutalement à l’âge de 55 ans, « en prenant le thé et au milieu d’une phrase »… 

*Même si j’apprécie les caractères féminins très forts, je n’arrive toujours pas à dire ni à écrire « cette écrivaine » que je trouve absolument ridicule, tout comme « auteure » ou tout autre mot féminisé sur l’autel d’une société contemporaine bien trop orgueilleuse à mon goût. Mais je m’égare. 

A noter la magnifique traduction de Françoise du Sorbier. 

Belle lecture à tous ! 

©Céline Huet-Amchin

Note de l’éditeur (Points) : 

« Après une enfance passée dans un village riant du Hampshire, Margaret Hale, fille de pasteur, s’installe dans une ville du Nord. Témoin des luttes entre ouvriers et patrons, sa conscience sociale s’éveille. John Thornton, propriétaire d’une filature, incarne tout ce qu’elle déteste : l’industrie, l’argent et l’ambition. Malgré une hostilité affichée, John tombera sous son charme. »

NDLR. Lecture commune avec mon amie Sabrina (qui se reconnaîtra) dans le cadre du Challenge « A l’assaut des pavés » du mois de septembre. 

« La promesse de l’ange » de Frédéric Lenoir & Violette Cabesos…

Vendredi 15 février dernier, j’ai visité pour la première fois de ma vie le Mont Saint-Michel !

Force est de constater que le lieu m’a happée.
Depuis ce jour, je n’arrive pas à l’oublier.
Un peu comme un coup de foudre amoureux si vous voyez ce que je veux dire…

C’est mon amie Carole alias Lucilius qui m’a parlé de ce livre, et elle a bien fait.
Encore merci à elle.

Deux écrivains.
Un livre.
Deux histoires.
Un fil conducteur (que je préfère volontairement taire de crainte de trop le dévoiler), du Moyen Âge jusqu’à nos jours.

Incroyablement documenté et fort bien écrit, Frédéric Lenoir et Violette Cabesos nous immergent dans la construction du Mont et nous tiennent en haleine avec une intrigue terriblement envoûtante.

Lutte de pouvoirs, amours interdits, congrégations, normands, bretons, meurtres et j’en passe…

Les écrivains nous plongent avec érudition dans un Mont moins connu et à l’accès limité si vous ne faites pas partie de l’élite en la matière.
Leur tour de force ? Faire ingurgiter aux lecteurs autant de références archéologiques et historiques sans les dégouter par le truchement d’une histoire au souffle romanesque sans pareil menée à la perfection du début à la fin.

627 pages de bonheur littéraire.

Belle lecture à tous !

Note de l’éditeur (Albin Michel / Livre de Poche) :

« Rocher battu par les tempêtes, lieu de cultes primitifs sanctifié par les premiers chrétiens, le Mont-Saint-Michel est loin d’avoir révélé tous ses secrets. Au début du XIe siècle, les bâtisseurs de cathédrales y érigèrent en l’honneur de l’Archange, prince des armées célestes et conducteur des âmes dans l’au-delà, une grande abbaye romane.
Mille ans plus tard, une jeune archéologue passionnée par le Moyen Âge se retrouve prisonnière d’une énigme où le passé et le présent se rejoignent étrangement.
Meurtres inexpliqués, amours périlleuses, secrets millénaires… sur le chemin du temps, de la passion, de l’absolu, la quête de Johanna la conduit inexorablement aux frontières d’un monde dont on ne revient pas indemne. »

« L’appartement du dessous » de Florence Herrlemann…

Aujourd’hui paraît le deuxième roman de Florence Herrlemann.
Et il est beau.
Vraiment très beau.

La grande amoureuse des Lettres devant l’éternel que je suis a été comblée. L’écrivain nous propose en effet une correspondance entre Hectorine (104 ans) et Sarah (29 ans) qui habitent le même immeuble à un étage d’écart.
Saugrenu comme procédé ? Pas tant que ça…
La dame âgée a beaucoup à dire à sa jeune voisine du dessous…
Mais quoi exactement ? Dans quel but ?

Des interrogations et des révélations vont naître une intrigue et une amitié hors du commun, aussi agaçante, mystérieuse que magnifique jusqu’au dénouement final que je ne vous dévoilerai pas bien sûr.

Le lecteur sort des dernières pages les yeux quelque peu mouillés (personnellement c’est rare mais je n’ai pas pu retenir mes larmes, j’avoue…) tout aussi orphelin que Sarah, en éprouvant un manque considérable que vous comprendrez à la lecture.

L’incipit est de toute beauté. La plume est précise et ciselée et la construction « en entonnoir » (je ne trouve pas d’autre terme) finement aboutie.
J’ai pu également relever de sublimes passages sur la Littérature.

Florence Herrlemann nous fait rentrer dans la peau de ses personnages comme rarement j’ai pu le ressentir. On éprouve exactement les mêmes émotions.
Elle réalise là, pour moi, un sacré coup de maître, qui plus est en conviant l’Histoire dans l’histoire d’une merveilleuse manière épistolaire.
On oscille tout à la fois entre un classicisme absolu et une modernité folle.

Refermer ce livre est un deuil littéraire.
Je ne suis pas prête d’oublier Hectorine et Sarah.

Belle lecture à tous !

Note de l’éditeur (Albin Michel) :

« Dans le petit immeuble parisien du Marais où elle vit depuis des lustres, Hectorine voit d’un jour à l’autre l’appartement du dessous investi par une nouvelle voisine, Sarah. Pour lui souhaiter la bienvenue, la vieille dame dépose une lettre sur le pas de sa porte. Cette missive sera suivie de beaucoup d’autres, retraçant une traversée du XXe siècle incroyable, entre le Cabourg de La Recherche, le Berlin du IIIe Reich et le Paris d’après-guerre.

Mais pourquoi toutes ces lettres? « Un jour, vous saurez », promet la centenaire à Sarah qui se prend au jeu, intriguée par cette voisine invisible dont les confidences laissent percer l’aiguillon d’un douloureux secret…

Dans ce roman totalement insolite qui redonne vie et fraîcheur au genre épistolaire, Florence Herrlemann insuffle un véritable hymne à la vie, à la parole qui délivre et à la transmission entre générations. Ce voyage fascinant au cœur de l’Histoire nous rappelle aussi que l’amitié est le plus tendre des pactes. »