« Avec les fées » de Sylvain Tesson…

{Je prends enfin le temps de reparler un peu de livres lus…
J’avoue que la frénésie des publications livresques juste pour faire le plus de vues, de like et d’abonnés possibles ont pour effet de littéralement m’écoeurer et j’ai pris la décision (ô combien salvatrice à n’en pas douter) d’effectuer au plus vite un certain reset des comptes devenus trop « bookpeople » que je ne supporte plus du tout !}

Mais revenons à nos moutons.

N’en déplaise à la cabale dont il fait l’objet depuis plusieurs semaines et qui est assez incompréhensible (et triste) à mes yeux : le nouveau livre de Sylvain Tesson est un très bon cru !

Alors oui flirter avec la côte bretonne, anglaise, écossaise et irlandaise était forcément pour moi mais rien n’est jamais acquis et ce n’est pas parce que j’apprécie un auteur que j’aime tout ce qu’il écrit.

Ode poétique à la nature, à ce que l’on en fait, à nos choix de vie les fées rencontrées m’ont enchantée et m’ont remémorée de précieux souvenirs que je chéris.

J’ai toujours conçu la lecture comme un voyage. Les écrivains qui se frottent au monde dans tout ce qu’il a de plus brut, sauvage feront toujours partie de mes préférés. Celui-ci en est. Et un beau.

Belle lecture à tous ! 

©Céline Huet-Amchin

Note de l’éditeur (Équateurs) : 

L’été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C’est dommage : les yeux de l’homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XIIe siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : « C’est bien curieux les hommes… Depuis la mort des fées, ils n’y voient plus du tout et ne s’en doutent point. »

Le mot fée signifie autre chose. C’est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d’attraper le monde et d’y déceler le miracle de l’immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d’un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées.

Elles apparaissent parce qu’on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d’une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement.

Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l’île de Man, de l’Irlande et de l’Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j’allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux.

Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d’y voir. Je partais. Avec les fées.

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