J’avoue avoir craint que le thème du livre ne soit pas du tout pour moi.
Les enfants. Tout un poème… A l’évocation de ce mot, j’aurais plutôt tendance à fuir.
J’ai fait le choix, complètement assumé, de ne pas en avoir. Cela ne m’a jamais posé de problème. Même si la vie du coup m’a éloignée inexorablement d’ami(e)s qui n’ont pas compris. Les moules ne sont pas faits pour moi. Liberté chérie : ça et seulement ça je l’ai respecté à la lettre.Tout le monde n’est pas capable d’appréhender une telle prise de position, cette décision d’une vie souvent injustement interprétée comme de l’égoïsme alors qu’il n’en est rien.
Cela étant dit, c’était sans compter sur Sylvie parce qu’aux siens, elle en a des choses à dire…
Par un tour de force dont elle seule a le secret, l’écrivain aborde en effet un sujet tabou dans une atmosphère de liberté et de solitude malapartienne propice à la réflexion : la maternité donc, mais dans ce qu’elle a de moins lisse, dans toutes les complexités qu’elle peut engendrer (contraintes, doutes…) face à ses propres désirs et à la norme sociale imposée.
Dans les pas d’une mère absente, disséquer le douloureux regret d’avoir eu des enfants (profondément aimés malgré tout) n’est pas chose aisée.
Il faut d’abord l’accepter soi-même et puis (surtout ?) le faire comprendre aux autres.
Et si par le truchement de toutes les questions posées elle pouvait trouver les réponses à sa propre quête identitaire ?
Avec ce quatrième roman, Sylvie Le Bihan continue d’explorer ses combats intérieurs de femme de manière franche et directe qui ne peuvent que toucher le coeur.
Le livre parait aujourd’hui.
Belle lecture à tous !
« Je suis là pour oublier la mère et renouer avec la femme »
« Juger c’est nier l’intime »
« Regretter ce n’est pas rejeter, c’est simplement penser au « si » «
« Il arrive, parfois, qu’on touche à ses rêves, qu’on se retrouve enfin, après un long chemin, à l’endroit qui nous a toujours semblé être le point, de départ ou final, de notre histoire »
Note de l’éditeur (JC Lattès) :
« Giulia n’a hérité de sa mère que son prénom, italien comme elle, et son amour pour Malaparte. Elle a grandi seule avec son père et avec les livres du grand écrivain. Elle est devenue mère, elle est devenue professeure d’université, spécialiste de Malaparte. Ses enfants ont grandi, ils ont encore besoin d’elle, mais c’est elle qui a besoin de vivre sans eux maintenant : elle ne fuit pas comme sa mère a fui dès sa naissance, elle fuit pour comprendre ce qu’elle a hérité de cette absente, ce qu’elle a légué, elle, mère si présente, à ses enfants.
Elle répond à l’invitation d’un ami universitaire et part seule à la Villa Malaparte à Capri pour écrire un livre. L’œuvre du grand écrivain, ce qu’elle lit, découvre de l’auteur dans cette maison mythique, sa solitude, le silence de la maison où sont passés tant d’hommes et de femmes qu’elle admire, tout cela sert sa quête : quelle mère a-t-elle été, quelle éducation a-t-elle reçu et a-t-elle donné ? Et une question plus grave et plus essentielle peut-être : a-t-elle aimé ses enfants ? Les aiment-elles tout en regrettant la vie qu’elle aurait pu avoir sans eux ? Etait-elle faite pour être mère ou est-elle faite comme sa mère pour la liberté, l’absence de responsabilités ? »