« De nos frères blessés » de Joseph Andras…

Joseph Andras, qui a refusé le Goncourt du Premier Roman cette année, revient avec ce livre sur un personnage sacrifié, Fernand Iveton, militant communiste français d’Algérie et anticolonialiste rallié au FLN, seul européen guillotiné de la Guerre d’Algérie.

Le titre se fait l’écho dicible d’actes indicibles et reflète d’une certaine manière la pudeur d’une écriture malgré tout percutante, cinglante.

L’écrivain retrace la vie, le parcours de ce personnage libre et conscient de ses actes (il s’est lui-même proposé pour la mission) qui a subi les pires tortures pendant les 4 jours qui ont suivi son arrestation, qui a été emprisonné puis condamné pour finir exécuté et dont le procès a été une mascarade juridique, judiciaire et politique.

Si le fond ne peut pas être rejugé puisqu’il aborde un fait historique la forme, elle, est terriblement prometteuse.

L’auteur dira lors d’une interview accordée à Biblios : « La compétition, la concurrence et la rivalité sont à mes yeux des notions étrangères à l’écriture et à la création. (…) Que l’on ne cherche pas à déceler la moindre arrogance ni forfanterie dans ces lignes: seulement le désir profond de s’en tenir au texte, aux mots, aux idéaux portés, à la parole occultée d’un travailleur et militant de l’égalité sociale et politique. ».
Deux hommes de conviction réunis à travers un même livre donc.
A ce point c’est rare. Donc beau.

Si c’est un one shot, c’est dommage mais je comprendrai.
Si un autre suit, il me tarde.

Belle lecture à tous !

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Côté premiers romans, Actes Sud nous régale…

NDLR. Neuvième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

68 premières fois édition 2016 L'insatiable Charlotte

 

« La descente du Laps » de Philippe Mertz…

J’ai lu ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique proposée par Babelio (recevez un livre en échange d’une critique).

Note de l’éditeur :

Le personnage en a assez de photographier la guerre et ses horreurs. Il rentre en France, non auprès de sa femme qui ne l’aime plus (mais l’a t-il aimée lui ?).
Il rencontre un chauffeur de taxi et lui demande de l’emmener au Crotoy, là où il a passé ses vacances étant petit. Le chauffeur de taxi lui propose de descendre le Laps, un jour.
Jusque là, l’histoire est normale. Le Crotoy est joli sous le soleil et la baie magnifique.
La guerre le rattrape ou bien elle ne l’a jamais quitté vraiment.

Même si ce premier roman nous offre de belles lignes sur la Baie de Somme et quelques interrogations intéressantes sur la perception de la guerre, celles sur le changement de vie, le couple et autres thèmes abordés ne m’ont pas complètement convaincue et m’ont laissée quelque peu sur le côté…

Dommage.
Parce que j’aurais bien aimé l’aimer celui-ci ! (le titre et la couverture avaient aiguisé ma curiosité… ).

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Livre paru en 2014.
Editions Les Soleils Bleus

« Ce qui nous sépare » d’Anne Collongues…

Note de l’éditeur :

Un soir d’hiver, dans un RER qui traverse la capitale et file vers une lointaine banlieue au nord-ouest de Paris. Réunis dans une voiture, sept passagers sont plongés dans leurs rêveries, leurs souvenirs ou leurs préoccupations. Marie s’est jetée dans le train comme on fuit le chagrin ; Alain, qui vient de s’installer à Paris, va retrouver quelqu’un qui lui est cher ; Cigarette est revenue aider ses parents à la caisse du bar-PMU de son enfance ; Chérif rentre dans sa cité après sa journée de travail ; Laura se dirige comme tous les mardis vers une clinique ; Liad arrive d’Israël ; Frank rejoint son pavillon de banlieue.

Sept histoires qui s’entremêlent pour n’en faire au final qu’une seule, au gré des stations et d’un voyage effectué en RER, voici ce que nous propose le premier roman d’Anne Collongues.

« Peu importe la destination, seul compte le départ »

« (…) à quel point il est agréable de s’asseoir dans un train,
de se confier au mouvement,
l’apaisement instantané que procure le détachement »

« Le fauteuil rend spectateur et la vitesse léger »

« (…) des villes qui ressemblent à s’y méprendre à celle d’où elle est partie tout à l’heure, villes sans commencement ni fin,
qui se fondent les unes aux autres, grises, maussades (…) »

Servies par une écriture (déjà) maîtrisée et métaphorique à souhait (je ne suis pas étonnée qu’elle ait été publiée chez Actes Sud), ces bribes de vies faites d’illusions, de rêves, de regrets, d’espoirs, de solitudes marquent de leurs empreintes psychologiques ces pages dont les rames sinueuses engendrent des tournants singuliers dans chacune des normalités décrites.

Ce qui sépare est parfois ce qui rassemble…

« Choisis ce que tu veux et ensuite continue, sinon ça ne sert à rien »

« Il faut persévérer pour progresser et prendre du plaisir »

« L’ailleurs vers lequel elle rêvait de se tirer »

« (…) c’est le même paysage qui revient indéfiniment comme reviennent les jours, quand ils se suivent et s’émoussent, (…) »

« Impossible de revenir en arrière, c’est trop tard. Il suffirait pourtant de presque rien pour dévier la trajectoire des évènements »

J’ai simplement envie de vous dire ceci : laissez vous embarquer !

Et pour tous ceux qui prennent quotidiennement les transports en commun : ce livre va vous faire les apprécier.

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NDLR. Huitième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

68 premières fois édition 2016 L'insatiable Charlotte

« Le grand marin » de Catherine Poulain…

J’avais comme un gros doute.
Il s’est malheureusement confirmé.
Je me suis forcée eu égard à la sélection des 68 (j’ai fait la promesse de lire tous les livres choisis).

Une nouvelle fois donc, me voici à contre-courant (sans vouloir faire de mauvais jeu de mots).

Ce premier roman est encensé par beaucoup.
Il est même qualifié de « grand » par certains.
Eh bien je suis désolée de l’annoncer tel quel : je me suis profondément ennuyée !

N’en déplaise à la plupart , je n’ai pas réussi à relever la moindre trace de contemplation ou de poésie entre les lignes.
Trop de dialogues que j’ai trouvé inintéressants au possible coulent sans aucun doute le livre pour cause de longueurs multiples et je n’ai éprouvé aucune émotion face à l’écriture saccadée de l’auteur.

Seul point positif : je connais désormais beaucoup d’espèces de poissons !

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Editions de L’Olivier 

NDLR. Septième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !
Ce livre est sélectionné pour le Prix Orange 2016.

68 premières fois édition 2016 L'insatiable Charlotte

« Bianca » de Loulou Robert…

Note de l’éditeur

Parce qu’elle devrait manger davantage et n’aurait pas dû s’ouvrir les veines à un si jeune âge, Bianca est admise dans l’unité psychiatrique pour adolescents de sa ville natale. Bianca ne s’élève pas contre cette décision. Elle ne se révolte pas. Même si elle ne voit pas en quoi le fait d’être enfermée et soumise à de multiples interdits peut atténuer la souffrance qui la détruit, Bianca se tait, obéit et regarde. Elle observe le monde chaotique qui l’entoure. Tous, médecins, soignants, patients et familles ont l’air si fragiles, si démunis… Aucun remède ne semble exister, aucune lumière ne paraît capable d’éclairer ce lieu opaque où Bianca a le sentiment effrayant de s’être enfermée toute seule. Et pourtant… La vie est là. Les sensations, les émotions, les visages, les événements, les affrontements, les pulsions, les sentiments vous cernent et vous travaillent au corps. On peut croire qu’on ne sait plus vivre, on vit tout de même. Et Bianca observe avec une attention scrupuleuse ce flot de vie inexorable qui, sans qu’elle n’y puisse rien, l’envahit, la ranime et la submerge.
Avec une retenue rare et une lucidité tranquille, Loulou Robert retrace le déroulé de cette traversée singulière.

Cela commençait plutôt bien.
Loulou Robert avait des choses à faire dire à son héroïne sur son placement en HP (eh oui, encore un livre sur ce sujet !).
Le ton libre, typique de sa génération, rendait le livre piquant, mordant, poignant, attachant.

« On peut mentir en souriant ou oser dire la vérité. »

« Le silence rapproche quand on le comprend. »

« Aujourd’hui, je me rends compte que ce n’est pas nous qui sommes fous, c’est le monde qui est fou. Et si on est abîmés, c’est parce qu’on s’en est aperçus. »

« Tout le monde fait semblant. Le mensonge comme instinct de survie. »

« Etre calme, ça ne sert à rien. Ca ne fait rien ressentir. »

« Ce qui m’est arrivé ne me définit pas. »

« Le temps abîme plus qu’il ne guérit. On oublie souvent de le dire. »

« Quand tu n’existes pas aux yeux des autres, tu finis par ne plus exister. »

« On ne prête jamais attention au dos de quelqu’un, sauf quand il part. »

Et puis cela a traîné en rond et en longueur. L’histoire a fini par souffrir de clichés et l’écriture de maladresses redondantes.
Il n’en fallait pas plus pour que la profondeur du début laisse place à l’essoufflement, à l’ennui…
Quel dommage !

Bianca ne m’a donc pas suffisamment convaincue pour que je défende à 100% ce premier roman.

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Editions Julliard

NDLR. Sixième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

68 premières fois édition 2016 L'insatiable Charlotte