Étiquette : Premiers romans

  • « Sfumato » de Xavier Durringer…

    « Tout ce qui est couvert d’un voile sera dévoilé,
    tout ce qui est caché sera connu »
    (Luc, 12:2)

    Ce livre raconte l’histoire de Raphaël qui habite le quartier populaire de Belleville et qui est entouré d’amis et d’amours délinquants et cocaïnomanes. Voilà pour le premier tableau… noir !
    Un jour, il rencontre un certain Viktor, vieux juif russe, jazz man mais surtout ancien conseiller à la Maison Blanche qui lui ouvre la porte d’un autre monde… d’un tableau… du tableau qu’est la Joconde.
    Que se cache-t’il en effet derrière cette technique artistique qu’est le sfumato ?

    Il « produit, par des glacis d’une texture lisse et transparente, un effet vaporeux qui donne au sujet des contours imprécis.
    Il consiste en une manière de peindre extrêmement moelleuse, qui laisse une certaine incertitude sur la terminaison du contour et sur les détails des formes quand on regarde l’ouvrage de près, mais qui n’occasionne aucune indécision, quand on se place à une juste distance »

    « Léonard de Vinci a théorisé l’usage du sfumato. « Veille à ce que tes ombres et lumières se fondent sans traits ni lignes comme une fumée ». Combiné avec le clair-obscur, il simule le volume, également dépourvu de contour exact, puisque changeant d’un œil à l’autre et avec chaque mouvement. »

    A partir de là, nous rentrons dans une aventure, une enquête, un parcours aussi initiatique qu’illusoire, aussi romanesque que marginal !

    « Il faut savoir se perdre, il y a des endroits où personne ne va et c’est là que c’est intéressant, sortir des chemins balisés, remonter les cours d’eau… »

    C’est la rencontre avec Viktor (page 158) qui rend intéressant ce premier roman. Mentor, maître à penser, c’est un véritable cabinet de réflexion pour Raphaël et pour nous, lecteurs.

    « Si vous voulez comprendre le monde, il ne faut pas vous arrêter à l’actualité mais analyser ce qui s’est passé depuis 5 000 ans et même encore plus loin, sinon vous ne comprendrez rien à rien de ce qui se passe aujourd’hui »

    « Croire, c’est s’enfermer, mais la foi c’est autre chose, la foi c’est l’ouverture vers l’autre. Un croyant s’enferme. C’est tout le problème de la religion »

    « Les dogmes sont comme des tableaux qu’on accroche aux murs et qui ne bougent plus, alors que tout est mouvement autour de nous »

    « Il faut savoir se perdre pour trouver »

    « Vous êtes un écrivain, un poète, vous saurez quoi en faire;  je vous le donne de la matière, à vous de la transformer »

    Repenser… Trouver…
    Qu’est-ce qui est vrai… faux ?

    « Et si tout cela n’avait été qu’une énorme farce, ou juste un jeu, un grand jeu où je m’étais définitivement perdu ? »

    « Peut-être n’était-ce que le cheminement qui était intéressant ? Et j’avais déjà bien cheminé. Mais pas encore assez pour rebrousser chemin »

    Xavier Durringer est un dramaturge, scénariste, réalisateur et homme de théâtre.
    Nous le ressentons beaucoup dans le livre, qui pourrait être un film !

    Tel le procédé en question, ce premier roman offre plusieurs niveaux de lecture à mon sens.
    C’est en cela que je l’ai trouvé attrayant, même s’il ne m’a pas non plus renversée.

    Sans faire partie du groupe 68 premières fois (j’en suis à mon 6e ouvrage lu) je serais certainement passée à côté. Rien de grave bien sûr dans l’absolu, mais je suis tout de même contente d’avoir eu l’occasion de me plonger dedans même s’il n’est pas parfait.
    C’est une lecture qui change. Et ne serait-ce que pour cela il doit être défendu !

    « L’image a tué l’imagination » 

     

    Editions Le Passage 

    Les autres premiers romans de cette rentrée littéraire (septembre 2015) que j’ai lus… 😉

     

  • « Le restaurant de l’amour retrouvé » de Ogawa Ito…

    « Le restaurant de l’amour retrouvé » de Ogawa Ito…

    Le premier livre envoyé par Livre-moi(s) !

    Une jeune femme de 25 ans perd l’usage de la parole suite à un chagrin d’amour. Elle repart vivre dans son village natal et développe son art (insoupçonné) de redonner du baume au coeur aux personnes (et au lapin ! 😉 ) pour qui elle cuisine.

    Il ne faut surtout pas se fier au titre (traduit) qui pourrait donner envie de fuir parce que ce n’est pas du tout un roman à l’eau de rose !

    C’est en effet un fort joli livre tout droit venu du pays du Soleil Levant sur le don de soi, l’altruisme, la gratitude, les souvenirs, la guérison, la douleur, la solitude, la douceur, l’émerveillement… typiques si j’ose dire de l’Art de Vivre nippon.

    Glissez-vous dans ces pages tout à la fois littéraires et gastronomiques.
    Il y a beaucoup d’ingrédients pour non seulement faire de très bons petits plats mais encore pour embellir la vie, la façon de penser… pour embellir VOTRE vie, VOTRE façon de penser !

    « Les choses importantes, il faut les mettre au freezer. Comme ça, quand on en a besoin,
    il suffit de les passer au micro-ondes, en général ça fonctionne bien. » 

    Des mots, salvateurs de tous les maux. Parce que « la magie est un spectacle impromptu »

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    Quelque part dans le Gers… 

    Editions Philippe Picquier

  • « Extrêmes et lumineux »  de Christophe Manon…

    « Extrêmes et lumineux » de Christophe Manon…

    Mon premier livre (paru ce jour) du challenge 68premieresfois !

    Ce premier roman ne peut pas laisser indifférent.
    Tout d’abord par son style : Christophe Manon nous propose une description d’un seul tenant, avec des blancs (qui ne sont pas des défauts d’impressions 😉 ), très pauvre en ponctuation donc assez déroutant au départ. Il a fallu que je me mette dans un autre mode de lecture pour finir par l’accepter.
    Ensuite par l’histoire : c’est une succession d’annotations des plus étranges au dos de photographies jaunies par le temps.

    Je lui reconnais une écriture des plus intéressantes et plutôt belle, mais l’histoire tirée des photographies m’a parfois un peu lassée. Je n’ai pas réussi à être complètement émue par « l’exploration de la mémoire, l’histoire d’amour et l’enquête familiale ».

    L’accueil final que je lui fais est donc en demi-teinte…

    Editions Verdier

  • « Ressources inhumaines » de Frédéric Viguier…

    Mon quatrième livre (qui paraît ce jour !) du challenge 68premieresfois et pour l’instant celui qui sort du lot ! (il m’en reste encore 63 à découvrir 😉 )

    Premier roman de l’auteur, c’est une description tragique et sans concession du monde du travail dans un hypermarché (l’analyse collerait à beaucoup d’autres lieux et/ou secteurs malheureusement).

    L’héroïne endosse le rôle de la déchéance humaine dans toute sa splendeur (malgré ses espérances du début – « Etre acceptée, non pas pour ce que l’on est, mais pour ce que l’on fait », « Quand elle se retrouvait chez elle, après une longue journée de travail, elle avait déjà la sensation de ne pas être seule, de retrouver une autre, celle qui l’avait attendue, qui était cette part d’elle-même que personne ne connaissait »).

    « Ressources inhumaines« , ou l’abandon de soi pour des promotions à répétition sur l’autel d’une pseudo-ambition soit-disant réfléchie (« stagiaire à 22 ans, cadre sup à 25 ans ») dont la destruction, l’auto-destruction (programmée) sera à la hauteur de l’ascension rapide…

    Le choix de la construction du roman participe à sa dynamique « couperet » :

    « Le goût du paradis » (1ère partie)
    « La chair de l’enfer » (2e partie)

    Il est à noter ici que chaque chapitre de l’histoire décrite comporte la réflexion (en italique) de celle que l’on suit, témoin du chaos.

    Les phrases, les mots choisis sont sans appel :

    « toi, tu as tout compris… » 

    « Il possède cette odeur du pouvoir… »

    « Je serais très fâché de savoir que (…) le chef (…) de l’hypermarché d’en face (…) puisse caresser ton petit cul à ma place »

    « Ne ramasse pas, il y a des gens payés pour ça… »

    « Plus de volonté que de réflexion »

    « Le bas prix, symbôle plus que nauséeux d’une société de sur consommation qui a perdu ses repères les plus intelligents »

    « C’est toujours bon pour la motivation, le châtiment d’autrui »

    « Le niveau d’incompétence que tout salarié est censé atteindre, un jour ou l’autre, au cours de sa carrière »

    « La vie d’un supermarché bat au rythme de l’humanité manipulée. Et cela fait vingt ans qu’elle participe à cette manipulation »

    « Le problème était que, dans son cas, la stagnation qu’elle pensait salutaire, allait s’accompagner d’une dégradation de son état mental. Cela se ferait insidieusement, lentement, mais cela se ferait »

    « Triste et seule, courbée par l’évidence d’une vie aux contours flous et fragiles »

    « Je m’occupe d’eux. Peut-être pour occuper dans leur coeur une place que je n’ai pas »

    « Lorsque l’on ose mettre le nez dans sa propre misère, cela fait un mal atroce. »

    C’est un des cancers de notre Société qui est ici traité par le biais de faux semblants, de la décadence humaine, du non-épanouissement de l’être humain, de la recherche de la reconnaissance, de la solitude, de l’abandon, de la dégringolade sociale, de l’usure de sa vie pour garder un statut… dont l’un des remèdes est la découverte de soi, même tardivement.

    « L’humanité a besoin d’intuition et de sincérité, pas de compromis et de fascination… »

    « Ce que pensent les autres, il faut s’en faire une armure pour se construire »

    « Aimer vraiment une personne, c’est aimer ce qu’elle est, sans chercher à dénicher autre chose, sans chercher à la changer »

    Certaines personnes parleront peut-être de ce livre comme une multitude de clichés.
    (La vérité dérange)
    Mais les faits font partie d’une réalité que l’on ne peut pas mettre en défaut et sont relatés d’une manière suffisamment précise et froide pour que cela soit un premier roman réussi et prometteur.

    Un livre COUP DE POING, à lire parce que nécessaire pour faire évoluer les comportements !

    Ne jamais oublier que l’essentiel est ailleurs.
    Car « Au-dessus de la coursive, il n’y a rien… »

    Editions Albin Michel

  • « A l’enseigne du coeur épris » de Jean-François Pigeat…

    Un premier roman (qui paraît aujourd’hui et que j’ai lu dans le cadre de « 68 premières fois ») mais un énième sur le sujet traité (l’histoire d’un couple).

    J’avoue l’avoir lu en diagonale étant donné que je me suis………………… ennuyée !

    Lorsque l’on aborde ce thème maintes et maintes fois utilisé en littérature, on se doit d’apporter un petit quelque chose, ce petit quelque chose en plus qui fait la différence, que ce soit dans l’histoire, dans les personnages ou dans l’écriture.

    Ce n’est malheureusement pas le cas ici.

    Qui plus est, c’est limite « à l’eau de rose » à mon goût.

    Bref, ce n’était pas un livre pour moi ! 🙁

    Editions Le dilettante

  • « Le vieux qui déjeunait seul » de Léa Wiazemsky…

    « Le vieux qui déjeunait seul » de Léa Wiazemsky…

    Il y a des livres qui vous bouleversent tellement ils sont émouvants.
    « Le vieux qui déjeunait seul » en fait partie.
    48h après, je suis encore dedans………………….et j’ai du mal à en parler.

    Cette lecture m’a beaucoup touchée.
    Beaucoup.

    « Très tôt, trop tôt, j’ai appris à sourire pour cacher mes larmes et j’ai connu ces grands moments de tristesse qui soulèvent le coeur et déchirent le ventre, laissant un goût de cendre et de sang dans la bouche »

    L’absence, la quête d’identité, La culpabilité, l’écho d’un encrage dans la guerre 39-45.
    La solitude de deux êtres qui vont se rencontrer.
    Deux « C » qui vont s’entrelasser pour l’éternité et qui vont changer la vie de plusieurs personnes.

    « Le bonheur, cela se décide, Clara ! Tu le portes en toi comme le plus beau cadeau que la vie t’a donné. C’est à toi de le semer et de le faire pousser. Lorsque tu as trouvé la graine, tu dois la protéger, lui donner un peu d’eau, elle grandira et prendra de la place, tu n’auras alors rien d’autre à faire que jouir de sa beauté »

    Une écriture d’une délicatesse infinie qui m’a habitée dès les premières lignes.

    « Comme tous les lundis je l’attends. »

    « Je n’ai jamais pu m’expliquer pourquoi les personnes âgées me touchent autant. (…) J’éprouve le besoin de les protéger, de les prendre dans mes bras et, de ma jeunesse, leur faire un barrage au temps qui passe. »

    Merci à Bénédicte Junger du blog « Entre les Lignes » de m’avoir donné l’envie de tourner les pages de cette petite pépite…

    « La vie est une aventure jolie, heureux qui sait la chanter » (Charles Trénet)

    Très belle lecture à tous !

     

     Editions Michel Lafon

  • « Le liseur du 6h27 » de Jean-Paul Didierlaurent…

    « Le liseur du 6h27 » de Jean-Paul Didierlaurent…

    Guylain Vignolles a été affublé d’une contrepèterie à sa naissance.
    Il a pour animal de compagnie un poisson rouge, Rouget de Lisle, dont le numéro est fonction de la mort du précédent habitant du bocal.
    Son travail : broyeur de livres invendus.
    Son salut : sauver toutes les feuilles qu’il peut et les partager.
    C’est ainsi que tous les matins lorsqu’il part besogner, Guylain prend plaisir à lire lesdites pages à voix haute dans le wagon du RER sous les oreilles attentives des autres passagers avant de rejoindre son affreuse machine destructrice.

    Julie collectionne les faïences (14 717) qu’elle compte religieusement « une fois l’an, à l’équinoxe de printemps ».
    Elle est Dame Pipi dans un centre commercial.
    Un jour, elle perd une clef USB dans le RER.

    Le train-train quotidien de Guylain va basculer dès lors qu’il tombe (par le plus grand des hasards) sur les anecdotes de vie racontées par Julie…

    Ce livre, c’est un p’tit bonheur d’édition !
    En le lisant dans les transports, j’avais l’impression d’être en situation et la quête du héros pour retrouver la propriétaire de la clef est des plus charmantes.
    Il est, en plus, joliment écrit.

    Un premier roman fort réussi donc, qui sait réveiller des émotions à sa lecture.

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    Editions Au diable vauvert

  • « Le journal d’un écrivain sans succès » de Jean-Fabien…

    « Le journal d’un écrivain sans succès » de Jean-Fabien…

    Ne vous y fiez pas : sous son écriture débridée se « cache » un auteur, un vrai, et plutôt très doué !

    Là où parfois certains ont un humour (trop) commun, limite ennuyeux (ce n’est pas donné à tout le monde d’être particulièrement inspiré), Jean-Fabien sait faire rire tout en ayant un style.

    Ceux sans imagination y verront du Beigbeder.
    Personnellement je ne cherche pas à vouloir établir trop facilement une comparaison à tout prix.

    C’est frais, savoureux, ironique à souhait (lorsque nécessaire) et décapant.
    Brillant même.
    En fait, limite faux-imposteur-insolent -parce qu’-intelligent et en 1.0 s’il vous plaît ! (nul besoin d’une release puisque cette version est parfaite donc unique).

    (Pardon mais) [PUTAIN] QU’CA FAIT DU BIEN !!!
    J’en redemande…

    Vous voulez lire quelque chose qui sort de l’ordinaire ?
    Découvrez-le sans tarder !

    Editions Paul & Mike

  • « La biche ne se montre pas au chasseur » d’Eloïse Lièvre…

    « La biche ne se montre pas au chasseur » d’Eloïse Lièvre…

    Le désir d’un enfant.
    Le désir d’un enfant qui ne vient pas.
    Le désir d’un enfant qui ne veut pas venir.
    Le désir d’un enfant qui ne veut plus venir.

    Une attente.
    Une non acceptation.
    Une dénégation.
    Une dissection introspective.

    Eloïse Lièvre nous conte ce désir plus-que-tout-au-monde emprunt de confession (libératrice) d’une écriture sublime, touchante et troublante à la fois.

    Ce livre a été édité en 2012 aux Editions D’un noir si bleu.
    IL MERITE DE VIVRE UNE SECONDE BELLE VIE !
    Votre libraire peut le commander… 

    Belle lecture à tous !

    Editions D’un noir si bleu