Catégorie : Lectures

  • « Il n’est jamais plus tard que minuit » d’Isabelle Never…

    « Il n’est jamais plus tard que minuit » d’Isabelle Never…

    Le titre (magnifique !), tiré d’un proverbe birman, est à lui seul tout un poème.
    Sans parler de la couverture.

    Isabelle Never signe un premier très beau roman où l’Asie et sa culture fleurent bon à chaque page, à chaque mot.
    Il paraît aujourd’hui. Encore un grand merci à Laetitia des Carnets Nord de me l’avoir envoyé.

    Comment, pourquoi vivre lorsque l’on a perdu l’homme de sa vie et ses enfants ?
    Partir, fuir tout en retrouvant certains lieux jadis partagés est-elle LA solution pour tenter de se reconstruire ?

    Ce sont là les interrogations posées par l’auteur dans lesquelles tout lecteur peut se retrouver.
    D’autant plus lorsque l’on aime ce continent et tout ce qui le fait au quotidien.

    Il est question de destin, de chemins, de choix, de souffrance métaphysique sans aucune forme de jugement, jamais.

    Iabelle Never nous conte une histoire, certes tragique mais baignée d’optimisme entre les lignes.

    Un livre sur le dépassement de soi lorsque le malheur frappe, au doux parfum de bienveillance envers soi-même et les autres malgré les transcendances à vivre et à accepter, qui fait fi de certaines violences évoquées et où la culture occidentale se heurte quelque peu à l’orientale qui a beaucoup à nous apprendre en la matière.

    Je ne sais pas quel est le degré autobiographique des faits évoqués ou si tout est imaginé, mais Isabelle Never a tellement bien retranscrit les émotions que l’on peut se poser la question.

    Certaines choses arrivent parce qu’elles doivent arriver.
    A  chacun de trouver sa nouvelle voie par la suite.
    Nul doute qu’elle a trouvé la sienne, à travers sa plume.

    « Qui a plusieurs vies a plusieurs décès ».
    Ce n’est ni de moi ni de l’auteur . C’est de Grand Corps Malade et je trouvais que cela offrait la meilleure des conclusions.

    Comme vous l’aurez compris, JE RECOMMANDE VIVEMENT en direct de Bangkok !

    Note de l’éditeur (Carnets Nord) :

    Rangoun, Birmanie, 2004.

    « L’odeur me saisit ; mélange d’effluves de fleurs, de feux de bois, de fumets de cuisine, de gaz d’échappement, l’odeur d’un peuple qui vit dans la pauvreté, la chaleur et l’humidité. »

    En quelques mots, Jeanne marque son retour en Birmanie, où elle espère s’oublier puisqu’elle ne pourra jamais effacer le drame : son mari et ses deux petites filles morts dans un accident d’avion. Derrière les rideaux de bambous d’un monde qu’elle côtoyait sans le connaître, en se dépouillant de ses vêtements d’Occidentale, Jeanne découvre peu à peu un peuple qui pense et respire autrement. En prise avec ses démons intérieurs, elle voyage dans ce pays où s’affrontent violences et aspirations spirituelles.

    Il n’est jamais plus tard que minuit est le beau et subtil portrait d’une femme qui, sans oublier ceux qu’elle a perdus, retrouve doucement goût à la vie, par un travail intime face à la douleur. Ce roman nous laisse entrevoir des âmes vagabondes, des lieux où l’on sent que l’essentiel demeure mystérieux.

  • « Les chemins de la haine » d’Eva Dolan…

    « Les chemins de la haine » d’Eva Dolan…

    L’avantage de faire partie d’un jury est la découverte d’auteurs que nous n’aurions jamais lus.

    Au-delà de l’enquête policière bien décrite s’esquisse des enjeux de société que notre époque connaît malheureusement trop (chômage, immigration, exploitation, racisme…).

    Un roman noir social ancré dans notre époque, très contemporain, qui tient en haleine jusqu’au dénouement final, sans manichéisme, aux personnages fouillés et qui nous incite à réfléchir.

    Un bon premier livre.
    Un écrivain différent à suivre.

    Belle lecture à tous !

    Note de l’éditeur (Liana Levi) :

    « Pas de corps reconnaissable, pas d’empreintes, pas de témoin. L’homme brûlé vif dans l’abri de jardin des Barlow est difficilement identifiable. Pourtant la police parvient assez vite à une conclusion: il s’agit d’un travailleur immigré estonien, Jaan Stepulov. Ils sont nombreux, à Peterborough, ceux qui arrivent des pays de l’Est, et de plus loin encore, à la recherche d’une vie meilleure. Et nombreux sont ceux qui voudraient s’en débarrasser. Les deux policiers qui enquêtent sur le meurtre, Zigic et sa partenaire Ferreira, ne l’ignorent pas. N’éliminant aucune piste, le duo pénètre dans un monde parallèle à la périphérie de cette ville sinistrée par la crise économique, là où les vies humaines ont moins de valeur que les matériaux utilisés sur les chantiers de construction. Là où tous les chemins peuvent mener au crime de haine. »

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

    NDLR. Dommage que le titre anglais n’ait pas été gardé (Long way home).
    A noter également la bonne traduction de Lise Garond.

  • « Dans les pas d’Alexandra David-Néel » d’Eric Faye & Christian Garcin…

    « Dans les pas d’Alexandra David-Néel » d’Eric Faye & Christian Garcin…

    Ce livre paraît aujourd’hui en librairie.

    Les Editions Stock m’ont fait la joie de me l’envoyer avant (merci encore à Valentine qui se reconnaîtra) et je n’ai pas pu su attendre l’Asie pour le dévorer !

    En décortiquant ses récits de voyage, les deux écrivains expérimentent les chemins empruntés des années avant par Alexandra David-Néel.

    Suivre les pas d’une telle femme n’est pas aisé.
    Ces lignes accentuent sa formidable quête réussie il y a presque un siècle.

    Hymne au voyage, à la découverte de pays avant que les touristes en prennent trop possession, au fait de se surpasser, à la liberté… Eric Faye et Christian Garcin signent un véritable page turner pour tous les aventuriers dans l’âme qui aiment parcourir le monde, sur place ou depuis leur canapé.

    J’ai beaucoup apprécié l’alternance des souvenirs vécus par Alexandra David-Néel et ceux vécus par les auteurs.
    Ils apportent, comme cela avait été le cas en son temps, un éclairage actualisé très intéressant sur cette partie du monde.

    A savourer comme il se doit, en profitant des volutes du thé « Toit sur le monde » de George Cannon…

    Belle lecture à tous !

    Note de l’éditeur (Stock) :

    « En 1924, déguisée en mendiante tibétaine, Alexandra David-Néel franchit en quatre mois mille huit cents kilomètres de forêts, fleuves, vallées profondes et hauts sommets entre Yunnan et Tibet pour arriver clandestinement à Lhassa, alors interdite aux étrangers.
    À presque un siècle de distance, nous avons voyagé sur ses traces. En pleine mutation économique, touristique, uniformisatrice, la civilisation tibétaine est peut-être en train de disparaître sous les coups de boutoir de la raison économique et des intérêts de la géopolitique. Pourtant, le Tibet de 1924 se laisse encore deviner à travers la puissance des rites, du bouddhisme omniprésent, et de la ferveur religieuse de la population, ancrage de l’identité tibétaine menacée. Ce sont ces réalités multiples, qui semblent incompatibles parfois mais qui coexistent pourtant, que nous avons tenté de circonscrire entre le récit de notre voyage et l’évocation
    de la figure d’Alexandra David-Néel. » É.F. et C.G.

    « Le Tibet n’est pas tant une région qu’un itinéraire intérieur,
    un trésor enfoui en chacun de nous. »

    « La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d’homme. »

    « Il est toujours bon, je crois, d’honorer les rendez-vous
    qu’on s’étaient fixés à soi-même. »

  • « Dîner avec Edward » d’Isabel Vincent…

    « Dîner avec Edward » d’Isabel Vincent…

    C’est l’histoire d’une amitié gourmande et sincère qui se noue entre une quadra et un octo, qui ne manque ni de sympathie ni de poésie bienveillante.

    Un feel good plutôt intelligent, attachant.
    Un véritable page turner, comme les anglos-saxons savent si bien faire incontestablement.

    C’est une lecture qui fait assurément du bien !
    Sans prise de tête, ni prétention.

    Pour ceux qui connaissent bien Big Apple, vous sourirez à certaines évocations.
    Et si vous n’avez pas d’idées pour un repas, Edward vous aidera !

    On y croise également avec délice Julia Child, Nelly Bly et d’autres…

    Belle lecture à tous !

    Note de l’éditeur (Presses de la Cité) :

    « Afin d’apaiser une amie installée loin de New York et de son père nonagénaire, Isabel accepte d’aller dîner avec Edward, dévasté par la récente disparition de son épouse. Journaliste, la  quarantaine, Isabel aussi traverse une crise : à peine débarquée dans la grosse pomme, elle assiste impuissante au naufrage de son mariage. Mais ce qu’elle ignore, c’est qu’Edward possède d’époustouflants talents de cuisinier, alliés à un sens de l’humour sans faille et à une solide philosophie de l’existence. Pour son hôte, le vieil homme repasse derrière les fourneaux. Et l’invitation ponctuelle devient un rendez-vous régulier, l’occasion pour les deux âmes en peine de reprendre goût à la vie, et foi dans les bienfaits d’un verre de martini !
    Jalonné de préceptes de savoir-vivre, un petit précis d’optimisme et de gourmandise, un magnifique texte sur le pouvoir de la résilience, l’importance de la lenteur et la force de l’amitié. »

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

    NDLR : je n’ai pas compris qu’il ait été classé par ELLE dans la catégorie « document » et non « roman »…

    Parution demain (5 avril).

  • « Les rêveurs » d’Isabelle Carré…

    « Les rêveurs » d’Isabelle Carré…

    Si vous lisez ce livre en cachant les nom et prénom de l’auteur, qu’en reste-t-il une fois achevé ?
    Ma réponse : rien.
    Non pas que l’écriture ne soit pas sensible, mais les souvenirs personnels racontés m’ont ennuyée, littéralement et profondément.

    Je dois avouer que j’y allais en traînant les pieds…
    Cela ne m’a assurément pas aidé à l’apprécier.

    J’aime la comédienne et l’actrice à qui je reconnais du talent mais j’avoue en avoir assez ras le bol, et cela ne date pas d’hier, de toutes ces personnes déjà célèbres qui se font publier avec une déconcertante facilité pendant que des anonymes galèrent malgré leur réel talent.

    Mise à part une certaine forme de voyeurisme, je ne comprends pas que ce livre ait été présent sur plusieurs listes de prix et en ait gagné un (RTL Lire).

    Pour un premier roman, il est truffé de maladresses et surtout, chose rédhibitoire chez moi, il est trop lisse. Beaucoup trop.
    Qui plus est, la construction est assez confuse (ses souvenirs, ceux de ses parents, sa vie actuelle…).

    Rien ne le place au-dessus de la mêlée littéraire, si ce n’est une certaine forme de curiosité (malsaine et que je ne cautionne pas) de lignes écrites par une personnalité du show biz (bien qu’assez discrète en l’espèce) qui rameutera forcément du monde à tout évènement où elle sera invitée. 

    Si je n’avais pas été jurée je ne serais pas aller jusqu’au bout de la lecture.

    Au final donc, un premier roman d’une banalité affligeante, pas très profond, aux accents autobiographiques qui n’a pas réussi à retenir mon attention.

    Il manque un truc, LE truc qui fait cette différence que j’apprécie tant. 

    Une délicatesse connue et reconnue ne fait pas un bon livre.

    Aurait-il eu ce succès d’estime s’il avait été signé d’une personne inconnue ?
    Je vous laisse juge…

    Note de l’éditeur (Grasset) :

    «On devrait trouver des moyens pour empêcher qu’un parfum s’épuise, demander un engagement au vendeur – certifiez-moi qu’il sera sur les rayons pour cinquante ou soixante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans un grand magasin, retrouvent l’odeur de leur mère, d’une maison, d’une époque bénie de leur vie, d’un premier amour ou, plus précieuse encore, quasi inaccessible, l’odeur de leur enfance…» I. C.

    Quand l’enfance a pour décor les années 70, tout semble possible. Mais pour cette famille de rêveurs un peu déglinguée, formidablement touchante, le chemin de la liberté est périlleux. Isabelle Carré dit les couleurs acidulées de l’époque, la découverte du monde compliqué des adultes, leurs douloureuses métamorphoses, la force et la fragilité d’une jeune fille que le théâtre va révéler à elle-même. Une rare grâce d’écriture.

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Accordez-moi cette valse » de Zelda Fitzgerald…

    « Accordez-moi cette valse » de Zelda Fitzgerald…

    Se plonger dans Zelda Fitzgerald c’est forcément s’immerger dans un couple incroyable qui a été l’emblème des Années Folles et de l’âge du Jazz aux Etats-Unis.
    Lui, alcoolique, est mort d’une crise cardiaque en 1940. Il avait 44 ans.
    Elle, diagnostiquée schizophrène, mourra dans l’incendie de l’hôpital psychiatrique de Asheville en 1948. Elle avait 47 ans.

    A la lumière de ce rappel biograhique, le titre de son premier roman écrit en 1932 en seulement six semaines lors d’un traitement à l’hôpital Johns Hopkins met en lumière paradoxalement toute sa lucidité créatrice.
    Juste pour information, elle n’achèvera jamais son deuxième roman suite à sa fin tragique mais laissera tout de même à la postérité des nouvelles écrites avec son mari F. Scott.

    De Zelda je connaissais que quelques bribes de sa vie et surtout le fait que c’était l’égérie de son mari.
    En réanalysant quelque peu les éléments qui les ont faits grâce au Reading Classics Challenge, cela les rend plus vivants que jamais, assez fascinants même et surtout intrigants.
    Zelda en particulier.
    Je me suis donc naturellement tournée vers ce livre même si en vrai le choix était limité comme expliqué plus haut…

    « Accordez-moi cette valse » est un récit en partie auto-biograghique même si Zelda a pris soin de modifier les noms.

    Reflet d’une époque révolue, la traduction de Jacqueline Rémillet met en lumière une plume plutôt agréable à lire.

    Belle lecture à tous !

    Note de l’éditeur (Pavillons Poche Robert Laffont) :

    « Accordez-moi cette valse est un roman autobiographique dans lequel Zelda Fitzgerald a transposé sa vision toute personnelle de son mariage avec Scott Fitzgerald. Elle y apparaît elle-même sous le nom, à peine voilé, d’Alabama Beggs, incarnation de ces belles du Sud dont elle était une parfaite représentante. Son mari y figure, lui, sous le nom de David Knight. Écrit en «six furieuses semaines», le manuscrit fut accepté d’emblée par Maxwell Perkins, le propre éditeur et ami de Scott Fitzgerald chez Scriber’s. S’il fut boudé par la critique à sa parution, le livre a été réhabilité lors de sa réédition au début des années 1950. Ce portrait d’un homme doué qui s’autodétruit, enfin apprécié à sa juste valeur, est désormais considéré comme une oeuvre «puissante et mémorable» (le Times Literary Supplement) dont les personnages et leurs actions – tragiques – contrastent magnifiquement avec le cadre de cette Côte d’Azur ensoleillée où ils évoluent.
    Au-delà de cette peinture d’une époque et de ses personnages, Accordez-moi cette valse est aussi, et peut-être avant tout, un grand roman d’amour. »

    « C’est la quantité qui fait que c’est beau.
    L’immensité est la plus belle des choses. »

    « Je suis heureuse de constater que je me suffis parfaitement à moi-même. »

    « Choisir est l’honneur qui fait toute la souffrance de la vie. »

  • « Portraits et impressions de voyage » de Truman Capote…

    « Portraits et impressions de voyage » de Truman Capote…

    De Truman Capote j’avais déjà lu « De sang-froid » (je ne tenais pas encore de blog à cette époque) paru en 1965. Roman de non-fiction (on parle désormais de « true crime ») qui avait eu pour origine un sinistre fait divers (deux jeunes truands avaient tué sans mobile apparent quatre membres de la famille  d’un fermier à Holcomb au Texas), ce dernier fit de lui un écrivain  légendaire devenu tellement mondain qu’il marqua aussi sa déchéance.
    Est passé également entre mes mains « Breakfast at Tiffany’s » of course qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable je dois avouer…

    Le Reading Classics Challenge du mois de mars m’a fait choisir ce recueil, beaucoup moins connu.

    La première partie dresse les portraits de différentes célébrités (peintres, acteurs, photographes et autres…).
    La deuxième, trop courte (je suis restée sur ma faim), sont des impressions de voyage que l’écrivain a effectué entre Brindisi et les îles yougoslaves.

    Si sur le fond on peut trouver à redire, la forme est servie par une excellente traduction de Nicole Tisserand qui met en lumière une plume humoristique, cynique à souhait et trucculente !

    Note de l’éditeur (Gallimard) :

    « Outre ses impressions d’un voyage effectué en 1966 entre Brindisi et les îles yougoslaves, avec une escale dans la ville de Dubrovnik et une ironique divagation sur les femmes, ce sont ici des portraits de célébrités que nous livre Truman Capote. Ainsi John Huston, Charlie Chaplin, Pablo Picasso, notamment, sont-ils brièvement campés par sa plume brillante, parfois caustique, mais toujours comique. À Elizabeth Taylor et Tennessee Williams, cependant, Truman Capote réserve presque un court récit, qui est l’histoire de ses rencontres avec chacun d’eux, échelonnées sur plusieurs années de sa vie – près de vingt ans pour l’actrice américaine qui se présente ici sous un jour inattendu, près de cinquante ans pour l’auteur dramatique qu’il connaît depuis l’âge de seize ans. La verve, la drôlerie, le disputent alors à l’attendrissement et à l’amitié. »

  • « Un jeune homme en colère » de Salim Bachi…

    « Un jeune homme en colère » de Salim Bachi…

    Tristan n’aime plus rien.
    Plus rien ne trouve grâce à ses yeux.
    Ah si ! Une personne. Une seule. Sa soeur adorée. Morte.

    Un incipit percutant…
    Un style direct…
    Une écriture crue, sans fard, sans concession, insolente souvent, aussi drôle que dramatique, truculente assurément, cynique, parfois poétique, ultra réaliste…

    Salim Bachi gratte le vernis. Là où ça fait mal.
    Son livre dissèque la douleur d’un manque sur fond de critique acerbe du vieux monde et de la société actuelle avec une pincée d’auto-dérision follement irrésistible.
    Tout y passe. Rien est épargné.

    Dans les dernières pages on comprend ce qu’il s’est passé.
    L’auteur a su évoquer une tragédie nationale, une souffrance commune à tous en une douleur plus intime, une colère justifiée que chacun aurait pu, pourrait connaître.

    Si cette lecture ne plaira sans doute pas de fait à tout le monde parce que criante de vérité, pour ma part je l’ai trouvée brillante et une telle envolée fait du bien !

    L’écrivain a su me bousculer comme peu de personnes réussissent à le faire (je pense à Houellebecq là !).

    Si vous êtes ouvert d’esprit et que vous aimez être chamboulé(e), ce livre est pour vous.

    Une chose est sûre aussi : ces lignes m’ont donné envie de découvrir les précédentes publications de Salim Bachi.

    Belle lecture à tous !

    Note de l’éditeur (Gallimard) :

    Tristan, le narrateur, a dix-huit ans. Rien ou presque ne trouve grâce à ses yeux dans le monde d’aujourd’hui. Sa mère est une snob ; son père, écrivain à succès, ne produit selon lui que des nullités. Il est en colère contre tout : les livres, les peintures, les filles…
    D’où vient cette révolte qui s’exprime dans un langage très savoureux, à la fois cru et raffiné? On le devine peu à peu : Eurydice, la sœur bien-aimée de Tristan, est morte à Paris dans des circonstances tragiques. Sous le soliloque radical et rageur contre l’époque, ses hypocrisies et ses faux-semblants, affleure le chant d’amour à ce qui est perdu.

    Encore un GRAND MERCI à C.D qui se reconnaîtra…

  • « Vie de David Hockney » de Catherine Cusset…

    « Vie de David Hockney » de Catherine Cusset…

    Écrit sans avoir rencontré ni parlé à David Hockney, Catherine Cusset réussit la prouesse de dresser un portrait à la fois personnel et artistique des plus vivants !

    Pour avoir eu le plaisir de discuter avec elle, elle s’est extrêmement documentée, a lu tout ce qui le concernait…
    Un travail de recherches de titan donc, des plus aboutis.

    Le lecteur prend un plaisir certain à suivre l’écrivain dans les pas de l’Artiste, au point d’agrémenter sa lecture de recherches sur la toile dès la mention d’un tableau.

    À titre d’exemples :

    Ce jeu littéraire et artistique entre la fiction et la réalité est fascinant.
    On découvre au fil des pages un David Hockney combatif, passionnément amoureux, parfois très seul malgré tout et son succès, irrésistiblement libre…

    Récompensé par le joli Prix Anaïs Nin, gageons que ce livre connaîtra le succès qu’il mérite en France, outre Manche et all over the world.
    Il m’a donné envie qui plus est de me plonger dans les autres oeuvres de l’auteur.

    Belle lecture à tous !

    Note de l’éditeur (Gallimard) :

    «Peut-être n’éprouverait-il plus jamais de passion comme celle qu’il avait sentie pour Peter, peut-être n’y aurait-il plus d’union parfaite, mais il restait la perfection de l’amitié, la beauté des cyprès sur les collines et la joie que donnait le travail. Et s’il oubliait Peter, s’il réussissait à vivre sans lui, ce dernier ne reviendrait-il pas? Personne n’était attiré par la tristesse et la mélancolie. Mais par la gaieté, la force, le bonheur, oui.»
    Né en 1937 dans une petite ville du nord de l’Angleterre, David Hockney a dû se battre pour devenir un artiste. Il a vécu entre Londres et Los Angeles, traversé les années sida et secoué le monde de l’art avec une vitalité et une liberté que n’ont entamées ni les chagrins amoureux, ni la maladie, ni les conflits, ni le deuil. Sous la plume incisive de Catherine Cusset, ce livre à mi-chemin du roman et de la biographie dresse un portrait intime, émouvant, habité, du peintre anglais vivant le plus connu.