Étiquette : Romans français

  • « Là où s’arrête la terre » de Sylvie Le Bihan…

    « Là où s’arrête la terre » de Sylvie Le Bihan…

    Un soir d’automne à Paris, sur un coup de tête, une femme fuit sa vie de mariée et d’amante pour suivre un homme qu’elle ne connaît pas en Bretagne.

    De confidences en confidences une relation particulière se tisse, douloureusement.
    Deux histoires se font écho et vont s’entremêler dans une atmosphère tendue, une parenthèse salée tourmentée, là où s’arrête la terre… et peut-être la souffrance d’aimer.

    Sylvie Le Bihan sait assurément installer la tension, le malaise, grâce à son écriture moderne et sans fard.

    Elle nous propose ici un portrait de femme, une chieuse (on peut le dire) dans toute sa splendeur, attachante au dernier degré malgré son monstre d’égoïsme.

    Un roman particulièrement sombre mais qui sait au final s’affranchir de toute tristesse parce qu’il libère un lourd secret auquel on ne s’attend pas.

    Belle lecture à tous !

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     Editions Seuil

  • « Buvard, une biographie de Caroline N.Spacek » de Julia Kerninon…

    « Buvard, une biographie de Caroline N.Spacek » de Julia Kerninon…

    Choisi parce que j’ai eu un coup de coeur pour la couverture que j’ai trouvée magnifique, j’ai littéralement été happée par son contenu !

    Note de l’éditeur

    Un jeune homme réussit à forcer la porte d’une romancière célèbre, Caroline N. Spacek, réfugiée en solitaire dans la campagne anglaise depuis plusieurs années. Très jeune, elle a connu une gloire littéraire rapide et scandaleuse, après une enfance marquée par la violence et la marge. Il finit par s’installer chez elle et recueillir le récit de sa vie.

    Le lien, aussi étrange que naturel, aussi fascinant qu’essentiel, tissé entre un écrivain et un étudiant-lecteur-témoin qui absorbe tout nous plonge d’emblée dans un huis-clos biographique dévorant d’où émerge une histoire des plus magnifiques…
    En filigrane, une réflexion sur l’Ecriture et la Lecture, passions qui peuvent s’avérer aussi douces que violentes.

    Ce livre, je l’ai beaucoup aimé. BEAUCOUP !
    C’est une pépite littéraire comme je les aime.
    J’ai adoré l’atmosphère entourée de mystères, les personnages attachants, le style qui laisse la place autant à la contemplation imaginative qu’à la mise en scène qui n’est pas de tout repos.

    Julia Kerninon a le don rare de savoir nous balader et de tenir en haleine celui ou celle qui se glisse dans ses lignes…

    Un livre que je recommande vivement donc.

    Belle lecture à tous !

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    Editions Poche Babel / Actes Sud

    NDLR. Je le verrais bien adapté au théâtre…

  • « Les échoués » de Pascal Manoukian…

    « Les échoués » de Pascal Manoukian…

    Ce livre, il a fallu que j’attende un peu (trop avec le recul ! faute avouée à moitié pardonnée) pour me plonger dedans.
    Beaucoup d’avis positifs dans le Groupe des 68.
    Cela aurait dû booster mon envie. Etrangement, cela a provoqué le contraire sur le coup. C’est souvent comme cela lorsque j’entends trop parler de quelque chose… 😉

    Je le gardais toutefois dans un coin de ma tête.

    Et puis il y a eu cette soirée Lecteurs.com et la rencontre avec Pascal Manoukian himself.
    L’écouter répondre aux questions que pose son manuscrit avec autant d’humilité et de bienveillance et bavarder un moment avec lui l’a « désacralisé » en quelque sorte.

    A partir de là…

    Note de l’éditeur :

    1992. Lampedusa est encore une petite île tranquille et aucun mur de barbelés ne court le long des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Virgil, le Moldave, Chanchal, le Bangladais, et Assan, le Somalien, sont des pionniers. Bientôt, des millions de désespérés prendront d’assaut les routes qu’ils sont en train d’ouvrir.
    Arrivés en France, vivants mais endettés et sans papiers, les trois clandestins vont tout partager, les marchands de sommeil et les négriers, les drames et les petits bonheurs.

    A la lecture, ce qui m’a d’abord frappé c’est le grand réalisme dans les vécu des migrants. En tout cas ce que l’on peut s’en imaginer (installés bien confortablement dans nos canapés douillets).
    Pascal Manoukian est journaliste grand reporter. Il a couvert la plupart des grands conflits qui ont secoué la planète entre 1975 et 1995. Il est également directeur éditorial de l’agence de presse Capa (sur le départ nous a-t-il confié, son mandat étant arrivé à son terme).
    L’on comprend donc mieux cette sensation du réel qui nous dépasse en connaissant sa biographie.

    Ensuite, la force de son écriture n’a pas pu me laisser indifférente.
    Il signe ici un premier roman d’une grande maîtrise.

    Enfin c’est un roman extrêmement bien documenté qui fait réfléchir.
    Forcément.
    Je défie quiconque de le lire et de ne rien en tirer dans sa façon de voir certaines choses.

    Parce que franchement…

    Comment notre monde a-t-il pu en arriver là ?!
    Combien d’espérances noyées, sacrifiées, enterrées et j’en passe ?!
    Courir après une meilleure vie serait-il forcément trouver de telles déception, misère, intolérance, humiliation, violence, mort ?

    Nietzsche disait « Je tombe mais je me relève toujours ».
    L’écho de cette citation évoquée par l’écrivain lui permet de ne jamais sombrer dans le pathos et de rester finalement positif, voire même optimiste.

    « Il faut survivre »

    « Pourtant (…) partir est une tradition ancienne (…).
    Le voyage est source d’apprentissage, de sagesse, d’enrichissement personnel »

    « Chaque acte de solidarité ou de résistance, le plus petit qui soit (…)
    redonne la force d’avancer »

    J’en envie d’y croire en tout cas.

    « Les échoués », c’est le cancer de nos sociétés dites « civilisées ».
    Sa lecture est INDISPENSABLE.

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    Editions Don Quichotte

  • « 2084 La fin du monde » de Boualem Sansal…

    J’ai toujours eu un petit faible pour les manuscrits qui font réfléchir, qui ne sont pas forcément faciles mais qui sont tellement intéressants au final que cela en fait de grands livres…

    « 2084 » fait partie de ceux-là.

    Dans la veine de « Soumission » (Houellebecq) et de « Ah ! ça ira… » (Denis Lachaud), l’écrivain porte un regard sociologique, religieux, politique et philosophique sur le monde……………………………. qui nous attend ?

    L’Académie Française ne s’est pas trompée en lui accordant son Grand Prix cette année.

    Roman fable ?
    Roman parabole ?
    Roman pamphlet ?

    Boualem Sansal n’a pas peur de parler du radicalisme religieux qui menace nos démocraties.
    Il nous propose une réflexion nécessaire et utile…

    A LIRE !

    « Le système touffu des restrictions et des interdits, la propagande, les prêches, les obligations culturelles, l’enchaînement rapide des cérémonies, les initiatives personnelles ) déployer qui comptaient tant dans la notation et l’octroi des privilèges, tout cela additionné avait créé un esprit particulier chez les Abistani, perpétuellement affairés autour d’une cause dont ils ne savaient pas la première lettre »

    « L’Appareil allait parfois trop loin dans la manip, il faisait n’importe quoi, jusqu’à inventer de faux ennemis qu’il s’épuisait ensuite à dénicher pour, au bout du compte, éliminer ses propres amis »

    « Le doute amène l’angoisse, et le malheur ne tarde pas »

    « Franchir les limites, c’est quoi ? pour aller où ? »

    « Dans son infinie connaissance de l’artifice, le Système a tôt compris que c’était l’hypocrisie qui faisait le parfait croyant, pas la foi qui par sa nature oppressante traîne le doute dans son sillag, voire la révolte et la folie »

    « L’amitié, l’amour, la vérité sont des ressorts puissants pour aller de l’avant, mais que peuvent-ils dans un monde gouverné par des lois non humaines ? »

    « C’est comme ça, un problème reste un problème tant qu’on ne lui a pas trouvé de solution »

    « Une conspiration peut en cacher une autre et la vérité comme le mensonge existent que pour autant que nous y croyions »

    « Le savoir des uns ne compense pas  l’ignorance des autre, et l’humanité se règle  toujours sur le plus ignorant d’entre les siens. L’ignorance domine le monde, elle est arrivée au stade où elle sait tout, peut tout, veut tout »

    Editions Gallimard

    L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions.
    Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion…

  • « Je n’ai jamais eu de petite robe noire » de Roselyne Madélénat…

    Ce qui est bien quand on est au chaud chez soi, c’est que je peux rattraper mon retard sur le blog… et vous parler d’un livre : le premier roman de Roselyne Madélénat.

    Note de l’éditeur :

    Florence est journaliste dans la presse féminine et mène une vie sentimentale décousue. Depuis sa jeunesse, elle a rompu avec sa famille.
    Lors de l’enterrement de sa mère, Florence renoue avec son père qu’elle ne voyait plus. Ensemble, ils tissent un lien un peu fou, étrange.
    Cette mort ne se contente pas de mettre à nu des sentiments enfouis, elle ouvre aussi la boîte de Pandore sur un secret de famille datant de 1943 dont son père est le seul à détenir la clef…

    « Le plus difficile pour certaines questions,
    c’est de trouver le courage de les poser »

    L’histoire, entrecoupée de dialogues entre vivants et disparus qui rythment le texte, est une véritable enquête familiale qui se tisse au fil des pages.

    « La vérité, une fois qu’elle nous tombe dessus,
    nous ne pouvons rien faire pour la mettre à l’écart et l’oublier,
    elle prend toute la place,
    nous bouffe tel un cancer infiltrant »

    La plume mêle avec autant de brio le romanesque pur et une terrible réalité de la guerre 39-45.
    Elle est très prometteuse.

    Roselyne Madélénat offre aux lecteurs un livre profondément beau sur la famille, l’Amour, les non-dits, le pardon…
    Je vous recommande vivement sa lecture.

    Parce que courir après certaines ombres, c’est courir après la Vie !

    Editions Hugo Roman

    NDLR. L’auteur sera en dédicace mardi prochain à la Librairie de Paris.

  • « Nos âmes seules » de Luc Blanvillain…

    Clément travaille dans une société high-tech et pilote sa carrière d’une main de maître grâce aux conseils analytiques et stratégiques fort avisés de sa compagne Myriam.
    Il rencontre un jour Meryl, une jeune femme pas comme les autres dont la puissance est incalculable…

    Beaucoup de personnes du Challenge des 68 premières fois ont aimé ce livre.
    Mais comme souvent, et ce n’est pas par esprit de contradiction je tiens à le préciser, je ne ferai pas partie de la masse.

    Je ne dis pas qu’il est raté, mais certaines longueurs récurrentes et une fin prévisible (le dernier paragraphe est un peu trop à l’eau de rose à mon goût) ont gâché quelque peu mon plaisir de lecture et l’intérêt que j’aurais pu lui porter.
    Dommage parce que la matière était bien là…

    Editions Plon

  • « La dernière nuit du Raïs » de Yasmina Khadra…

    Peut-on dire que rentrer dans la tête d’un dictateur mégalomane procure un plaisir de lecture ?
    Question sans doute incongrue mais c’est aussi à cela que servent les écrivains : nous pousser dans certains retranchements…

    Yasmina Khadra nous propose donc de vivre dans les pensées, les paroles, les gestes de Mouammar Kadhafi lors de la dernière nuit précédent sa mort.

    Force est de constater que son livre est très réussi. La vie de ce jeune berger bédouin « venu de rien » devenu Colonel puis Chef d’Etat à 27 ans (et pendant 41 ans !) en Lybie est bien documentée et l’écriture le rend aussi fascinant (quelque part) que glaçant, effroyable, dérangeant. L’écrivain tente indirectement par ce biais d’expliquer (si tant est que cela puisse être possible) ce qu’il s’est passé.
    Les choses que nous apprenons n’excusent en rien les atrocités qu’il a pu commettre mais nous amène à réfléchir (notamment sur certaines ingérences occidentales)…

    Belle lecture à tous !

    « La vérité n’existe pas.
    Les gens croient ce qui les arrange. »

    « L’important n’est pas d’où l’on vient, mais le chemin que l’on a parcouru.
    Personne ne m’a fait de cadeau. »

    « La vie n’est qu’un rêve dont notre mort sonne le réveil.
    Ce qui compte n’est pas ce qu’on emporte, mais ce qu’on laisse derrière soi. »

    « Je ne regrette pas d’avoir sévi.
    C’était légitime et nécessaire. »

    « Seuls les êtres d’exception finissent ainsi, dans un bain de foule. »

    « Tu n’écoutes que d’une oreille, celle que tu prêtes volontiers à tes démons, tandis que l’autre reste sourde à la raison. »

    Editions Julliard 

  • « Les gens dans l’enveloppe » d’Isabelle Monnin (avec Alex Beaupain)…

    « C’est peut-être simplement cela , être romancière :
    avoir des livres qui poussent dans les interstices de tout. » 

    « En juin 2012, j’achète à un brocanteur sur internet un lot de 250 photographies d’une famille dont je ne sais rien. Les photos m’arrivent dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard.Dans l’enveloppe, il y a des gens, à la banalité familier, bouleversante. Je décide de les inventer, puis de partir à leur recherche. Un soir, je montre l’enveloppe à Alex. Il dit : « On pourrait aussi en faire des chansons, ce serait bien. » Les gens dans l’enveloppe, un roman, une enquête, des chansons »

    Dans ces pages l’écrivain (également journaliste) nous parle d’humanité.
    Avec une bienveillance folle.

    Comme l’a si justement dit mon libraire Dominique des Guetteurs du Vent lors de la rencontre organisée le 15 septembre dernier, c’est un OLNI : un objet littéraire non identifié !

    C’est effectivement un livre concept.
    Un livre à part.
    D’une rare beauté.

    Le type même d’oeuvre que l’on dévore tout en la laissant volontairement traîner pour ne pas la quitter.
    Parce que nous aurions bien aimé être ces « gens » sous la plume d’Isabelle Monnin… et dans l’oreille d’Alex Beaupain !

    Et me vient tout à coup à l’esprit cette citation de Léonard de Vinci que j’aime particulièrement : « La simplicité est la sophistication suprême. »

    Belle lecture à tous !

    Editions JC Lattès

  • « Appartenir » de Séverine Werba…

    « Appartenir » de Séverine Werba…

    « Boris venait de loin et on n’en parlait pas.
    Il venait de loin et c’était assez comme ça.
    Pas de quoi en faire une histoire. »

    Et pourtant si…

    Boris, c’était le grand-père, dont « la famille a été assassinée pendant la guerre ».

    « Au début, je n’y ai pas vraiment prêté attention.
    On ne prête pas attention aux souvenirs ».

    A 20 ans, la narratrice s’installe dans l’ancien appartement familial et se sépare de tous les livres lui ayant appartenu.

    « Il n’empêche que je suis soulagée et que ma vie peut commencer.
    Enfin c’est ce que je crois.
    Je regrette vite mon geste. »

    Elle se rend très vite compte de l’erreur qu’elle a commise et qui désormais va la hanter…

    « Rien ne me paraît plus important que de me souvenir et de les retrouver. »

    Mais « peut-on se souvenir d’une chose que l’on a pas connue ? »

    Après une totale indifférence, l’attraction des absents deviendra irrésistible, indispensable.

    Séverine Werba nous propose avec ce premier roman une enquête identitaire intense et vitale.

    « Je témoigne d’un non -témoignage, je témoigne d’un silence, d’un  trou laissé par la souffrance.
    Je témoigne d’une amputation.
    Je n’ai rien vu de mes yeux, je n’ai pas de souvenirs, je n’ai pas connu ceux qui sont morts et pourtant ils m’importent.
    Et pourtant je les cherche. »

    L’ombre de Boris (et des autres) plane…
    L’ombre d’elle-même…
    Véritable catharsis…

    Roman ou récit ?
    Je comprends que l’on puisse légitimement se poser la question mais peu importe à mes yeux.
    Plusieurs jours après la dernière page tournée, l’h(H)istoire m’habite toujours.
    Et c’est bien cela que je demande à un livre : qu’il m’imprègne et qu’il en reste quelque chose.

    Belle lecture à tous !

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     Editions Fayard