Étiquette : Romans français

  • « Ce qui nous sépare » d’Anne Collongues…

    « Ce qui nous sépare » d’Anne Collongues…

    Sept histoires qui s’entremêlent pour n’en faire au final qu’une seule, au gré des stations et d’un voyage effectué en RER, voici ce que nous propose le premier roman d’Anne Collongues.

    « Peu importe la destination, seul compte le départ »

    « (…) à quel point il est agréable de s’asseoir dans un train,
    de se confier au mouvement,
    l’apaisement instantané que procure le détachement »

    « Le fauteuil rend spectateur et la vitesse léger »

    « (…) des villes qui ressemblent à s’y méprendre à celle d’où elle est partie tout à l’heure, villes sans commencement ni fin,
    qui se fondent les unes aux autres, grises, maussades (…) »

    Servies par une écriture (déjà) maîtrisée et métaphorique à souhait (je ne suis pas étonnée qu’elle ait été publiée chez Actes Sud), ces bribes de vies faites d’illusions, de rêves, de regrets, d’espoirs, de solitudes marquent de leurs empreintes psychologiques ces pages dont les rames sinueuses engendrent des tournants singuliers dans chacune des normalités décrites.

    Ce qui sépare est parfois ce qui rassemble…

    « Choisis ce que tu veux et ensuite continue, sinon ça ne sert à rien »

    « Il faut persévérer pour progresser et prendre du plaisir »

    « L’ailleurs vers lequel elle rêvait de se tirer »

    « (…) c’est le même paysage qui revient indéfiniment comme reviennent les jours, quand ils se suivent et s’émoussent, (…) »

    « Impossible de revenir en arrière, c’est trop tard. Il suffirait pourtant de presque rien pour dévier la trajectoire des évènements »

    J’ai simplement envie de vous dire ceci : laissez vous embarquer !

    Et pour tous ceux qui prennent quotidiennement les transports en commun : ce livre va vous faire les apprécier. 

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    NDLR. Huitième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

    Note de l’éditeur :

    Un soir d’hiver, dans un RER qui traverse la capitale et file vers une lointaine banlieue au nord-ouest de Paris. Réunis dans une voiture, sept passagers sont plongés dans leurs rêveries, leurs souvenirs ou leurs préoccupations. Marie s’est jetée dans le train comme on fuit le chagrin ; Alain, qui vient de s’installer à Paris, va retrouver quelqu’un qui lui est cher ; Cigarette est revenue aider ses parents à la caisse du bar-PMU de son enfance ; Chérif rentre dans sa cité après sa journée de travail ; Laura se dirige comme tous les mardis vers une clinique ; Liad arrive d’Israël ; Frank rejoint son pavillon de banlieue.

  • « Le mystère Henri Pick » de David Foenkinos…

    « Le mystère Henri Pick » de David Foenkinos…

    David Foenkinos est devenu un de mes chouchous après son « Charlotte » que j’avais trouvé (et que je trouve encore) admirable (je réitère une nouvelle fois ici : il méritait le Goncourt !!!).

    Avec « Le mystère Henri Pick« , il nous emmène dans un tout autre univers et c’est aussi cela que j’aime chez lui à chacune de ses parutions : il nous propose toujours autre chose, il nous transporte en tant que lecteur toujours ailleurs…

    Note de l’éditeur :

    En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu’elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l’écrivain et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses… Aurait-il eu une vie secrète? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n’était qu’une machination? Récit d’une enquête littéraire pleine de suspense, cette comédie pétillante offre aussi la preuve qu’un roman peut bouleverser l’existence de ses lecteurs.

    L’écrivain nous offre ainsi avec ces pages un polar littéraire que je qualifierais de diabolique !
    J’entends par là que LE rebondissement arrive vraiment à la fin du livre.
    Il nous balade avec un plaisir certain tout du long…

    Dans une enquête, j’aime m’amuser à essayer de résoudre l’énigme.
    J’avais échafaudé deux hypothèses. La chute s’est révélée être la deuxième.

    L’idée de départ de « bibliothèque des livres refusés » (qui existe ! Richard Brautigan a été à l’origine du concept) est absolument exquise.

    L’histoire est délicieusement truffée de pointes d’humour et de clins d’oeil  en tout genre et les (nombreux) personnages sont attachants.
    Quant à la satire de notre société actuelle et celle du monde de l’édition (« notre époque mutait vers une domination totale de la forme sur le fond »), au-delà d’être fort intéressante elle est juste jubilatoire !

    C’est un livre que l’on a du mal à lâcher dès qu’on le commence.
    On passe vraiment un bon moment.

    En dire plus serait le dévoiler donc, belle lecture à tous !

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    Editions Gallimard

    NDLR. Les éditions JC Lattès ont publié en mars dernier également (hasard du calendrier ?) le livre de Irving Finkel « Au paradis des manuscrits refusés« , « merveilleuse déclaration d’amour aux livres et aux manuscrits en tout genre » (je cite). Nul doute que je le lirai dès que j’en aurai l’occasion…

  • « Le grand marin » de Catherine Poulain…

    « Le grand marin » de Catherine Poulain…

    J’avais comme un gros doute.
    Il s’est malheureusement confirmé.
    Je me suis forcée eu égard à la sélection des 68 (j’ai fait la promesse de lire tous les livres choisis).

    Une nouvelle fois donc, me voici à contre-courant (sans vouloir faire de mauvais jeu de mots).

    Ce premier roman est encensé par beaucoup.
    Il est même qualifié de « grand » par certains.
    Eh bien je suis désolée de l’annoncer tel quel : je me suis profondément ennuyée !

    N’en déplaise à la plupart , je n’ai pas réussi à relever la moindre trace de contemplation ou de poésie entre les lignes.
    Trop de dialogues que j’ai trouvé inintéressants au possible coulent sans aucun doute le livre pour cause de longueurs multiples et je n’ai éprouvé aucune émotion face à l’écriture saccadée de l’auteur.

    Seul point positif : je connais désormais beaucoup d’espèces de poissons !

    Editions de L’Olivier 

    NDLR. Septième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 ! 
    Ce livre est sélectionné pour le Prix Orange 2016.

  • « Mensonges et faux-semblants » de Martine Magnin…

    Emue.
    Remuée.
    Chamboulée.

    Céline, respire !

    « Tu sais, Jenny, derrière ces murs, on enferme les petites filles qui parlent trop… »

    Petite fille docile et sensible, Jenny passe les sept premières années de sa vie dans le mensonge et la douleur.

    Elle survit, essaie de comprendre et subit en silence et dans les pleurs. Marquée pour toujours, elle écrit et clame ainsi publiquement les faits. Elle raconte, avec courage et détermination, la maltraitance sexuelle. Le ton, d’une sobriété pudique, est celui d’une violence rentrée et maîtrisée sous forme d’interrogations quant au rôle d’une mère dans le déni. Car plutôt que de se concentrer sur la pathologie et les agissements du prédateur et d’accuser, Mensonges et Faux-semblants évoque avant tout le comportement des proches, mère et grand-mère, englués avec complaisance dans leurs mensonges, leur passivité et leur confort organisé. Toute l’originalité de ce récit se situe dans l’évocation d’une tacite malfaisance familiale et pose la question d’une résilience possible.

    Lecteur(s), prenez bien soin de votre organe qui bat à tout rompre.
    Parce que parfois, comme à la lecture de ce petit-GRAND livre, on a le souffle coupé, le coeur dans la bouche prêt à exploser.

    Des pages intimes sur une petite fille abusée, qui mêle le « je » et le « elle » comme le dicible et l’indicible.
    Une écriture sensible, qui ne flirte jamais avec le pathos ou le too much.
    Un roman-témoignage terriblement touchant.

    Sans l’ombre d’un doute horrible à vivre (et à avoir vécu).
    Certainement pas simple à coucher sur le papier.
    Assurément pas facile à lire sans que cela provoque toutes sortes d’émotions.

    A notre retour d’Asie, à l’occasion d’un dîner, j’ai rencontré un p’tit bout d’femme drôlement attachante.
    Je viens de découvrir l’écrivain.

    Martine, je ne remuerai pas la salade cette fois-ci.
    Je te serre tout simplement dans mes bras.

    Ce livre est à lire.
    Cet auteur est à aimer. Eperdument.

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    Editions Estelas

    Merci à Denis et à Cathy (qui se reconnaîtront) pour la mise en relation…

  • « Chaque seconde est un murmure » d’Alain Cadéo…

    « Chaque seconde est un murmure » d’Alain Cadéo…

    Ce billet aura sans doute été un des plus difficiles à écrire jusqu’à ce jour.
    Cela fait trois jours que je suis dessus.
    Sans doute parce que ce livre m’habite encore, et pour un moment…

    Note de l’éditeur :

    Depuis deux ans, ou un peu moins, ou une éternité, je marche, je prends des trains, des bus, je fais du stop, je m’agrippe à la route comme un scarabée vert ayant replié ses élytres. Je croise les humains, parle à peine avec eux, je ne suis pas très liant. Il m’arrive parfois de rester un ou deux jours en leur compagnie, mais, c’est plus fort que moi, je repars assez vite. C’est curieux, je n’ai aucune mémoire. Ou plutôt j’ai des trous, grands et veloutés comme des ailes de phalènes. J’avance et tout s’efface derrière moi.

    Après un accident de voiture, le jeune Iwill a rompu toutes attaches familiales. Il va désormais au hasard des routes. Lorsqu’il arrive à Luzimbapar, il rencontre Sarah et Laston. Le couple vit coupé du monde entouré d’une meute de chiens féroces. Pendant que Laston creuse des tunnels sans fin dans une ancienne mine de cuivre, Sarah confie à Iwill un cahier sur lequel il devra consigner sa vie, instaurant un pacte tacite : il s’en ira une fois le cahier achevé… Une étrange relation s’installe entre eux : ses hôtes inquiètent Iwill autant qu’ils le fascinent. Mais Iwill est-il vraiment libre de ses mouvements, les chiens le laisseraient-ils partir sans broncher s’il le décidait ?

    Des pages remarquables sur la Vie, la Mort, l’Amour, l’Absence, la Fuite, le Temps, la Liberté, le Silence…

    « On ne peut pas empêcher la vie de vivre. »

    « Tout est dissimulé, tout est à comprendre à demi-mot. »

    « Rien ne vaudra à jamais l’éclaboussant silence des étoiles
    qui accompagnent mes départs. »

    « Si le hasard est un bordel, le destin, lui, est un sacré beau dessin. »

    « Se confier, c’est livrer ses odeurs les plus secrètes. »

    « On est toujours le même, il n’y a que le paysage que l’on traverse qui change. »

    « Le confort, c’est la drogue des faibles et des trouillards. »

    « Le seul métronome qui calme vraiment mon coeur
    c’est la cadence de mes pas sur des routes sans fin. »

    Sublime mise en abîme, Alain Cadéo nous plonge dans une introspection d’une beauté poétique irrésistible servie par une plume ciselée d’une délicatesse absolue.

    Donner, trouver un sens à sa vie après un malheur insurmontable. 13 lettres.
    Aller jusqu’au bout d’un chemin pour y trouver l’espoir, le renouveau. 9 lettres.

    De la tension du huis-clos s’évaporent des murmures qu’il vous appartient de découvrir en lisant ce livre.

    TRES belle lecture à tous !

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    Editions Mercure de France

    Un GRAND MERCI à Martine et à Alain.

  • « Amours » de Léonor de Récondo…

    « Amours » de Léonor de Récondo…

    Livre paru en janvier 2015 et applaudi par la critique (Grand prix RTL-Lire 2015 et prix des libraires 2015), il était grand temps que je le lise !

    A l’occasion de sa sortie en poche aux Editions Points, j’ai eu la chance d’être sélectionnée par Babelio pour le chroniquer sur leur plateforme et pour rencontrer l’auteur le 18 mai prochain…

    Nous sommes en 1908 dans le Cher.
    Victoire est mariée depuis cinq ans avec Anselme de Boisvaillant. Totalement étrangère aux affaires de sexe, elle n’arrive pas à donner l’héritier tant attendu.
    Soumise au droit de cuissage par son notaire de patron, Céleste, une femme de chambre, se voit contrainte de subir une grossesse non désirée, dont l’enfant sera celui du couple.

    Dès les premières lignes, pas de détours ni de faux-semblants pour ce huis-clos.
    Anselme abuse de son pouvoir, Céleste s’enferme dans le secret et le silence parce qu’elle n’a pas le choix et Victoire saute sur l’occasion pour donner ce fils espéré de par son statut et son rang en faisant fi des contraintes maternelles.
    C’était sans compter sur le sentiment délicat, pur et profond qui pouvait naître là où on ne s’y attendait pas et qui va faire voler en éclats certaines conventions sociales.

    Roman plutôt classique au départ, Léonor de Récondo a eu l’intelligence d’y ajouter au fur et à mesure des touches d’une modernité folle et évite ainsi très vite de nous plonger dans une histoire déjà lue et connue.
    C’est sans aucun doute là tout le charme et la beauté de ce livre, servi qui plus est par une écriture « aux p’tits oignons ».

    Sur l’autel des désirs, l’abnégation et un amour sacrifié nous offrent le portrait d’une magnifique émancipation féminine qui se veut au final intemporelle.

    Belle lecture à tous !

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    « De la vie on ne garde que quelques étreintes fugaces et la lumière d’un paysage. »

    Editions Points

  • « Bianca » de Loulou Robert…

    « Bianca » de Loulou Robert…

    Note de l’éditeur

    Parce qu’elle devrait manger davantage et n’aurait pas dû s’ouvrir les veines à un si jeune âge, Bianca est admise dans l’unité psychiatrique pour adolescents de sa ville natale. Bianca ne s’élève pas contre cette décision. Elle ne se révolte pas. Même si elle ne voit pas en quoi le fait d’être enfermée et soumise à de multiples interdits peut atténuer la souffrance qui la détruit, Bianca se tait, obéit et regarde. Elle observe le monde chaotique qui l’entoure. Tous, médecins, soignants, patients et familles ont l’air si fragiles, si démunis… Aucun remède ne semble exister, aucune lumière ne paraît capable d’éclairer ce lieu opaque où Bianca a le sentiment effrayant de s’être enfermée toute seule. Et pourtant… La vie est là. Les sensations, les émotions, les visages, les événements, les affrontements, les pulsions, les sentiments vous cernent et vous travaillent au corps. On peut croire qu’on ne sait plus vivre, on vit tout de même. Et Bianca observe avec une attention scrupuleuse ce flot de vie inexorable qui, sans qu’elle n’y puisse rien, l’envahit, la ranime et la submerge.
    Avec une retenue rare et une lucidité tranquille, Loulou Robert retrace le déroulé de cette traversée singulière.

    Cela commençait plutôt bien.
    Loulou Robert avait des choses à faire dire à son héroïne sur son placement en HP (eh oui, encore un livre sur ce sujet !).
    Le ton libre, typique de sa génération, rendait le livre piquant, mordant, poignant, attachant.

    « On peut mentir en souriant ou oser dire la vérité. »

    « Le silence rapproche quand on le comprend. »

    « Aujourd’hui, je me rends compte que ce n’est pas nous qui sommes fous, c’est le monde qui est fou. Et si on est abîmés, c’est parce qu’on s’en est aperçus. »

    « Tout le monde fait semblant. Le mensonge comme instinct de survie. »

    « Etre calme, ça ne sert à rien. Ca ne fait rien ressentir. »

    « Ce qui m’est arrivé ne me définit pas. »

    « Le temps abîme plus qu’il ne guérit. On oublie souvent de le dire. »

    « Quand tu n’existes pas aux yeux des autres, tu finis par ne plus exister. »

    « On ne prête jamais attention au dos de quelqu’un, sauf quand il part. »

    Et puis cela a traîné en rond et en longueur. L’histoire a fini par souffrir de clichés et l’écriture de maladresses redondantes.
    Il n’en fallait pas plus pour que la profondeur du début laisse place à l’essoufflement, à l’ennui…
    Quel dommage !

    Bianca ne m’a donc pas suffisamment convaincue pour que je défende à 100% ce premier roman.

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    Editions Julliard

    NDLR. Sixième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

  • « Comme neige » de Colombe Boncenne…

    « Comme neige » de Colombe Boncenne…

    Note de l’éditeur :

    A la maison de la presse de Crux-la-Ville, Constantin Caillaud découvre par hasard Neige noire, un roman d’Émilien Petit dont il croit pourtant avoir tout lu. Excellente trouvaille, elle va lui donner l’occasion rêvée de recontacter Hélène, sa maîtresse évanescente qui lui a fait aimer cet auteur. Mais au moment de la revoir pour lui confier le livre-sésame, il ne parvient plus à le retrouver. Il cherche alors sur Internet ; aucune trace. S’adresse à l’éditeur : le titre n’a jamais figuré au catalogue. Qu’à cela ne tienne, Constantin écrit à Émilien Petit et à ses amis écrivains : tous nient l’existence de Neige noire.

    D’entrée de jeu, nous savons donc que la réalité va flirter avec la fiction…

    « Je ne me souviens pas du tout de ce que j’ai fait hier au soir »

    Le lecteur va ainsi être baladé tout au long du livre dans une histoire aux contours volontairement flous et somme toute originale !

    Et cette phrase de Stendhal que l’on retrouve dans le livre est citée fort à propos  :

    « Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route »

    Au-delà des faux semblants, sont abordées non seulement la question des livres, de leurs auteurs, des lecteurs et de l’édition mais également celle du couple.

    Comment démêler le vrai du faux ?
    Ne pas répondre à la question nous permet de nous laisser porter avec un certain amusement…

    Belle lecture à tous !

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    Editions Buchet / Chastel

    NDLR. Cinquième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

  • « Branques » d’Alexandra Fritz…

    « Branques » d’Alexandra Fritz…

    Branque
    masculin, féminin
    argot
    familier
    Qui est un peu idiot ou stupide. 

    Note de l’éditeur

    Voici la chronique de deux filles et deux garçons internés dans un hôpital psychiatrique. Jeanne, qui y tient son journal, tente de comprendre son basculement dans « l’anormal » et de disséquer à vif les raisons de son amputation de liberté. Rageuse, pugnace, elle a pour compagnons de « branquerie », comme elle dit, Tête d’Ail, Isis et Frisco. L’un obsédé sexuel, l’autre pédante philosophe, tous transpercés par le désir amoureux autant que par la solitude, par des idéaux de justice comme par  des pulsions suicidaires. A très exactement parler, ils en bavent. Avalant des gouttes et digérant des cachets, ils refusent d’être assimilés à une faune hallucinée souvent obèse et déprimante, où les médecins ne sont pas les moins dérangés de tous. Comment ne pas crever de tristesse et de rage ? Dans un quotidien absurde, le sarcasme cautérise les plaies. Que va-t-il arriver à ces quatre personnages dérisoires comme l’humain, attachants comme la faute ?

    Voilà : le problème que j’ai pour écrire ce billet est que l’éditeur en dit trop… 😉

    Ce livre nous plonge donc dans l’univers psychiatrique, thème qui semble être à la mode dans le milieu littéraire ces derniers mois…

    J’avais adoré le sublime et terrifiant « Je m’appelle Blue » du prodige Solomonica de Winter à la rentrée littéraire de septembre dernier et j’ai également beaucoup apprécié « Bellevue » de Claire Berest en janvier.

    Alexandra Fritz arrive à tirer son épingle du jeu avec ce premier roman et à aborder le temps, le ressenti, la souffrance, l’errance, la solitude, les regrets, les rêves perdus, les souvenirs, la liberté par le biais d’une écriture et d’une construction littéraire intéressantes.

    Belle lecture à tous !

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    « Je ne crains personne, je ne crains qu’une chose, c’est que la vie reparte sans que je trouve la force de me tuer à nouveau »

    « Ah les arts. Ils permettent d’y voir plus clair quand on n’y voit plus rien »

    « Mais il est temps d’écrire (…) Essayer de faire le tour de mon « je  » en laissant la porte ouverte »

    « Ecrire sur la solitude c’est comme laisser la lumière allumée dans la pièce d’à côté »

    « Je parle d’un double absente, qui est multiple, et qui me manque »

    « On se dit qu’il faut tenir. Pourquoi ? Parce qu’il faut »

    « Ici, c’est impossible de rester normal ou de le redevenir »

    « Chercher la beauté du monde là où il est impossible de l’oublier »

    « Enfermement, ceux qui le choisissent, ceux qui le subissent, chacun la pierre autour du cou »

    Editions Grasset

    NDLR. Quatrième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !