« Le capitaine à l’heure des ponts tranquilles » de Gérard Gréverand…

Note de l’éditeur :

À ses quinze ans, en 1932, Archibald Van Kortrijk, dit Bart, décide de s’engager comme mousse sur le Black Star, un cargo assurant la liaison Amsterdam-Cape Town. Il découvre la dureté des jours en mer, la promiscuité avec l’équipage, la mauvaise cuisine, la beauté du monde. Un après-midi, une rixe violente éclate avec Andriezsoon, le second du navire. Si Bart s’impose, il connaît désormais un ennemi éternel…
1949. Après plusieurs années à quai, Bart peut à nouveau naviguer. Il embarque pour l’Indonésie, ignorant que là-bas, dans cette île chaude et suave, l’attend la ravissante Kusuma. Mais les marins, paraît-il, n’ont d’autre épouse que la mer…
Dans ce roman qui mêle folles aventures, amours et souvenirs, on croisera Rackham le Rouge et Jacques Brel, entre les brumes hollandaises et la douceur de Jakarta.

J’en ai profité au maximum.
J’ai retardé la fin.
J’étais bien.
Mais le voyage doit bien se terminer un jour…

Ces pages sont de véritables bouffées d’oxygène !
A la lecture, on a qu’une seule envie : embarquer pour de lointaines contrées, libre de tout.
La liberté comme le souffle du vent dans les voiles d’un navire, malgré tout de même certaines contraintes.

Cela sent bon l’iode, les épices, le sucre, l’encens, le thé, les sublimes escales (Thaïlande, Birmanie, Le Cap, Sri Lanka, Indonésie…) et les ports d’attache.

Les souvenirs d’un vieux marin prennent vie dans des descriptions tout à la fois épiques mais réalistes car empreintes de doutes, de découragements, de bonheurs, d’amertume, de joies, de peines…

Si « Le Grand Marin » de Catherine Poulain m’a profondément ennuyée, « Le capitaine à l’heure de ponts tranquilles » est une grande réussite en la matière.
C’est un premier roman merveilleusement abouti, tant côté histoire qu’écriture.

Je vous le recommande vivement.

Belle lecture à tous !

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Editions Les Escales

« L’heure bleue » d’Elsa Vasseur…

Note de l’éditeur : 

Zoé, dix-sept ans, accepte l’invitation de Lise, une camarade de terminale qui lui propose de passer l’été en Grèce pour s’occuper de son jeune neveu. Elle se retrouve sur l’île privée de Dolos, plongée dans l’intimité de la flamboyante famille Stein ou règnent les non-dits et les faux-semblants.
Dans la somptueuse villa qui domine la mer, Zoé peine à saisir les clés de l’univers lisse et clinquant de ce monde qui n’est pas le sien. Que s’est-il passé avec la précédente baby-sitter pour qu’elle refuse de garder l’enfant pendant les vacances ? Et de quoi souffre Rose, la splendide soeur de Lise qui crée un malaise à chacune de ses apparitions ? Adam, son mari, semble l’ignorer totalement et ne pas être non plus à sa place au sein de sa belle-famille.
Prise dans le chassé-croisé des tensions et des manipulations qui s’exacerbent dans la chaleur estivale, Zoé va vivre une épopée intime qui ressuscitera les fantômes de son passé et la fera entrer sans ménagements dans l’âge adulte.

J’ai lu des avis très très contrastés de ce premier roman et je tenais à m’en faire ma propre opinion.

Avec une si jolie couverture qui fleure bon les vacances et un titre enchanteur côté imaginaire, cela ne pouvait pas être entièrement raté !

Eh bien je confirme (si besoin en est) : je suis décidément à contre-courant, comme souvent…

La difficile acceptation d’un malheur terrible, la mort, la maladie, les classes sociales, le pardon, l’apprentissage, les séparations, le bonheur, la tristesse, la solitude, la manipulation, les premiers balbutiements amoureux…
Il y a au final pas mal de choses dans ce livre qui ne se la pète pas et qui est loin d’être inintéressant dans les thèmes abordés et dans l’écriture.

Il mérite donc que l’on s’y attarde.
En tout cas c’est mon avis.
C’est une jolie surprise, et l’écrivain est à suivre.

« L’heure bleue », ou le passage de l’adolescence à l’âge adulte…

Belle lecture à tous !

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« La tristesse a une date de péremption. Comme le bonheur, c’est un sentiment entier, organique, qu’il faut saisir au bon moment afin d’en conserver la fraîcheur intact »

Editions Robert Laffont
252 pages

NDLR. Onzième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

68 premières fois édition 2016 L'insatiable Charlotte

« Moro-sphinx » de Julie Estève…

Note de l’éditeur

Lola est une trentenaire parisienne, comme les autres. Enfin pas tout à fait. Jamais la phrase dite par Charles Denner dans L’homme qui aimait les femmes de François Truffaut n’a été si bien appliquée : les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le monde en tous sens. Lola arpente la ville, amazone, chaque fois que son envie devient plus forte que la raison, l’homme succombe, chasseur devenant proie, même le plus repoussant. À la fin de l’acte, clac, elle lui coupe un ongle. Lola, c’est M la maudite, aux pulsions guerrières. Elle semble sortie d’un manga, bouche rouge et grands yeux. Jusqu’à ce que Lola tombe amoureuse. Mais est-elle vraiment faite pour l’amour ? Et si la passion, c’était la fin du rêve ?

Lola est une serial lover des plus particulières…

Elle butine. Les hommes.
Elle collectionne. Leurs ongles.
Comme des trophées. Sur l’autel de la solitude, de la détresse, de la misère affective.

« Elle mérite d’avoir un truc à elle, un truc qui ne la quittera pas,
quelque chose qui ne meurt pas »

« Vous vous rendez compte le sexe qu’il faut pour remplir un bocal, même petit, ce qu’il faut de coups et de chagrin pour faire ça »

« Le chocolat amincit les peines,
il console quand on n’a pas deux bras sous la main pour vous serrer »

« Les grands désirs n’ont pas de grandes cause, pas de raison »

« La dignité est un sacerdoce et l’océan a de ces horizons
qui vous font prendre le large »

« On peut vivre sans richesse, presque sans le sou.
Mais vivre sans tendresse, on ne le pourrait pas »

« Elle veut couper le son, l’image, elle veut disparaître, s’échouer tout au fond.
Elle pue la misère et l’eau du bassin »

Et puis un jour l’insecte se fait attraper et s’interroge sur l’Amour et son avenir, sur le pardon.

« Ca commence par un rien et ça finit dans une longue traînée d’amertume »

« Elle a le trac car bientôt, il l’aimera dans la normalité ou pire, par habitude »

« Le pardon réclame du temps »

« Mais dans le coeur c’est différent. 
Dans le coeur, le coup de grâce.
Dans le coeur, elle peut s’échapper »

Julie Estève est un papillon qui vient d’éclore.
Sa trompe est d’une grande précision, tout à la fois crue et puissante et en fait au final un écrivain inoffensif mais nécessaire.
C’est une espèce peu commune, à sauvegarder (obligatoirement), dont on reparlera (forcément).

Belle (sacrée) lecture à tous !

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Editions Stock
Parution : 20/04/2016
177 pages

NDLR. Dixième lu de la sélection du Challenge 68 édition 2016 !

68 premières fois édition 2016 L'insatiable Charlotte

« Le Dieu des Petits Riens » de Arundhati Roy…

C’est Ludivine du blog « Emilia & Jean » qui m’a offert ce livre et qui marque mon entrée dans la littérature indienne…

Note de l’Editeur :

Rahel et Estha Kochamma, deux jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l’oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, désertée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable. Un drame va ébranler leur existence et les séparer. Comment réagir quand, à huit ans, on vous somme de savoir «qui aimer, comment et jusqu’où» ? Comment survivre quand, après un événement affreux dont on a été témoin, on vous demande de trahir la vérité pour l’amour d’une mère ?

Dès le début, j’ai été subjuguée par l’écriture.
La traduction est, je pense, très réussie et participe pour beaucoup à la qualité de la lecture (bravo à Claude Demanuelli, personne de l’ombre ô combien indispensable !).

Ce Dieu des Petits Riens est le premier roman de l’auteur, le plus célèbre écrivain indien de langue anglaise.
Pour ce livre inspiré de sa vie, elle a reçu le Booker Prize en 1997.

J’avoue avoir été très vite obligée de me plonger dans quelques recherches sur la littérature en provenance d’Inde.
Je n’y connaissais absolument rien. J’étais un peu perdue.
Il m’a donc fallu m’imprégner de certaines informations essentielles qui m’ont permis de mieux comprendre et de me replonger avec délice dans les lignes.

L’Inde, comme la plupart des pays d’Asie, est très codifiée.
Qui plus est, elle a été colonisée pendant de nombreuses années.
A travers les personnages, nous avons affaire à une véritable dissection des codes de cette société si particulière.
Arundhati Roy y dénonce l’injustice fondée sur le système des castes sur fond d’imaginaire et de liberté liés à l’enfance.

Si la construction peut sembler décousue au premier abord, nous sommes finalement en présence de souvenirs qui s’enchaînent comme dans des rêves, au gré d’évènements plutôt dramatiques même si certains passages sont également drôles.

Ce livre m’a donnée envie d’en découvrir plus sur ce foyer de civilisations qui compte parmi les plus anciens du monde.
Il est émouvant, envoûtant, poétique…

Belle lecture à tous !

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Editions Folio

A lire accompagné d’un très bon Darjeeling of course!

« Le festin du lézard » de Florence Herrlemann…

Note de l’éditeur :

La nuit est tombée sur la grande et mystérieuse maison. Au fond du parc, la lourde grille reste obstinément femée sur l’autre monde. De la salle à manger montent des voix. Avec son fidèle Léo, Isabelle se prépare à descendre dîner. Tout semble normal.

Normal ? Pas si sûr…

Très vite, le doute s’installe : qui sont-ils, cette Mère qui terrorise Isabelle et règne sans partage sur ce monde comme replié sur lui-même ? ce Léo, qui jamais ne parle, ni ne répond ? ces visiteurs, dont Isabelle semble tant redouter la présence ? Et pourquoi ces barreaux, aux fenêtres de sa chambre ? Qui donc est Isabelle ?

Une maison.
Un monologue.
L’emprise.

L’histoire de l’emprise d’une mère sur sa fille…
D’un écrivain sur ses lecteurs !

Plusieurs jours après avoir refermé ce livre, j’ai du mal à ne plus y penser effectivement. 

Bien que très différent sur le fond et sur la forme, ce premier roman m’a bizarrement ravivé le choc émotionnel éprouvé à la lecture de « Vipère au poing » d’Hervé Bazin il y a bien longtemps désormais.
Le rapport mère/enfant m’avait littéralement retournée à l’époque. C’est en ce sens que j’y ai pensé.
Là s’arrête ce souvenir parce que les deux oeuvres n’ont rien à voir.

Florence Herrlemann nous propose une écriture vive, déstabilisante, fascinante et addictive qui exerce un sacré pouvoir sur le récit.

Monologue allégorique, onirique qui mêle le réel et l’irréel, appellation de mère martelée comme un couteau tranchant, meurtre par procuration à travers les lignes, les mots…
En dire plus serait vous révéler le reste, dévoiler ce charme envoûtant et hors du commun qui se dégage de ce livre.

Une expérience, comme on en vit peu.

Un GRAND MERCI à Denis et ses Lectures du hibou pour m’avoir mis entre les mains un nouveau talent littéraire à découvrir absolument, à retenir assurément et à suivre obligatoirement.
Lorsque des blogueurs font le travail des maisons d’édition, on trouve des pépites dont on veut parler, que l’on veut défendre.

Belle lecture à tous !

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Editions Antigone 14