« Fugitive parce que Reine » de Violaine Huisman…

Hier a paru aux Editions Gallimard un très bon premier roman : « Fugitive parce que Reine » de Violaine Huisman que j’ai eu la chance de pouvoir lire avant (merci à C.D qui se reconnaîtra).

Dès sa réception (surprise), j’ai trouvé d’emblée le titre de bonne augure parce que très beau.

« Une fois qu’un être s’est compris lui-même,
il peut comprendre tous les humains » 

Et dès l’entrée dans les lignes, j’ai su très vite que c’était un livre qui allait (me) marquer…

Non seulement par l’histoire (l’amour maternel quoi qu’il arrive, quoi qu’il est dit et l’amour filial malgré les imperfections de cette mère parce qu’elle fait de son mieux : deux amours permanents, constants, inconditionnels) mais aussi par la construction que j’ai trouvée originale (point de vue des filles, biographie de la mère puis la mort de celle-ci) et l’écriture (aussi douce et bienveillante que « brut de décoffrage »).

Portrait d’une femme aussi beau que tragique,  mère aimée adorée à qui  l’on pardonne tout, ce roman ne pourra pas vous laisser indifférent de par ces qualités indéniables et je prédis à ce nouvel écrivain un bel avenir.

« Maman !
Je t’aime, maman chérie !
Je t’aime à la folie pour toute la vie et pour l’éternité du monde entier. »

Belle lecture à tous !

Note de l’éditeur (Gallimard) :

« Maman était une force de la nature et elle avait une patience très limitée pour les jérémiades de gamines douillettes. Nos plaies, elle les désinfectait à l’alcool à 90 °, le Mercurochrome apparemment était pour les enfants gâtés. Et puis il y avait l’éther, dans ce flacon d’un bleu céruléen comme la sphère vespérale. Cette couleur était la sienne, cette profondeur du bleu sombre où se perd le coup de poing lancé contre Dieu.»

Ce premier roman raconte l’amour inconditionnel liant une mère à ses filles, malgré ses fêlures et sa défaillance. Mais l’écriture poétique et sulfureuse de Violaine Huisman porte aussi la voix déchirante d’une femme, une femme avant tout, qui n’a jamais cessé d’affirmer son droit à une vie rêvée, à la liberté.

« Ces rêves qu’on piétine » de Sébastien Spitzer…

Note de l’éditeur :

Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l’Allemagne nazie. L’ambitieuse s’est hissée jusqu’aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu’elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s’enfonce dans l’abîme, avec ses secrets.
Au même moment, des centaines de femmes et d’hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s’accrochant à ce qu’il leur reste de vie. Parmi ces survivants de l’enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d’une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d’un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie d’un homme et le silence d’une femme : sa fille.
Elle aurait pu le sauver.
Elle s’appelle Magda Goebbels.

Ce que je connaissais de Magda Goebbels ? Sa position de femme influente du IIIe Reich et surtout son adoration telle pour Hitler qu’elle a tué ses propres enfants avant de se donner la mort avec son mari dans le bunker du Führer.

C’est par le biais de certaines atrocités que l’on devient un personnage de roman comme celui que propose Sébastien Spitzer, journaliste de son état…

Cela étant dit, nous sommes bien loin d’un énième livre sur le sujet ou la période grâce à la construction astucieuse choisie : les destins croisés de juifs (parmi eux, le « presque » père qui l’a élevée) et la fin inéluctable des nazis dont fait partie Magda, Médée moderne (la fille qui a voulu l’oublier sur l’autel des folles idées qu’elle soutenait).

Là où l’écrivain fait fort, c’est qu’il arrive à maintenir une intensité particulière alors que l’écriture est sobre, voire même douce.
La psychologie des personnages est fouillée, le fond des lignes extrêmement documentées.
Et nous, lecteurs, nous nous glissons dans les voies inexorables dans lesquelles nous entraîne l’auteur…

Pour un premier roman, c’est un coup de maître !

Editions de L’Observatoire

NDLR. J’ai lu ce livre à sa parution en septembre dernier mais il fait partie de la sélection du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

« La nuit sera belle » de Lucie Desaubliaux…

Note de l’éditeur :

Trois amis – Arek, Ivan, Todd C. Douglas – se préparent à veiller toute la nuit dans l’attente de l’aube qui les verra enfin partir pour l’expédition qu’ils concoctent de longue date… sans toutefois en avoir arrêté la destination. Car il s’agit d’abord de se donner du coeur à l’ouvrage, à grand renfort de thé, bière, vin et whisky – dans l’ordre et sans modération.
Au sein de leur trinité qui a érigé la procrastination en sagesse et en art de vivre, Arek cherche quoi faire, Ivan veut faire mais n’y arrive pas et Todd C. Douglas se complaît dans le non-faire. À eux trois, tandis que l’ivresse gagne et qu’ils essaient de soustraire leur existence à toute justification au bénéfice du désirable interstice au sein duquel les choses n’ont plus besoin d’exister mais seulement d’être possibles, ils explorent victorieusement l’oisiveté sous toutes ses formes.
Ne fait-on rien quand on ne produit rien ? Et qu’est-ce, au juste, que “faire” ? Comment agir sans produire ou chercher sans accomplir ? Ne peut-on vivre sans que le travail devienne la vie ? Comment dissocier l’idée d’oisiveté de celle de paresse ? Et qu’est-ce, au juste, que l’oisiveté ? Ne pas travailler ? Ne rien faire ? Pratiquer des activités qui ne sont pas le travail ? Une recherche sans certitude de trouver, est-ce un travail ?
À ces questions que se posent des personnages qui font beaucoup plus que ce qu’ils croient et beaucoup moins que ce qu’ils disent, La nuit sera belle imagine des réponses aussi profondes que jubilatoires.

Un huis clos philosophique, imaginatif et méditatif sur l’oisiveté, la procrastination, la finalité d’actions que l’on peut entreprendre avant une expédition programmée.
La construction est théâtrale et le rythme très réussi grâce à des dialogues aux petits oignons.
C’est fantaisiste et poétique à souhait.
Un premier roman original qui fait réfléchir…
Je recommande vivement !
 
Editions Actes Sud
Livre lu dans le cadre de l’opération « Coup de coeur des lectrices » de Version Femina. Merci à toute l’équipe !

« La nuit, je mens » de Cathy Galliègue…

Celui-ci aussi j’aurais dû vous en parler depuis un moment.
Cathy aussi me pardonnera pour mon retard…

Note de l’éditeur :

Mathilde pensait avoir rencontré l’homme de sa vie, Gaspard, un homme savoureux, presque parfait. Mais son premier amour, Guillaume, réapparaît la nuit, en songe… Il était parti si loin, depuis si longtemps, et Mathilde n’a jamais pu se résigner à son absence.
Au cœur de cet étrange ménage à trois qui s’installe, entre rêve et réalité, Mathilde se cherche : où est sa vie ? Dans le regret d’un amour défunt ou dans le présent qui lui tend les bras ?

Ne pensez pas lire un feel good ou un chick lit.
Nous en sommes très très loin !

Des lignes infusées aux « frontières de la folie » , aux souvenirs, à la culpabilité, à la famille, à la jumellité, à la vie de couple, aux désirs, à la mort, à l’Amour, à l’essence même de l’écriture.
C’est bien de tout cela dont il s’agit.

On glisse par dissociation avec l’auteur dans les méandres de l’absence, des autres et de soi-même.
La construction du roman est très intéressante en la matière.

Dès les premières lignes, j’ai pensé à cette citation d’Amédéo Modigliani qui a pris tout son sens : « D’un oeil, observer le monde extérieur; de l’autre, regarder au fond de soi-même ».

Il y a quelque chose de particulier dans ce premier roman. Quelque chose d’irrésistible et de surprenant.
C’est comme s’envoyer en l’air, mais pas avec n’importe qui !
C’est une écriture à l’os. Cathy Galliègue n’est pas lente entre les virgules (je savais que je réutiliserais la formule un jour. Voilà qui est chose faite. Clin d’oeil spécial à mon amie Barbara). Elle suce la moelle des mots, pour les poser, les jeter là où il faut. Jamais par hasard.

Plongez vous vite dans ce livre si ce n’est pas déjà fait.
Vous serez ailleurs, assurément.
Il est impossible d’y résister.

« La nuit, je mens » est paru le 3 avril dernier.
Il mérite VRAIMENT de vivre en dehors des traditionnelles rentrées littéraires.

Cathy vit actuellement en Guyane.
A Paris il est 13h30. A Cayenne il est 8h30.
Petit billet surprise du matin, pour une GRANDE ROMANCIERE qui est née et qu’il faut suivre…

Belle lecture à tous !

Editions Albin Michel

« Peggy dans les phares » de Marie-Eve Lacasse…

Note de l’éditeur, plus précisément de ©Electre 2016 :

« Un portrait de Peggy Roche, mannequin, styliste, journaliste de mode, marié à un grand résistant puis à Claude Brasseur avant de devenir la compagne de Françoise Sagan. Respectée et crainte dans le milieu de la mode, elle vivait dans l’ombre de la romancière qui lui imposait une discrétion absolue sur leur relation. La mort de Peggy Roche en 1991 fut pour celle-ci une cassure irréparable. »

Ce premier roman, j’aurais aimé l’aimer.

Il avait tout pour me séduire : retrouver Françoise Sagan (écrivain cher à mon coeur) mais surtout sortir (enfin) de l’ombre Peggy Roche qui n’est même pas présente sur Wikipédia.

C’était sans aucun doute le souhait (trop ambitieux ?) de l’auteur, qui ne s’est malheureusement pas concrétisé dans les lignes qui retracent plutôt la vie déjà connue du « charmant petit monstre ».

Peggy aurait pu trouver la lumière qu’elle méritait.
Elle restera seulement dans les phares, éternelle gardienne des nombreux temples de son amie a(i)mante.

Editions Flammarion

En parlant de Sagan, et si vous ne l’avez pas encore vu, je vous recommande le documentaire qu’Arte lui a consacré récemment et qui la fait revivre comme jamais : « Françoise Sagan, l’élégance de vivre » .