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  • « La terre qui penche » de Carole Martinez…

    « La terre qui penche » de Carole Martinez…

    Quatre ans après, Carole Martinez nous replonge dans Le domaine des murmures, mais cette fois nous sommes en 1361 et la construction du livre est un écho entre une vieille dame et une petite fille, LA petite fille qu’elle a été, LA vieille dame qu’elle est devenue dans un murmure, ce murmure qui la suit comme une ombre à travers le temps.

    « A tes côtés je m’émerveille.
    Blottie dans ton ombre, tu partages ma couche.
    Tu dors, ô mon enfance,
    Et pour l’éternité, dans la tombe, je veille. »

    Blanche est morte à l’âge de douze ans. Elle raconte son père qui l’emmène dans la forêt alors qu’elle est vêtue de ses plus beaux habits. Pourquoi veut-on la marier à un enfant « au regard vide » ? Veut-on la sacrifier au diable filou afin que le temps des misères cessent ? Qui était cette mère, sa mère qu’elle n’a jamais connue ? Qui est ce père qu’elle a tant aimé et qui désormais la répugne ? La peur au ventre, elle avance vers l’inconnu… vers le bout du chemin du domaine… vers cette terre… qui penche… vers son destin !
    A côté d’elle la vieille âme qu’elle est devenue l’écoute et se souvient.

    Oui, pour notre plus grand bonheur, Carole Martinez nous propose ici encore cet univers qui lui est propre, ponctué de réel et d’irréel et dont la magie instantanée nous enveloppe.
    A chaque livre, à chaque page, à chaque mot, c’est aussi curieux qu’irrésistible.

    « Mon passé te survivra. A moins bien sûr que tu l’inventes pour me forcer à te libérer »

    « Je suis une autre. Je suis l’autre »

    « La terre qui penche »… ou les mauvais souvenirs métamorphosés sur l’autel d’un monde parallèle créé par une petite fille qui veut autant fuir quelqu’un qu’en retrouver une autre…

    Véritable dissection de l’autonomie de l’enfance dans l’imaginaire, nous retrouvons ici les thèmes qui lui sont chers au carrefour de l’au-delà et du monde des vivants, notamment celui des femmes et de leur condition. Et avancer à travers les siècles avec ces portraits féminins que nous offre Carole Martinez est une mise en abîme des plus intéressantes. L’auteur s’est sans aucun doute lancée dans une véritable oeuvre du genre avec ce deuxième volet.

    Son écriture est toujours somptueuse (poétique, violente, chirurgicale, charnelle…) et donc la palette d’émotions qu’elle sait offrir à ses lecteurs toujours aussi grande.

    « On ne quitte pas le monde de l’enfance si facilement. »
    Essayez donc d’ouvrir ce livre sans être comme… envoûté(e) !

    Pour ceux qui n’auraient pas lu « Le coeur cousu » et « Du domaine des murmures », qu’ils s’en délectent avant de plonger dans celui-ci. Ce troisième livre fait en effet plusieurs allusions aux deux précédents et cela vous aidera à vous familiariser avec son univers…

    Cette chronique a été rédigée pour Lecteurs.com, en tant qu’Explorateur de la rentrée littéraire.

    Editions Gallimard

  • « Le regard de Gordon Brown » de Barthélémy Théobald-Brosseau…

    Mon septième livre (qui paraît aujourd’hui) du challenge 68premieresfois !

    Note de l’éditeur :

    « André Milcar, joyeux jeune homme, fantasque et amoureux de la belle Felicity, s’empare d’une tapisserie dans une église. Nous sommes en 2014. Au grand désarroi de son père et de Felicity qui voient en lui le futur plus grand avocat du pays, il abandonne tout pour cette tenture qui, certes, ne paie pas de mine mais qui, allez savoir pourquoi, exerce un étrange pouvoir de fascination sur lui. À force de contempler de façon obsessionnelle les images dans le tapis, comme lors d’une séance d’hypnose, le regard d’André convoque les personnages hors de leur cadre. »

    Malgré un début prometteur (l’attraction irrésistible de la tapisserie pour son voleur, la désociabilisation progressive de ce dernier pour rester avec elle), je n’ai pas du tout réussi à prendre du plaisir dans cette lecture qui nous perd très vite sur la longueur.

    Le pitch faisant envie pourtant…

     

     Editions Joëlle Losfled

  • « Le restaurant de l’amour retrouvé » de Ogawa Ito…

    « Le restaurant de l’amour retrouvé » de Ogawa Ito…

    Le premier livre envoyé par Livre-moi(s) !

    Une jeune femme de 25 ans perd l’usage de la parole suite à un chagrin d’amour. Elle repart vivre dans son village natal et développe son art (insoupçonné) de redonner du baume au coeur aux personnes (et au lapin ! 😉 ) pour qui elle cuisine.

    Il ne faut surtout pas se fier au titre (traduit) qui pourrait donner envie de fuir parce que ce n’est pas du tout un roman à l’eau de rose !

    C’est en effet un fort joli livre tout droit venu du pays du Soleil Levant sur le don de soi, l’altruisme, la gratitude, les souvenirs, la guérison, la douleur, la solitude, la douceur, l’émerveillement… typiques si j’ose dire de l’Art de Vivre nippon.

    Glissez-vous dans ces pages tout à la fois littéraires et gastronomiques.
    Il y a beaucoup d’ingrédients pour non seulement faire de très bons petits plats mais encore pour embellir la vie, la façon de penser… pour embellir VOTRE vie, VOTRE façon de penser !

    « Les choses importantes, il faut les mettre au freezer. Comme ça, quand on en a besoin,
    il suffit de les passer au micro-ondes, en général ça fonctionne bien. » 

    Des mots, salvateurs de tous les maux. Parce que « la magie est un spectacle impromptu »

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    Quelque part dans le Gers… 

    Editions Philippe Picquier

  • « Comment j’ai perdu ma femme à cause du tai chi » de Hugues Serraf…

    « Comment j’ai perdu ma femme à cause du tai chi » de Hugues Serraf…

    Mon deuxième livre (qui paraît aujourd’hui) du challenge 68premieresfois  !

    « Parce que sa femme a disparu et qu’on a retrouvé une flaque de sang
    et ses empreintes sur un sabre, notre héros est en prison ».

    Le récit parle de sa détention carcérale et décrit l’histoire de son couple.
    L’écriture est contemporaine.

    J’avoue qu’il ne m’a pas renversée…

    Editions de L’aube

  • « Extrêmes et lumineux »  de Christophe Manon…

    « Extrêmes et lumineux » de Christophe Manon…

    Mon premier livre (paru ce jour) du challenge 68premieresfois !

    Ce premier roman ne peut pas laisser indifférent.
    Tout d’abord par son style : Christophe Manon nous propose une description d’un seul tenant, avec des blancs (qui ne sont pas des défauts d’impressions 😉 ), très pauvre en ponctuation donc assez déroutant au départ. Il a fallu que je me mette dans un autre mode de lecture pour finir par l’accepter.
    Ensuite par l’histoire : c’est une succession d’annotations des plus étranges au dos de photographies jaunies par le temps.

    Je lui reconnais une écriture des plus intéressantes et plutôt belle, mais l’histoire tirée des photographies m’a parfois un peu lassée. Je n’ai pas réussi à être complètement émue par « l’exploration de la mémoire, l’histoire d’amour et l’enquête familiale ».

    L’accueil final que je lui fais est donc en demi-teinte…

    Editions Verdier

  • « Ressources inhumaines » de Frédéric Viguier…

    Mon quatrième livre (qui paraît ce jour !) du challenge 68premieresfois et pour l’instant celui qui sort du lot ! (il m’en reste encore 63 à découvrir 😉 )

    Premier roman de l’auteur, c’est une description tragique et sans concession du monde du travail dans un hypermarché (l’analyse collerait à beaucoup d’autres lieux et/ou secteurs malheureusement).

    L’héroïne endosse le rôle de la déchéance humaine dans toute sa splendeur (malgré ses espérances du début – « Etre acceptée, non pas pour ce que l’on est, mais pour ce que l’on fait », « Quand elle se retrouvait chez elle, après une longue journée de travail, elle avait déjà la sensation de ne pas être seule, de retrouver une autre, celle qui l’avait attendue, qui était cette part d’elle-même que personne ne connaissait »).

    « Ressources inhumaines« , ou l’abandon de soi pour des promotions à répétition sur l’autel d’une pseudo-ambition soit-disant réfléchie (« stagiaire à 22 ans, cadre sup à 25 ans ») dont la destruction, l’auto-destruction (programmée) sera à la hauteur de l’ascension rapide…

    Le choix de la construction du roman participe à sa dynamique « couperet » :

    « Le goût du paradis » (1ère partie)
    « La chair de l’enfer » (2e partie)

    Il est à noter ici que chaque chapitre de l’histoire décrite comporte la réflexion (en italique) de celle que l’on suit, témoin du chaos.

    Les phrases, les mots choisis sont sans appel :

    « toi, tu as tout compris… » 

    « Il possède cette odeur du pouvoir… »

    « Je serais très fâché de savoir que (…) le chef (…) de l’hypermarché d’en face (…) puisse caresser ton petit cul à ma place »

    « Ne ramasse pas, il y a des gens payés pour ça… »

    « Plus de volonté que de réflexion »

    « Le bas prix, symbôle plus que nauséeux d’une société de sur consommation qui a perdu ses repères les plus intelligents »

    « C’est toujours bon pour la motivation, le châtiment d’autrui »

    « Le niveau d’incompétence que tout salarié est censé atteindre, un jour ou l’autre, au cours de sa carrière »

    « La vie d’un supermarché bat au rythme de l’humanité manipulée. Et cela fait vingt ans qu’elle participe à cette manipulation »

    « Le problème était que, dans son cas, la stagnation qu’elle pensait salutaire, allait s’accompagner d’une dégradation de son état mental. Cela se ferait insidieusement, lentement, mais cela se ferait »

    « Triste et seule, courbée par l’évidence d’une vie aux contours flous et fragiles »

    « Je m’occupe d’eux. Peut-être pour occuper dans leur coeur une place que je n’ai pas »

    « Lorsque l’on ose mettre le nez dans sa propre misère, cela fait un mal atroce. »

    C’est un des cancers de notre Société qui est ici traité par le biais de faux semblants, de la décadence humaine, du non-épanouissement de l’être humain, de la recherche de la reconnaissance, de la solitude, de l’abandon, de la dégringolade sociale, de l’usure de sa vie pour garder un statut… dont l’un des remèdes est la découverte de soi, même tardivement.

    « L’humanité a besoin d’intuition et de sincérité, pas de compromis et de fascination… »

    « Ce que pensent les autres, il faut s’en faire une armure pour se construire »

    « Aimer vraiment une personne, c’est aimer ce qu’elle est, sans chercher à dénicher autre chose, sans chercher à la changer »

    Certaines personnes parleront peut-être de ce livre comme une multitude de clichés.
    (La vérité dérange)
    Mais les faits font partie d’une réalité que l’on ne peut pas mettre en défaut et sont relatés d’une manière suffisamment précise et froide pour que cela soit un premier roman réussi et prometteur.

    Un livre COUP DE POING, à lire parce que nécessaire pour faire évoluer les comportements !

    Ne jamais oublier que l’essentiel est ailleurs.
    Car « Au-dessus de la coursive, il n’y a rien… »

    Editions Albin Michel

  • « Petits plats de résistance » de Pascale Pujol…

    « Petits plats de résistance » de Pascale Pujol…

    Mon troisième livre (qui paraît ce jour !) du challenge 68premieresfois.

    L’auteur dépeint la vie quotidienne de Sandrine Cordier, conseillère Pôle Emploi qui prend son métier au sérieux en ce qui concerne le fait de traquer les demandeurs d’emploi de mauvaise foi.
    Sa passion : la cuisine.
    Son rêve : ouvrir un restaurant.

    Au gré des chapitres dont les intitulés sont culinaires, on trouve les autres ingrédients : une multitude de petites recettes pour redresser un groupe de presse vieillissant, créer une e-boutique de sex toys à 60 ans, remettre les chômeurs au travail, éviter de se faire arnaquer par les agents immobiliers ô combien vicieux, recréer une famille, etc… etc…

    Si ce livre se veut « social » dans son analyse, j’avoue que celle-ci retombe aussi vite qu’un soufflé.
    S’il se veut humoristique, il aurait fallu y mettre un peu plus de poudre à lever.

    Verdict me concernant : même si je l’ai lu jusqu’au bout, j’en attendais plus. Je reste sur ma faim. J’aurais apprécié une plume satirique plus acérée des sujets de société traités et moins cousue de fil blanc. Aucune étoile donc malheureusement.

    Editions Le dilettante

  • « A l’enseigne du coeur épris » de Jean-François Pigeat…

    Un premier roman (qui paraît aujourd’hui et que j’ai lu dans le cadre de « 68 premières fois ») mais un énième sur le sujet traité (l’histoire d’un couple).

    J’avoue l’avoir lu en diagonale étant donné que je me suis………………… ennuyée !

    Lorsque l’on aborde ce thème maintes et maintes fois utilisé en littérature, on se doit d’apporter un petit quelque chose, ce petit quelque chose en plus qui fait la différence, que ce soit dans l’histoire, dans les personnages ou dans l’écriture.

    Ce n’est malheureusement pas le cas ici.

    Qui plus est, c’est limite « à l’eau de rose » à mon goût.

    Bref, ce n’était pas un livre pour moi ! 🙁

    Editions Le dilettante

  • « Le crime du Comte Neville » de Amélie Nothomb…

    Note de l’éditeur : « Ce qui est monstrueux n’est pas nécessairement indigne. »

    Un Comte belge se voit prédire qu’il tuera quelqu’un lors de la prochaine grande fête qu’il organisera…

    Comme tous les ans, je l’attends avec une régularité de métronome.
    Mais force est de constater que cette année (il paraît aujourd’hui), son nouvel opus m’a laissée de marbre. Oui, moi, lectrice nothombienne désormais fidèle, j’ose dire que je n’ai pas trouvé grand intérêt à me plonger dans ses pages cette année. Je n’ai pas ri une seule fois, le questionnement sur l’acte de donner la mort n’est pas très profond et je n’ai surtout pas retrouvé ce qui fait sa merveilleuse écriture.

    Il ne figurera pas parmi ses meilleurs selon moi et ce billet est un véritable crève-coeur. 🙁

    A vos commentaires pour ceux qui le liront ! (parution ce jour)

    Editions Albin Michel