« A malin, malin et demi » de Richard Russo…

Une immersion pendant 48h dans la Middle Class de North Bath (ville imaginaire du New Jersey) qui se meurt…

Des personnages auxquels on finit par s’attacher si et seulement si on ne commet pas l’erreur d’abandonner trop vite la lecture (j’ai bien fait de m’accrocher… j’avoue que sans lecture commune avec Manon, c’est sans doute ce qu’il se serait passé); une vision déjantée, ironique, cynique, humoristique, sociale, sociétale des Etats-Unis et des rapports humains par une des plus grandes plumes américaines…

Voici ce que nous propose Richard Russo.

L’univers de l’écrivain se mérite.
Personnellement, au final, il m’a donné envie d’aller plus loin et de découvrir d’autres oeuvres de lui. Parce que cela fait du bien de sortir d’un certain confort littéraire…

J’ai lu « A malin, malin et demi » dans le cadre de la lecture commune du mois d’octobre du #PicaboRiverBookClub .

Note de l’éditeur (10/18) :

« North Bath, ancienne cité industrielle du New Jersey mal remise de la crise, continue de dépérir. Cette ville, Douglas Raymer ne l’a jamais quittée. Dégarni, enclin à l’embonpoint, il est veuf d’une femme qui s’apprêtait à le quitter. Pour qui? Voilà une question qui torture ce policier à l’uniforme mal taillé. Avec  Sully, vieux loup de mer septuagénaire qui noie son diagnostic fatal dans l’alcool et la cigarette, ils sont les deux piliers branlants de cette ville bâtie de travers. Mais en quarante-huit heures, plus rien ne sera comme avant : un mur de l’usine s’effondre, les serpents envahissent les rues, les morts s’accumulent et entre catastrophes et révélations, tous les habitants de North Bath sont pris dans une sacrée tempête. »

Même si c’est la « suite », vous n’êtes pas obligés d’avoir lu « Un homme presque parfait » avant…

« Et boire ma vie jusqu’à l’oubli » de Cathy Galliègue…

Après « La nuit, je mens » dont je vous avais parlé, le nouveau roman de Cathy Galliègue est paru la semaine dernière aux Editions Emmanuelle Collas.

« Et boire ma vie jusqu’à l’oubli ».
Titre ô combien magnifique et qui résume à lui seul les sujets abordés et la puissance de l’écriture qui s’en dégage.

Betty boit comme Cathy écrit comme le bibliophile lit…

« J’ai encore cédé à ce doux abandon »

L’auteur est une révélation dans ma vie de lectrice. Je la suis depuis ses débuts et il y a ce truc entre ses lignes qui fait que.

On retrouve ici le style « Galliègue » : les mots choisis avec précision, les phrases percutantes… ce que j’ai déjà appelé la « moëlle » de la Littérature la concernant.
Je parle de style oui. Parce que tout comme son amie imaginaire  Françoise Sagan qui en avait , elle en est sacrément pourvue elle aussi !
Cathy, c’est la nécessité, l’urgence d’écrire, coûte que coûte.  Un remède dont elle ne peut se passer. Une plume décomplexée.

Comme ses précédents manuscrits je l’ai lu d’un coup, sans aucune pause, en oubliant les ronrons de nos poilus et mon thé devenu froid par la force des choses.
C’est un texte qui, par sa maîtrise, vous happe et ne vous laisse aucun répit.
J’ai pris des notes. Beaucoup.
De ses bleus à l’âme à elle, de maux familiaux personnels elle nous offre une histoire poignante. Point de fioritures. Jamais. Le sujet principal est certes intemporel, universel mais elle le marque de sa petite musique si juste qu’on a l’impression qu’il n’a jamais été traité. Il en devient unique, indélébile.

Il est compliqué de se « défaire » d’un livre de Cathy. Vous ne parvenez pas à les oublier. Ils vous habitent pendant longtemps, et ceux que vous prenez ensuite dans votre PAL peuvent manquer d’éclat.

Cet écrivain, c’est comme toutes les addictions : il est très difficile de s’en passer…

A bons entendeurs.

Note de l’éditeur (Emmanuelle Collas) :

« Betty s’efforce de vivre mais, à la nuit tombée, elle se cache et boit pour oublier la mort de son mari, Simon, et pour se souvenir de sa mère. Elle s’abrutit et s’effondre. Dans sa quête de la vérité, les images reviennent peu à peu. Des clichés tendres de l’enfance, une mère trop belle pour être vraie, des souliers rouges… et cette question lancinante : « Elle est où, maman ? » Cathy Galliègue aborde dans Et boire ma vie jusqu’à l’oubli un sujet tabou, celui de l’alcoolisme féminin, et nous offre un roman sans filtre sur la mémoire et le deuil, un diamant brut plein d’humanité et d’espoir. Après une carrière dans l’industrie pharmaceutique en France, elle est partie vivre en Guyane, où elle a animé pendant un saison une émission quotidienne littéraire sur la chaîne Guyane1ère et où elle se consacre désormais à l’écriture. Son premier roman, La nuit, je mens (Albin Michel, 2017), a remporté un succès d’estime, il est sélectionné pour le Prix Senghor 2018. Et boire ma vie jusqu’à l’oubli est son deuxième roman. »

« Au premier matin du monde » de la Fondation Iris et Stéphanie Ledoux…

Ce livre est d’une beauté absolue.

Non seulement dans son contenu (photographies, textes, carnet de voyage de Stéphanie Ledoux…) mais encore dans la cause qu’il représente et défend (« les profits réalisés par la Fondation Iris en tant que coéditeur de ce livre seront intégralement reversés à des associations agissant contre la pollution des océans par les déchets plastiques. »).

Sur les traces d’Alfred Wallace, c’est un témoignage autant scientifique, naturaliste, esthétique et artistique que « militant ».

Des pages qui vous rappellent si besoin en est que notre planète Terre est merveilleusement belle et qu’il faut la préserver à tout prix…

Je recommande vivement !

Je me suis déjà plongée dedans parce que je l’avais pré-commandé.
Il paraît aujourd’hui.

Editions Hozhoni

Kintsugi, ou l’art de réparer les objets cassés…

Le Kintsugi, qui en japonais veut dire « jointure en or », est une méthode de réparation des céramiques et porcelaines cassées venue du pays du soleil levant depuis le XVe siècle.

Pour information lorsque de la poudre d’argent est utilisée on parle de Gintsugi.

Cela faisait un bon moment que je souhaitais apprendre cette technique. Par intérêt artistique et esthétique bien sûr mais surtout pour la philosophie véhiculée : chaque objet, beau ou pas là n’est pas la question, peut avoir une magnifique deuxième vie atypique grâce à cet Art.

En psychologie, on peut le rapprocher de la résilience. 

Tout cela pour vous dire que j’ai eu la chance samedi dernier de participer à un atelier qui m’a permis d’offrir un second souffle à une petite théière chère à mon coeur tombée des pattes de Coon Nabuchodonosor.
J’ai été formée par Ayato Sahara qui venait de Tokyo lors de son court séjour à la Capitale.
Cela se déroulait dans une librairie à Paris, et nous avions Elliot comme formidable traducteur.
Selon notre Professeur, il faut pratiquer le Kintsugi sur un objet en pensant profondément à quelque chose qui nous plaît. Pour elle par exemple elle imagine un paysage. Pour ma part, et malgré quelques discussions sans fin aux alentours, j’ai fermé les écoutilles et j’ai pensé à notre paradis. J’ai ainsi intitulé ma création « Mon plomb entre l’Orient et l’Occident ».
Selon elle également, et j’ai beaucoup apprécié pour tout ce que véhicule cette affirmation, il n’y a jamais de Kintsugi raté.

J’ai passé 2h hors du temps et je me suis dit que là, j’étais face à quelque chose qui allait encore plus m’épanouir artistiquement et humainement parlant : au bien-être des animaux et des personnes que je recherche de plus en plus j’ajoute le bien-être des petits moments. La boucle est bouclée. Il n’y a plus qu’à et fort heureusement fin octobre arrive à grand pas (vous comprendrez plus tard l’allusion).

Une véritable révélation !

Jamais plus je n’appréhenderai de casser ou que l’on me casse un objet !

再び、私たちの先生に

« Désert solitaire » d’Edward Abbey…

Une lecture comme un carnet de voyage, sans photographie ni dessin mais avec une telle science des détails que vous aurez l’impression de connaître le lieu même si vous n’en avez jamais foulé la terre.

Edward Abbey propose à son lecteur une plongée dans la « wild literature » (littérature sauvage), le « nature writing » comme savent si bien faire les américains.

Ce livre, culte depuis 50 ans, se veut être une élégie « militante ».
L’auteur évoque la nature et les peuples sacrifiés sur l’autel de la bêtise humaine, qui semble incontrôlable malheureusement.
Il nous interroge sur nos comportements.
C’est un véritable plaidoyer, tristement actuel.

Faites comme moi, prenez votre temps pour le lire.
Ce type de littérature se laisse infuser comme il se doit.
Et peut-être qu’elle permettra à celles et ceux non encore sensibilisés au sujet (parce que oui, il y en a encore) de réfléchir un peu plus à certains de leurs actes ou de leur non action…

 

J’ai lu « Désert solitaire » dans le cadre de la lecture commune du mois de septembre du #PicaboRiverBookClub .
Je rends ma copie avec quelques petites heures de retard…

Note de l’éditeur (Gallmeister) :

« Peu de livres ont autant déchaîné les passions que celui que vous tenez entre les mains. Publié pour la première fois en 1968, Désert solitaire est en effet de ces rares livres dont on peut affirmer sans exagérer qu’il “changeait les vies” comme l’écrit Doug Peacock. À la fin des années 1950, Edward Abbey travaille deux saisons comme ranger dans le parc national des Arches, en plein cœur du désert de l’Utah. Lorsqu’il y retourne, une dizaine d’années plus tard, il constate avec effroi que le progrès est aussi passé par là. Cette aventure forme la base d’un récit envoûtant, véritable chant d’amour à la sauvagerie du monde, mais aussi formidable coup de colère du légendaire auteur du Gang de la clef à molette. »

« Les choses excellentes sont aussi difficiles
qu’elles doivent l’être. »

« Les hommes viennent et s’en vont, les villes naissent, prospèrent et meurent… »

« Je trouve que le plaisir que j’ai à contempler le monde naturel est plus grand s’il n’y a pas trop d’autres personnes que le contemplent avec moi, en même temps que moi. »

« L’équilibre : voilà le secret. Extrémisme modoré.
Le meilleur des deux mondes. »

« Lorsque je reviendrai, serat-il le même qu’aujourd’hui ?
Serai-je le même ?
Tout sera-t-il un jour de nouveau à peu près le même ?
Si je reviens. »