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  • « Chantiers » de Marie-Hélène Lafon…

    Se plonger dans un livre de Marie-Hélène Lafon, c’est se plonger dans la LANGUE, la LANGUE FRANCAISE, le FRANCAIS, les PHRASES, les MOTS, les RACINES, la GRAMMAIRE, la PONCTUATION…

    « Chantiers » comporte seulement 112 pages, mais c’est un condensé d’écriture, de littérature à l’état pur !

    « C’est tout, on garde tout, on ne renonce à rien, on ne choisit pas, on veut tout, tout embrasser, tout prendre, à l’éperdu, éperdument; et on y va, on fonce et on s’enfonce, et on monte à l’assaut, on écrit comme une taupe et on a des fulgurances, on y est, cul par-dessus tête, mais on y est, et on s’invente, et ça s’invente, même si on n’invente rien, puisqu’on fait ventre de tout (…) »

    « Ecrire serait une affaire de corps, de corps à donner, pas donner son corps, quoique, mais donner son corps à, incarner, donner chair (…) »

     » (…) la quête et l’attente, dans le silence des jours, de ce qui n’a pas encore été lu, de ce qui n’a pas encore été écrit »

    Marie-Hélène Lafon, c’est le Professeur qu’auraient aimé avoir tous les amoureux  des Lettres…

    Editions des Busclats

  • « La fuite est un art lointain » de Catherine Quillet…

    Ce livre, j’aurais aimé l’aimer.
    Parce que j’apprécie vraiment la ligne éditoriale des éditions Paul & Mike que je soutiens dès que je peux et parce que mes échanges par mail avec l’auteur ont été des plus sympathiques.

    Je suis une fan de nouvelles.
    Mais force est de constater que là, je n’ai pas réussi à rentrer dans les histoires. Le recueil m’a laissée perplexe.

    En revanche, je reconnais à Catherine Quillet une écriture très intéressante et j’attends avec impatience quoi qu’il en soit son premier roman en pré-commande : « Le problème à N corps » .

    A décharge, c’est compliqué depuis une semaine d’apprécier quoi que ce soit.
    Peut-être le réessaierai-je plus tard, dans un autre contexte…

  • « Etta et Otto (et Russel et James) » de Emma Hooper…

    « Otto,
    Débutait la lettre, à l’encre bleue.
    Je suis partie. Je n’ai jamais vu l’eau, alors je suis partie là-bas. Rassure-toi, je t’ai laissé le pick up. Je peux marcher. J’essaierai de ne pas oublier de rentrer.
    A toi (toujours),
    Etta »

    Voici les premières lignes du premier roman de Emma Hooper.

    Etta a 83 ans lorsqu’elle écrit cela à son mari Otto.

    Ce livre, je l’ai aimé de manière instantanée.
    L’écrivain a su me plonger dès les premiers mots dans cette aventure incroyable, dans les pas d’Etta, avec beaucoup d’émotions.

    C’est un beau récit initiatique, une quête magnifique, une balade incroyable, aussi mélancolique que libératrice.
    Présent et passé se mêlent et participent à la force qui s’en dégage.

    Laissez-vous donc tenter sans tarder…

    Belle lecture à tous !

     

    Editions Les Escales

  • « La neige noire » de Paul Lynch…

    La lecture de ce roman n’est pas facile. Avis aux amateurs ! 😉

    Dès les premières pages, vous êtes immergé(e)(s) dans une Irlande bien loin des clichés touristiques. Une Irlande noire, âpre, brute, triste, métale, ultra communautaire, aux esprits étroits et peu engageants !

    Si les descriptions sont assez remarquables et les personnages étouffants à souhait, j’avoue m’être quelque peu ennuyée…

    Note de l’éditeur (Albin Michel) :

    « C’est le retour d’un émigré irlandais au pays.
    Après des années passées à New York, Barnabas Kane retrouve le Donegal en 1945 et s’installe sur une ferme avec sa femme et son fils. Mais l’incendie, accidentel ou criminel, qui ravage son étable, tuant un ouvrier et décimant son bétail, met un frein à ce nouveau départ. Confronté à l’hostilité et à la rancoeur d’une communauté qui l’accuse d’avoir tué l’un des leurs, confiné sur cette terre ingrate où l’inflexibilité des hommes le dispute à celle de la nature, Barnabas Kane va devoir choisir à quel monde il appartient »

  • « Je n’ai jamais eu de petite robe noire » de Roselyne Madélénat…

    Ce qui est bien quand on est au chaud chez soi, c’est que je peux rattraper mon retard sur le blog… et vous parler d’un livre : le premier roman de Roselyne Madélénat.

    Note de l’éditeur :

    Florence est journaliste dans la presse féminine et mène une vie sentimentale décousue. Depuis sa jeunesse, elle a rompu avec sa famille.
    Lors de l’enterrement de sa mère, Florence renoue avec son père qu’elle ne voyait plus. Ensemble, ils tissent un lien un peu fou, étrange.
    Cette mort ne se contente pas de mettre à nu des sentiments enfouis, elle ouvre aussi la boîte de Pandore sur un secret de famille datant de 1943 dont son père est le seul à détenir la clef…

    « Le plus difficile pour certaines questions,
    c’est de trouver le courage de les poser »

    L’histoire, entrecoupée de dialogues entre vivants et disparus qui rythment le texte, est une véritable enquête familiale qui se tisse au fil des pages.

    « La vérité, une fois qu’elle nous tombe dessus,
    nous ne pouvons rien faire pour la mettre à l’écart et l’oublier,
    elle prend toute la place,
    nous bouffe tel un cancer infiltrant »

    La plume mêle avec autant de brio le romanesque pur et une terrible réalité de la guerre 39-45.
    Elle est très prometteuse.

    Roselyne Madélénat offre aux lecteurs un livre profondément beau sur la famille, l’Amour, les non-dits, le pardon…
    Je vous recommande vivement sa lecture.

    Parce que courir après certaines ombres, c’est courir après la Vie !

    Editions Hugo Roman

    NDLR. L’auteur sera en dédicace mardi prochain à la Librairie de Paris.

  • « Nos âmes seules » de Luc Blanvillain…

    Clément travaille dans une société high-tech et pilote sa carrière d’une main de maître grâce aux conseils analytiques et stratégiques fort avisés de sa compagne Myriam.
    Il rencontre un jour Meryl, une jeune femme pas comme les autres dont la puissance est incalculable…

    Beaucoup de personnes du Challenge des 68 premières fois ont aimé ce livre.
    Mais comme souvent, et ce n’est pas par esprit de contradiction je tiens à le préciser, je ne ferai pas partie de la masse.

    Je ne dis pas qu’il est raté, mais certaines longueurs récurrentes et une fin prévisible (le dernier paragraphe est un peu trop à l’eau de rose à mon goût) ont gâché quelque peu mon plaisir de lecture et l’intérêt que j’aurais pu lui porter.
    Dommage parce que la matière était bien là…

    Editions Plon

  • « La dernière nuit du Raïs » de Yasmina Khadra…

    Peut-on dire que rentrer dans la tête d’un dictateur mégalomane procure un plaisir de lecture ?
    Question sans doute incongrue mais c’est aussi à cela que servent les écrivains : nous pousser dans certains retranchements…

    Yasmina Khadra nous propose donc de vivre dans les pensées, les paroles, les gestes de Mouammar Kadhafi lors de la dernière nuit précédent sa mort.

    Force est de constater que son livre est très réussi. La vie de ce jeune berger bédouin « venu de rien » devenu Colonel puis Chef d’Etat à 27 ans (et pendant 41 ans !) en Lybie est bien documentée et l’écriture le rend aussi fascinant (quelque part) que glaçant, effroyable, dérangeant. L’écrivain tente indirectement par ce biais d’expliquer (si tant est que cela puisse être possible) ce qu’il s’est passé.
    Les choses que nous apprenons n’excusent en rien les atrocités qu’il a pu commettre mais nous amène à réfléchir (notamment sur certaines ingérences occidentales)…

    Belle lecture à tous !

    « La vérité n’existe pas.
    Les gens croient ce qui les arrange. »

    « L’important n’est pas d’où l’on vient, mais le chemin que l’on a parcouru.
    Personne ne m’a fait de cadeau. »

    « La vie n’est qu’un rêve dont notre mort sonne le réveil.
    Ce qui compte n’est pas ce qu’on emporte, mais ce qu’on laisse derrière soi. »

    « Je ne regrette pas d’avoir sévi.
    C’était légitime et nécessaire. »

    « Seuls les êtres d’exception finissent ainsi, dans un bain de foule. »

    « Tu n’écoutes que d’une oreille, celle que tu prêtes volontiers à tes démons, tandis que l’autre reste sourde à la raison. »

    Editions Julliard 

  • « Les gens dans l’enveloppe » d’Isabelle Monnin (avec Alex Beaupain)…

    « C’est peut-être simplement cela , être romancière :
    avoir des livres qui poussent dans les interstices de tout. » 

    « En juin 2012, j’achète à un brocanteur sur internet un lot de 250 photographies d’une famille dont je ne sais rien. Les photos m’arrivent dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard.Dans l’enveloppe, il y a des gens, à la banalité familier, bouleversante. Je décide de les inventer, puis de partir à leur recherche. Un soir, je montre l’enveloppe à Alex. Il dit : « On pourrait aussi en faire des chansons, ce serait bien. » Les gens dans l’enveloppe, un roman, une enquête, des chansons »

    Dans ces pages l’écrivain (également journaliste) nous parle d’humanité.
    Avec une bienveillance folle.

    Comme l’a si justement dit mon libraire Dominique des Guetteurs du Vent lors de la rencontre organisée le 15 septembre dernier, c’est un OLNI : un objet littéraire non identifié !

    C’est effectivement un livre concept.
    Un livre à part.
    D’une rare beauté.

    Le type même d’oeuvre que l’on dévore tout en la laissant volontairement traîner pour ne pas la quitter.
    Parce que nous aurions bien aimé être ces « gens » sous la plume d’Isabelle Monnin… et dans l’oreille d’Alex Beaupain !

    Et me vient tout à coup à l’esprit cette citation de Léonard de Vinci que j’aime particulièrement : « La simplicité est la sophistication suprême. »

    Belle lecture à tous !

    Editions JC Lattès

  • « Appartenir » de Séverine Werba…

    « Appartenir » de Séverine Werba…

    « Boris venait de loin et on n’en parlait pas.
    Il venait de loin et c’était assez comme ça.
    Pas de quoi en faire une histoire. »

    Et pourtant si…

    Boris, c’était le grand-père, dont « la famille a été assassinée pendant la guerre ».

    « Au début, je n’y ai pas vraiment prêté attention.
    On ne prête pas attention aux souvenirs ».

    A 20 ans, la narratrice s’installe dans l’ancien appartement familial et se sépare de tous les livres lui ayant appartenu.

    « Il n’empêche que je suis soulagée et que ma vie peut commencer.
    Enfin c’est ce que je crois.
    Je regrette vite mon geste. »

    Elle se rend très vite compte de l’erreur qu’elle a commise et qui désormais va la hanter…

    « Rien ne me paraît plus important que de me souvenir et de les retrouver. »

    Mais « peut-on se souvenir d’une chose que l’on a pas connue ? »

    Après une totale indifférence, l’attraction des absents deviendra irrésistible, indispensable.

    Séverine Werba nous propose avec ce premier roman une enquête identitaire intense et vitale.

    « Je témoigne d’un non -témoignage, je témoigne d’un silence, d’un  trou laissé par la souffrance.
    Je témoigne d’une amputation.
    Je n’ai rien vu de mes yeux, je n’ai pas de souvenirs, je n’ai pas connu ceux qui sont morts et pourtant ils m’importent.
    Et pourtant je les cherche. »

    L’ombre de Boris (et des autres) plane…
    L’ombre d’elle-même…
    Véritable catharsis…

    Roman ou récit ?
    Je comprends que l’on puisse légitimement se poser la question mais peu importe à mes yeux.
    Plusieurs jours après la dernière page tournée, l’h(H)istoire m’habite toujours.
    Et c’est bien cela que je demande à un livre : qu’il m’imprègne et qu’il en reste quelque chose.

    Belle lecture à tous !

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     Editions Fayard