Étiquette : Romans étrangers

  • « Le chagrin des vivants » de Anna Hope…

    « Le chagrin des vivants » de Anna Hope…


    Hier paraissait en France aux éditions Gallimard le premier roman de Anna Hope : « Le chagrin des vivants » (« Wake » dans son pays d’origine qui est le Royaume Uni).

    A cette occasion, la prestigieuse maison littéraire organisait une rencontre avec l’écrivain en partenariat avec Babelio et Lecteurs.com.

    J’ai eu la chance d’être sélectionnée et j’étais donc présente à cette fin de journée/début de soirée fort réussie et vraiment très intéressante !

    Anna Hope s’est très sympathiquement prêtée aux jeux des questions/réponses et elle a su nous captiver, nous expliquer le pourquoi du comment.

    Ce livre nous propose de revenir sur un triste évènement, l’attente de la cérémonie du soldat inconnu qui marquait à sa manière la fin officielle de la Première Guerre Mondiale, à travers trois portraits de femmes.

    « Dehors, la pluie tombe sans bruit, les feuilles en décomposition amortissant sa chute. Ada, allongée, les yeux ouverts, pense à son fils. A l’endroit indéterminé où il gît en France et si là-bas il pleut. »

    « Alors que le silence s’étire, quelque chose devient manifeste. Il n’est pas là. Son fils n’est pas à l’intérieur de cette boîte. Et pourtant elle n’est pas vide. Elle est pleine d’un chagrin retentissant : le chagrin des vivants. Mais son fils n’est pas là. »

    Au-delà de l’écriture qui est remarquable (excellente traduction il faut le noter), les pages trouvent leur rythme dans la temporalité (l’histoire se situe du 7 au 11 novembre 1920) et dans les personnages (trois histoires se font écho).
    Si au départ j’avoue avoir eu un peu de mal à me plonger dedans, une fois ancrée je ne l’ai pas lâché !

    C’est en effet un premier roman dense, intense (elle a mis trois années à l’écrire), nécessaire par son sujet que nous offre Anna Hope.
    L’atmosphère de l’époque est parfaitement décrite, sans que l’on soit abreuvé de documentations historiques. We can smell it!

    Alors comment un auteur qui n’a pas vécu un tel drame peut-elle réussir cela ?

    C’est une des questions que nous lui avons posé hier : elle a baigné dedans indirectement grâce à son père, féru d’Histoire.
    Voilà donc d’où lui vient l’essence de cette magnifique résilience collective.

    Ce livre n’est pas triste. Il montre comment les femmes ont fait pour rester vivantes, pour essayer d’accepter, pour (ré)apprendre à vivre.

    Lors des échanges, Anna Hope a reconnu son intérêt particulier pour Virginia Woolf, Michael Cunningham (« The hours« ) que l’on peut déceler à la lecture.
    Au passage pour celles et ceux qui ne le savent pas, avant d’écrire elle jouait (série « Docteur Who » notamment). On ressent bien, dès le début et elle nous l’a confirmé, qu’elle avait imaginé les trois personnages comme on distribue des rôles.

    L’écrivain nous a confié que son second roman paraîtra en Angleterre dans trois semaines.
    Il se déroulera dans un asile où son arrière-arrière-grand-père est mort et et où se trouvait une salle de bal sublime…

    Encore un GRAND MERCI à Gallimard et à Lecteurs sans qui je serais sans doute passée à côté d’un beau et bluffant premier roman.

    Belle lecture à tous !

    Note de l’éditeur :

    Durant les premiers jours de novembre 1920, l’Angleterre attend l’arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France pour une cérémonie d’hommage.
    À Londres, trois femmes vivent ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l’armée ; Ada, qui ne cesse d’apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d’anciens soldats sur la piste du Hammersmith Palais pour six pence la danse. Dans une ville peuplée d’hommes mutiques, rongés par
    les horreurs vécues, ces femmes cherchent l’équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les cœurs s’apaisent.

  • « Etta et Otto (et Russel et James) » de Emma Hooper…

    « Otto,
    Débutait la lettre, à l’encre bleue.
    Je suis partie. Je n’ai jamais vu l’eau, alors je suis partie là-bas. Rassure-toi, je t’ai laissé le pick up. Je peux marcher. J’essaierai de ne pas oublier de rentrer.
    A toi (toujours),
    Etta »

    Voici les premières lignes du premier roman de Emma Hooper.

    Etta a 83 ans lorsqu’elle écrit cela à son mari Otto.

    Ce livre, je l’ai aimé de manière instantanée.
    L’écrivain a su me plonger dès les premiers mots dans cette aventure incroyable, dans les pas d’Etta, avec beaucoup d’émotions.

    C’est un beau récit initiatique, une quête magnifique, une balade incroyable, aussi mélancolique que libératrice.
    Présent et passé se mêlent et participent à la force qui s’en dégage.

    Laissez-vous donc tenter sans tarder…

    Belle lecture à tous !

     

    Editions Les Escales

  • « La neige noire » de Paul Lynch…

    La lecture de ce roman n’est pas facile. Avis aux amateurs ! 😉

    Dès les premières pages, vous êtes immergé(e)(s) dans une Irlande bien loin des clichés touristiques. Une Irlande noire, âpre, brute, triste, métale, ultra communautaire, aux esprits étroits et peu engageants !

    Si les descriptions sont assez remarquables et les personnages étouffants à souhait, j’avoue m’être quelque peu ennuyée…

    Note de l’éditeur (Albin Michel) :

    « C’est le retour d’un émigré irlandais au pays.
    Après des années passées à New York, Barnabas Kane retrouve le Donegal en 1945 et s’installe sur une ferme avec sa femme et son fils. Mais l’incendie, accidentel ou criminel, qui ravage son étable, tuant un ouvrier et décimant son bétail, met un frein à ce nouveau départ. Confronté à l’hostilité et à la rancoeur d’une communauté qui l’accuse d’avoir tué l’un des leurs, confiné sur cette terre ingrate où l’inflexibilité des hommes le dispute à celle de la nature, Barnabas Kane va devoir choisir à quel monde il appartient »

  • « Paris sur l’avenir » de Nathaniel Rich…

    « Paris sur l’avenir » de Nathaniel Rich…

    New York, dans un futur proche. La vie de Mitchell Zukor mathématicien surdoué mais solitaire va basculer le jour de sa rencontre avec Charnoble, représentant de « FutureWorld », société futuriste dont le siège est un bureau vide de l’Empire State Building. Le poste que ce dernier lui propose va pouvoir révéler son génie concernant le calcul des pires scénarios possibles qui peuvent arriver et dont les prospectives sont vendues aux sociétés clientes afin de les indemniser contre toutes catastrophes futures.
    Un jour, la pire de ses prophéties se révèle exacte…

    La base de l’histoire est originale : c’est un mélange de réalité et de fiction qui aurait pu être intéressant mais cela traîne en longueur à mon goût (j’ai trouvé la partie « Le Futuriste » bien trop redondante) et aucun des personnages a réussi à me séduire (ni le héros Mitchell dont la dérive sera à la hauteur de son génie, ni Jane l’ambitieuse qui deviendra une amie au fil du temps et qui créera sa propre société protectrice en se servant de lui, ni la mystérieuse Elsa -son dernier contact avec la réalité- dont le coeur peut s’arrêter de battre à tout moment).

    Je suis qualifiée de « littéraire » depuis mes plus tendres années, donc pas du tout une « scientifique » dans l’âme. Les probabilités, les statistiques, les algorithmes, les formules et autres formes du genre, même si cela flirte avec la philosophie du désastre, ne me font pas rêver du tout.
    Est-ce la raison pour laquelle je me suis profondément ennuyée ?

    Ce n’est malheureusement pas un premier roman que je défendrai…

    Editions du Sous-sol

    NDLR. Cette chronique a été rédigée pour Lecteurs.com, en tant qu’Explorateur de la rentrée littéraire.

  • « Je m’appelle Blue » de Solomonica de Winter…

    « Je m’appelle Blue » de Solomonica de Winter…

    Ce livre est un ovni. Purement et « simplement » !

    Mais comment peut-on écrire en étant doué d’une telle maturité dans les prémisses de la fleur de l’âge ?!

    Solomonica de Winter serait-elle un extra-terrestre ?
    Après un petit passage sur Wikipedia, elle existe bel et bien.
    « Je m’appelle Blue » (j’aime particulièrement son titre original « Over the rainbow ») est son premier roman.
    Elle a 18 ans. Mais elle a écrit son manuscrit à 16 !
    16 ans…
    Serait-elle donc un petit prodige ? A mes yeux c’est quelqu’un dont nous reparlerons, j’en suis certaine.

    Blue… Ou comment se retrouver dans la tête d’une adolescente de 13 ans silencieuse (suite à un choc émotionnel) qui écrit au médecin qui la suit une histoire des plus dingues à travers ses souvenirs.
    Mais quelle est donc leur part de réalité ? de fiction  ?

    Compliqué d’en parler sans trop déflorer le sujet…

    Ce livre est une dissection de cerveau d’une minutie incroyable dont la violence (non gratuite) est à la (dé)mesure de l’ambivalence identitaire de Blue.
    Quelque chose ne la laisse jamais en paix. Tout comme nous, lecteurs.
    Et je vous promets que cela à de quoi retourner votre propre tête à la lecture !

    C’est un livre intense en terme d’émotions, tout à la fois oppressant et irrésistible, à l’atmosphère pesante, malsaine ou glauque parfois (typique pour moi de la littérature du Nord) qui ne peut que marquer celui ou celle qui se plongera dedans.

    J’ai de temps en temps dû faire des pauses.
    J’avais l’impression d’être le médecin et d’avoir Blue devant moi…

    Brrrrrrr

    C’est une plongée en abîme, toujours sur le fil du rasoir.
    Mais c’est aussi (et sans doute avant tout) l’histoire d’un amour incommensurable d’une fille pour son père.

    At the end, welcome back to reality!
    The real one? Really?

    Editions Liana Levi

    NDLR. Cette chronique a été rédigée pour Lecteurs.com, en tant qu’Explorateur de la rentrée littéraire.

  • « Le restaurant de l’amour retrouvé » de Ogawa Ito…

    « Le restaurant de l’amour retrouvé » de Ogawa Ito…

    Le premier livre envoyé par Livre-moi(s) !

    Une jeune femme de 25 ans perd l’usage de la parole suite à un chagrin d’amour. Elle repart vivre dans son village natal et développe son art (insoupçonné) de redonner du baume au coeur aux personnes (et au lapin ! 😉 ) pour qui elle cuisine.

    Il ne faut surtout pas se fier au titre (traduit) qui pourrait donner envie de fuir parce que ce n’est pas du tout un roman à l’eau de rose !

    C’est en effet un fort joli livre tout droit venu du pays du Soleil Levant sur le don de soi, l’altruisme, la gratitude, les souvenirs, la guérison, la douleur, la solitude, la douceur, l’émerveillement… typiques si j’ose dire de l’Art de Vivre nippon.

    Glissez-vous dans ces pages tout à la fois littéraires et gastronomiques.
    Il y a beaucoup d’ingrédients pour non seulement faire de très bons petits plats mais encore pour embellir la vie, la façon de penser… pour embellir VOTRE vie, VOTRE façon de penser !

    « Les choses importantes, il faut les mettre au freezer. Comme ça, quand on en a besoin,
    il suffit de les passer au micro-ondes, en général ça fonctionne bien. » 

    Des mots, salvateurs de tous les maux. Parce que « la magie est un spectacle impromptu »

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    Quelque part dans le Gers… 

    Editions Philippe Picquier

  • « Wild » de Cheryl Strayed…

    « Wild » de Cheryl Strayed…

    La rédemption par une marche de 4 200 km (sans aucune expérience !) de Cheryl Strayed dans l’unique but d’être confrontée à elle-même , avec pour seuls compagnons ses anciens démons, les souvenirs de sa mère disparue et des lettres de son ex-mari dans les colis qui l’attendent à chaque grande étape du PCT (Pacific Crest Trail).

    Un livre émouvant, touchant, qui fait réfléchir…

    « Si ta volonté te lâche, dépasse ta volonté »
    (Emily Dickinson)

    J’ai beaucoup, BEAUCOUP aimé.

    Belle lecture à tous !

    ©Céline Huet-Huet-Amchin

    NDLR. Ne pas hésiter à voir l’adaptation cinématographique de ce livre qui est très réussie ! 

    Note de l’éditeur (10/18) : 

    « Lorsque sur un coup de tête, Cheryl Strayed enfile son sac à dos, elle n’a aucune idée de ce qui l’attend. Tout ce qu’elle sait, c’est que sa vie est un désastre. Entre une mère trop aimée, brutalement disparue, un divorce douloureux et un lourd passé de junky, Cheryl vacille. Pour tenir debout et affronter les fantômes de son passé, la jeune Cheryl n’a aucune réponse, mais un point de fuite : tout quitter pour une randonnée sur le « Chemin des crêtes du Pacifique ». Lancée au cœur d’une nature immense et sauvage, seule sous un sac à dos trop lourd, elle doit avancer pour survivre, sur 1700 kilomètres d’épuisement et d’effort, et réussir à atteindre le bout d’elle-même. Une histoire poignante et humaine, où la marche se fait rédemption. »
     
    « Dix-sept ans plus tard, devenue une journaliste célèbre, Cheryl Strayed révèle enfin dans un livre revigorant son expérience, cette part d’ombre. Et de lumière. »
    Marie-Claire
     
    Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne Guitton

  • « Academy Street » de Mary Costello…

    « Academy Street » de Mary Costello…

    La vie d’une (anti) héroïne au destin terriblement tragique en terres irlandaise et américaine dont la grâce intérieure et l’abnégation sont sans nul autre pareil.

    La famille, l’émigration, l ‘Amour, la solitude (…) à travers une écriture juste et sensible.
    Un roman anglo-saxon comme je les aime…

    Belle lecture à tous !

    Editions Seuil

    NDLR. L’auteur, Mary Costello, a reçu l’Irish Book of the Year Award (2014) pour ce roman.

  • « Les équilibres aléatoires » de Angela Vallvey…

    « Les équilibres aléatoires » de Angela Vallvey…

    J’aurais apprécié que les 365 pages du livre soit aussi intéressantes que les 12 dernières !

    Le titre était accrocheur, il avait reçu un prix apparemment en 2002 (Nadal) et la promesse était forte  (« petit traité du bonheur où l’humour le dispute à la philosophie »).

    Citation relevée page 84 : « Le bonheur n’est pas chose aisée, il est très difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs » (Chamfort).
    Même parfois dans certains livres hélas… 🙁

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    Editions 10/18