« Une douce lueur de malveillance » de Dan Chaon…

Si vous décidez de vous plonger dans cette lecture, oubliez tous les codes que vous connaissez.

Dès la couverture on sent ce p’tit truc qui fait que. Au-delà du fait qu’elle soit bien choisie et fort belle, le titre (qui comporte au passage un superbe oxymore si je ne me trompe pas) nous interpelle forcément et nous indique que l’on a affaire à n’en pas douter à quelque chose de……………………. particulier !

Je le dis depuis le départ et je le redis (comme cela vous êtes vraiment prévenu(e)(s) : ce livre est étrange. Très étrange.
Que ce soit l’histoire, la construction et l’écriture. Les trois forment un tout complètement dingue, parce qu’inhabituel. Mais terriblement intéressant…
Je n’en dirai pas plus : à vous de les découvrir !

Qui a tué et que s’est-il vraiment passé ? Dans quelle réalité sommes-nous ?
Finalement peu importe.
Le principal est ailleurs.

Maltraitance, lutte pour la survie, souvenirs réels ou irréels, trouble dissociatif de l’identité…

Ceux qui aiment avoir des réponses tranchées, passez votre chemin ou essayez d’aborder ces lignes armé d’un esprit très ouvert.
Ceux qui aiment les histoires tordues, les intrigues pas simples (sans parler des personnages), réfléchir, vous avez trouvé votre Maître !

Dan Chaon joue avec ses personnages, les dates et manipule ainsi à merveille le lecteur, le laissant dans la panade comme il se doit.
L’intérêt est assurément suscité.

C’est complexe. Et donc à mes yeux c’est MAGISTRAL.

Belle lecture à tous !

J’ai lu ce livre dans le cadre du #PicaboRiverBookClub et de rencontres littéraires qui vont avoir lieu lors du Festival America (20 au 23 septembre 2018). 
Un GRAND MERCI renouvelé à Léa qui se reconnaîtra !

Note de l’éditeur (Albin Michel) :

« Nous n’arrêtons pas de nous raconter des histoires sur nous-mêmes. Mais nous ne pouvons maîtriser ces histoires. Les événements de notre vie ont une signification parce que nous choisissons de leur en donner une. »

Tel pourrait être le mantra de Dustin Tillman, psychologue dans la banlieue de Cleveland. Ce quadragénaire, marié et père de deux adolescents, mène une vie somme toute banale lorsqu’il apprend que son frère adoptif, Rusty, vient d’être libéré de prison. C’est sur son témoignage que, trente ans plus tôt, celui-ci a été condamné à perpétuité pour le meurtre de leurs parents et de deux proches. Maintenant que des tests ADN innocentent son frère, Dustin s’attend au pire.

Au même moment, l’un de ses patients, un policier en congé longue maladie, lui fait part de son obsession pour une étrange affaire : la disparition de plusieurs étudiants des environs retrouvés noyés, y voyant la marque d’un serial killer. Pour échapper à sa vie personnelle, Dustin se laisse peu à peu entraîner dans une enquête périlleuse, au risque de franchir les limites que lui impose son rôle de thérapeute.

Plongée dans les ténèbres, celles d’un homme submergé par ses propres contradictions et les failles de sa mémoire, Une douce lueur de malveillance est un livre virtuose et vénéneux. Une écriture glaçante, une inventivité littéraire qui bouscule les structures du roman contemporain : rarement un écrivain aura su explorer le mystère de l’identité avec un réalisme aussi obsédant.

« Correspondance passionnée » d’Anaïs Nin et Henry Miller…

La correspondance est une des formes littéraires que j’affectionne depuis très longtemps.
Je pense que cela remonte aux « Liaisons dangereuses » de Pierre Choderlos de Laclos.

Dans mes chouchous (non exhaustifs et dans le désordre) on trouve Kafka et Miléna, Anne Pingeot et François Mitterrand, Alexandra David-Néel et son mari, Madame de Sévigné, Camille Claudel et Rodin, Frida Kahlo, George Sand…

Grâce au Reading Classics Challenge de ce mois de juin, mon choix s’est donc porté tout naturellement sur les lettres passionnées que se sont échangés Anaïs Nin et Henry Miller.

Ce que j’aime particulièrement c’est qu’au-delà des mots fleure bon une époque, malheureusement révolue.
C’est délicieusement exaltant.

Ce recueil rejoint ces livres (peu nombreux) que j’aime feuilleter de temps en temps parce que j’apprécie les faire infuser, les savoir là, non loin de moi et prêts à être ouverts et réouverts au gré de mes envies.

C’est tout simplement beau, et cela fait du bien.

Belle lecture à tous !

Note de l’éditeur (Stock) :

« Je serai la seule femme que vous n’aurez jamais? Une vie trop intense diminue l’imagination : nous ne vivrons pas, nous ne ferons qu’écrire et parler pour faire gonfler les voiles. »
Anaïs Nin et Henry Miller ont entretenu pendant vingt ans une correspondance passionnée. Commencée en 1932, elle s’achève en 1953, en Californie, alors qu’ils sont tous les deux devenus célèbres. Récit d’un amour fou, qui fait place peu à peu à la tendresse, ces lettres expriment la bienveillance constante qui anime la relation entre ces deux écrivains d’exception.
La sélection qui a été faite – Nin et Miller s’écrivaient tous les jours – suit l’évolution de leurs rapports au travers des années et offre un complément aux Cahiers secrets qui révélaient la passion littéraire et amoureuse qui les a unis. Le lecteur assiste à des échanges passionnants sur le devenir de leur oeuvre et le sens de l’écriture. Sans complaisance l’un envers l’autre, ils s’encouragent, sans cesser de s’adresser critiques et conseils sur leurs travaux respectifs.
Cette correspondance constitue également un témoignage sur l’époque passionnante que ces deux êtres ont traversée et les personnalités du monde des lettres et des arts qu’ils fréquentaient. Deux personnages exceptionnels unis dans une fidélité essentielle, physique, matérielle et littéraire.

« Accordez-moi cette valse » de Zelda Fitzgerald…

Se plonger dans Zelda Fitzgerald c’est forcément s’immerger dans un couple incroyable qui a été l’emblème des Années Folles et de l’âge du Jazz aux Etats-Unis.
Lui, alcoolique, est mort d’une crise cardiaque en 1940. Il avait 44 ans.
Elle, diagnostiquée schizophrène, mourra dans l’incendie de l’hôpital psychiatrique de Asheville en 1948. Elle avait 47 ans.

A la lumière de ce rappel biograhique, le titre de son premier roman écrit en 1932 en seulement six semaines lors d’un traitement à l’hôpital Johns Hopkins met en lumière paradoxalement toute sa lucidité créatrice.
Juste pour information, elle n’achèvera jamais son deuxième roman suite à sa fin tragique mais laissera tout de même à la postérité des nouvelles écrites avec son mari F. Scott. 

De Zelda je connaissais que quelques bribes de sa vie et surtout le fait que c’était l’égérie de son mari.
En réanalysant quelque peu les éléments qui les ont faits grâce au Reading Classics Challenge, cela les rend plus vivants que jamais, assez fascinants même et surtout intrigants.
Zelda en particulier.
Je me suis donc naturellement tournée vers ce livre même si en vrai le choix était limité comme expliqué plus haut…

« Accordez-moi cette valse » est un récit en partie auto-biograghique même si Zelda a pris soin de modifier les noms.

Reflet de toute une époque révolue, la traduction de Jacqueline Rémillet met en lumière une plume plutôt agréable à lire.

Belle lecture à tous !

Note de l’éditeur (Pavillons Poche Robert Laffont) :

« Accordez-moi cette valse est un roman autobiographique dans lequel Zelda Fitzgerald a transposé sa vision toute personnelle de son mariage avec Scott Fitzgerald. Elle y apparaît elle-même sous le nom, à peine voilé, d’Alabama Beggs, incarnation de ces belles du Sud dont elle était une parfaite représentante. Son mari y figure, lui, sous le nom de David Knight. Écrit en «six furieuses semaines», le manuscrit fut accepté d’emblée par Maxwell Perkins, le propre éditeur et ami de Scott Fitzgerald chez Scriber’s. S’il fut boudé par la critique à sa parution, le livre a été réhabilité lors de sa réédition au début des années 1950. Ce portrait d’un homme doué qui s’autodétruit, enfin apprécié à sa juste valeur, est désormais considéré comme une oeuvre «puissante et mémorable» (le Times Literary Supplement) dont les personnages et leurs actions – tragiques – contrastent magnifiquement avec le cadre de cette Côte d’Azur ensoleillée où ils évoluent.
Au-delà de cette peinture d’une époque et de ses personnages, Accordez-moi cette valse est aussi, et peut-être avant tout, un grand roman d’amour. »

« C’est la quantité qui fait que c’est beau.
L’immensité est la plus belle des choses. »

« Je suis heureuse de constater que je me suffis parfaitement à moi-même. »

« Choisir est l’honneur qui fait toute la souffrance de la vie. »

« Portraits et impressions de voyage » de Truman Capote…

De Truman Capote j’avais déjà lu « De sang-froid » (je ne tenais pas encore de blog à cette époque) paru en 1965. Roman de non-fiction (on parle désormais de « true crime ») qui avait eu pour origine un sinistre fait divers (deux jeunes truands avaient tué sans mobile apparent quatre membres de la famille  d’un fermier à Holcomb au Texas), ce dernier fit de lui un écrivain  légendaire devenu tellement mondain qu’il marqua aussi sa déchéance.
Est passé également entre mes mains « Breakfast at Tiffany’s » of course qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable je dois avouer…

Le Reading Classics Challenge du mois de mars m’a fait choisir ce recueil, beaucoup moins connu.

La première partie dresse les portraits de différentes célébrités (peintres, acteurs, photographes et autres…).
La deuxième, trop courte (je suis restée sur ma faim), sont des impressions de voyage que l’écrivain a effectué entre Brindisi et les îles yougoslaves.

Si sur le fond on peut trouver à redire, la forme est servie par une excellente traduction de Nicole Tisserand qui met en lumière une plume humoristiquecynique à souhait et trucculente !

Note de l’éditeur (Gallimard) :

« Outre ses impressions d’un voyage effectué en 1966 entre Brindisi et les îles yougoslaves, avec une escale dans la ville de Dubrovnik et une ironique divagation sur les femmes, ce sont ici des portraits de célébrités que nous livre Truman Capote. Ainsi John Huston, Charlie Chaplin, Pablo Picasso, notamment, sont-ils brièvement campés par sa plume brillante, parfois caustique, mais toujours comique. À Elizabeth Taylor et Tennessee Williams, cependant, Truman Capote réserve presque un court récit, qui est l’histoire de ses rencontres avec chacun d’eux, échelonnées sur plusieurs années de sa vie – près de vingt ans pour l’actrice américaine qui se présente ici sous un jour inattendu, près de cinquante ans pour l’auteur dramatique qu’il connaît depuis l’âge de seize ans. La verve, la drôlerie, le disputent alors à l’attendrissement et à l’amitié. »

« My absolute darling » de Gabriel Tallent…

Se plonger dans un coup de coeur de François Busnel cautionné par Stephen King, le Harper’s Bazaar et The New York Times, ça fiche un chouille la trouille.
Sans vouloir se prendre pour Paul Auster, ET SI jamais je n’aimais pas ?

Il ne nous appartient pas, à nous lecteurs me semble-t-il, de juger le comportement de Martin et de Turtle.
Ce sont des personnages de fiction.
L’écrivain nous conte une histoire sans lui-même jamais prendre partie.
Il nous dresse le portrait d’une Amérique « profonde » et relate l’histoire de personnes “normales” qui commettent des choses complètement dingues.

De fait, on peut apprécier les « characters » comme diraient les anglo-saxons  malgré ce qu’il se passe parce que superbement travaillés.
La force de la plume de Gabriel Tallent est en effet impressionnante pour un premier roman.

Son écriture est une photographie, une peinture qui dissèque, dans les moindres détails.
Les descriptions sont très cinématographiques.

Roman sur la renonciation, la liberté par-dessus tout, c’est une véritable tempête dans le milieu littéraire, un coup de poing époustouflant qui ne peut pas laisser indifférent.

L’atmosphère est lourde et parfaitement rendue.
J’ai dû parfois arrêter ma lecture pour cause de mal être parce que très réaliste.

Nous ne sommes pas prêts d’oublier Turtle (ni Martin d’ailleurs), élevée à la dure, survivante de tout même du plus horrible.
La situation préoccupe, fascine, interpelle.
Ou le combat d’une jeune femme pour exister comme elle l’entend

La douleur, l’indépendance, la liberté, la féminité, l’inceste, la société, les armes, la nature sauvage (en dehors du contrôle des hommes), la violence, l’ambivalence humaine
Voici ce à quoi nous sommes confrontés.

Roman psychologique, initiatique, noir, très « américain » dont je refuse de vous déflorer quoi que ce soit, c’est un livre troublant, bouleversant, aussi dérangeant qu’addictif. Un livre INCROYABLE, d’une maturité folle !

30 ans.
8 ans d’écriture.
Retenez bien ce nom.

Alors oui François Busnel, vous avez eu raison de le mettre à ce point en avant.

LISEZ-LE !
Vous comprendrez ainsi pourquoi on met parfois une majuscule à ce beau mot qu’est Littérature (fonctionne aussi en anglais).

Note de l’éditeur (Gallmeister) :

« À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie. »

A noter la bonne traduction de Laura Derajinski.

Le livre a paru en 2017 aux Etats-Unis.

Merci aux Editions Gallmeister (que j’ai découvertes par ce biais) d’avoir gardé le titre original. Ce n’est pas si fréquent et j’en redemande !