Étiquette : Biographies & Autobiographies

  • « La fille de Joyce » d’Annabel Abbs…

    « La fille de Joyce » d’Annabel Abbs…

    Annabel Abbs fait revivre Lucia Joyce, « la fille de » oui. 
    J’avoue que je ne connaissais ni son existence, ni sa vie…

    Ce livre est le portrait tragique d’une femme artiste sacrifiée par sa famille.

    Entre souvenirs et conversations avec Jung son thérapeute, l’emploi du « je » nous propose une immersion plus vraie de nature.
    Le lecteur se retrouve ainsi dans la peau de Lucia et ça fait froid dans le dos.
    À l’époque rappelez-vous, on internait les femmes pour tout et n’importe quoi…

    Cette biographie romancée qui se dévore est mon premier choix dans la catégorie littérature étrangère en tant que jurée du Grand Prix des Lecteurs 2022 Pocket…
    Les résultats seront connus sous peu ! 
    En attendant il entre dans le challenge du Mois Anglais. 

    Belle lecture à tous !

    ©Céline Huet-Amchin

    Note de l’éditeur (Pocket) : 

    « Qui se souvient de Lucia Joyce ? En 1929, la fille du plus grand auteur irlandais révolutionnait, à Paris, la danse contemporaine. En 1934, elle disparaissait de la scène publique – d’asiles en sanatoriums, tel un jouet aux mains des psychiatres… Sa lumière n’aura brillé que cinq ans. Étouffée par un monstre, son grand écrivain de père, rejetée par un autre, son grand amour Samuel Beckett, elle aura sans cesse été la « muse » des uns, la proie des autres dont on se nourrit puis qu’on fait taire. Il est temps d’entendre, enfin, la voix de Lucia Joyce. » 

  • « Les mille et une vies de Billy Milligan » de Daniel Keyes…

    « Les mille et une vies de Billy Milligan » de Daniel Keyes…

    Une fois commencé, vous aurez du mal à le lâcher !
    634 pages. D’une seule traite donc. 

    Une dissociation de la personnalité.
    Des viols.
    L’irresponsabilité pénale. 

    Une histoire vraie : celle de William Stanley Milligan (1955-2014).

    Au fur et à mesure que le lecteur tourne les pages, il découvre les différentes personnalités qui habitent Billy Milligan : 24 au total ! Oui, oui, vous avez bien lu…
    Les 10 principales et les secondaires (les « indésirables ») d’où découlent différents traits de caractère, différents âges, différents sexes (et orientations sexuelles), différentes langues et accents… 

    Une (dé)construction en trois parties.
    Pour mieux connaître sa vie. Pour mieux « comprendre » le pourquoi, sans toutefois cautionner ou dédouanner évidemment. 
    Et c’est bien là la force du livre. 

    Sévices psychologiques, sévices physiques, sévices sexuels.
    Billy Milligan s’est protégé comme il a pu ai-je envie de dire.

    Tellement perturbant que le livre devient un véritable page turner, à en devenir un peu dingue… 

    Si vous appréciez la psychologie, la psychiatrie qui  dépassent les frontières du droit (pénal), ce livre est pour vous.
    Et si vous restez seul(e) dans votre tête une fois refermé, chapeau bas.

    Une lecture fascinante.

    ©Céline Huet-Amchin

    Remarques : 

    Je préfère le titre en anglais « The minds of Billy Milligan » (littéralement « Les esprits de Billy Milligan »). 

    Le Livre de Poche le classe dans les thrillers. Je n’ai pas trop compris étant donné que c’est plus une biographie. Certainement plus « vendeur »…  

    Note de l’éditeur (Le Livre de Poche) : 

    « Quand la police de l’Ohio arrête l’auteur présumé de trois, voire quatre, viols de jeunes femmes, elle pense que l’affaire est entendue : les victimes reconnaissent formellement le coupable, et celui-ci possède chez lui la totalité de ce qui leur a été volé. Pourtant, ce dernier nie farouchement. Son étrange comportement amène ses avocats commis d’office à demander une expertise psychiatrique. Et c’est ainsi que tout commence…
    On découvre que William Stanley Milligan possède ce que l’on appelle une personnalité multiple, une affection psychologique très rare. Il est tour à tour Arthur, un Londonien raffiné, cultivé, plutôt méprisant, Ragen, un Yougoslave brutal d’une force prodigieuse, expert en armes à feu, et bien d’autres. En tout, vingt-quatre personnalités d’âge, de caractère, et même de sexe différents ! »

    J’ai vu il y a plusieurs mois de cela le film « Split », inspiré de l’histoire de Billy Milligan. 
    Si la performance de l’acteur (James McAvoy) est à relever, entre les deux je vous recommande vivement le livre !

  • « I am I am I am » de Maggie O’Farrell…

    « I am I am I am » de Maggie O’Farrell…

    Je vous le révèle d’emblée : ce livre a été un vrai bonheur de lecture !

    La traduction de Sarah Tardy est une pure merveille, et cela a  contribué à mon plaisir sans aucun doute.

    Maggie O’Farrell n’en est pas à sa première publication, mais pour ma part je ne l’avais jamais lue.
    Je rattraperai assurément mon « retard » en la matière.

    Nous avons affaire ici à une autobiographie dont la construction est follement originale et peu conventionnelle.
    Elle est volontairement éclatée, que ce soit dans le temps et dans les illustrations qui figurent avant chaque chapitre.

    « Dix-sept rencontres avec la mort »

    Nous avons tous frôlé à un moment ou à un autre la mort, de manière très différente.
    C’est ce que nous propose l’écrivain : elle évoque en effet des souvenirs sur le fil du rasoir, diverses façons d’avoir échappé au pire.

    Ces pages forcent le respect et incitent le lecteur à VIVRE de la façon la plus complète, la plus entière possible.
    Malgré tout le tragique qui s’en dégage, c’est une ode viscérale à la vie, à l’inattendu.

    « I am I am I am » ce sont des émotions, des sensations, des réflexions à nulles autres pareilles.
    J’ai ressenti ces lignes, au sens strict du terme. Un peu à l’image du « Parfum » de Patrick Süskind lu il y a fort longtemps, bien que très différent : olfactivement concernant ce dernier, corporellement celui-ci.

    C’est un livre à part, qui aura une place de choix dans mes bibliothèques.

    Belle lecture à tous !

    J’ai eu l’occasion de rencontrer l’auteur en petit comité grâce au Picabo River Book Club (Léa) et Belfond.
    Un grand merci renouvelé à eux !

    Note de l’éditeur (Belfond) :

    « Après le succès d’Assez de bleu dans le ciel, Maggie O’Farrell revient avec un nouveau tour de force littéraire. Poétique, subtile, intense, une œuvre à part qui nous parle tout à la fois de féminisme, de maternité, de violence, de peur et d’amour, portée par une construction vertigineuse. Une romancière à l’apogée de son talent.
    Il y a ce cou, qui a manqué être étranglé par un violeur en Écosse.
    Il y a ces poumons, qui ont cessé leur œuvre quelques instants dans l’eau glacée.
    Il y a ce ventre, meurtri par les traumatismes de l’accouchement…
    Dix-sept instants.
    Dix-sept petites morts.
    Dix-sept résurrections.Je suis, je suis, je suis.
    I am, I am, I am. »
  • « Faire danser les gens » de Fred Rister…

    « Faire danser les gens » de Fred Rister…

    #FDG , ou la musique en « infra-veineuse » (les connaisseurs comprendront et apprécieront; les autres reviendront vers moi pour les explications)…

    Avouons d’emblée que je souffre d’une culture musicale assez pauvre (disons que ma playlist n’est pas aussi « avouable » que celle de Mon Brun). Je craignais du coup que ce livre ne soit pas du tout pour moi.
    Alors faites ce que j’ai fait : sortez de votre zone de confort le cas échéant et plongez-vous dans ce que vous ne connaissez peut-être pas parce qu’au final nous avons tous esquissé des mouvements bougé (grave) nos popotins et/ou chantonné perdu nos voix sur « I Gotta Feeling » (et bien d’autres tubes planétaires : « Love Don’t Let Me Go » , « Love Is Gone » …).

    C’est l’histoire d’un p’tit gars du Nord, d’un homme de l’ombre qui s’est battu et qui se bat toujours pour tenter de réaliser tous ses rêves…

    Emprunt d’une justesse naturelle et bien écrit (jolie surprise), les lignes ne souffrent d’aucun bling-bling, pathos ou autre chose qui pourrait déranger le lecteur malgré les noms évoqués et le sujet.

    Un p’tit miracle se produit à la lecture et j’espère que Fred Rister ne fera pas danser les anges trop vite…

    Note de l’éditeur (Editions Séguier) :

    « Je suis de Malo-les-Bains, près de Dunkerque. Fils d’ouvrier tranquille, je décrochai un BP de coiffure, gagnais ma vie, j’étais aimé de mes parents et bien sûr, quelque chose me manquait. C’est au Stardust, la boîte mythique de La Panne, assis dans la cabine du DJ, que quelque chose changea. La musique, cette musique, me percuta pour la vie. Ça doit être ça, une « vocation », et trente ans plus tard des célébrités m’embrassaient, je me retrouvais en haut des classements mondiaux, ceux des ventes de disques, et je voyais la planète entière danser sur mes tubes ! Cette musique ? Je fais de l’électro pop music. La plus controversée – et méprisée – de la musique actuelle. Mais la plus populaire, aussi. Une œuvre existe dès lors qu’elle est lue, vue, écoutée – ici, je rivalise avec Ravel ! Alors n’allons pas écrire qu’un homme sût croire en son « destin » ou je ne sais quelle connerie. J’ai subi neuf cancers. Je suis le plus célèbre des inconnus. Je travaille avec plaisir pour les autres sans chercher leur gloire. Et je n’ai pas quitté le Nord comme jamais je ne renierai ma musique. Il n’y aurait pas d’autre façon de se trahir. De se mentir. De se tuer. »

    Fred Rister est un DJ et producteur de musique électro pop français. Il a co-écrit et co-produit plusieurs des grands tubes planétaires de David Guetta, dont les hits Who’s That Chick et I Gotta Feeling avec les Black Eyed Peas. Ils reçoivent ensemble en 2011 le Grammy Awards de la Meilleure Chanson Dance de l’année pour When Love Takes Over.

    J’ai eu l’occasion de rencontrer Fred Rister lors de la séance de dédicace organisée à la Librairie Idéale à Paris mercredi soir.
    Un beau moment. Il n’est en effet pas avare du temps accordé aux personnes qui viennent le voir et il est d’une humanité rare…

    Ce livre se lit autant qu’il s’écoute.
    Carole Madelon-Marie a créé LA playlist à offrir en parallèle à vos oreilles sur Spotify.

    Outre cette auto-biographie, il est à rappeler que le 16 mars dernier est sorti dans tous les bacs le titre « I want a miracle » (#IWAM).

    Que ce soit pour le single ou le livre, sachez que Fred Rister reverse l’intégralité des ventes à Kidney Cancer Association.

    #fuckcancer

  • “Les soeurs Brontë, la force d’exister” de Laura El Makki…

    “Les soeurs Brontë, la force d’exister” de Laura El Makki…

    Ce livre au doux parfum de l’Angleterre du XIXe et de tout ce qui a fait les Brontë a été un véritable page-turner me concernant !

    A la manière de Tatiana de Rosnay qui a fait revivre Daphné du Maurier (“Manderley for ever”), Laura El Makki nous conte l’histoire  de la célèbre famille pour le plus grand plaisir des lecteurs même si personnellement je n’ai rien appris de plus que ce que je savais déjà.

    Ce que j’ai particulièrement apprécié est sans aucun doute la genèse du processus créatif de l’écriture, cet art commun qui coulait dans leurs veines.

    Document ponctué de lignes de Charlotte, Emily et Anne, ce dernier nous incite à nous replonger dans leurs écrits, romans, dessins et poèmes.

    Et l’on referme le livre en souhaitant une chose : aller visiter Haworth !

    Belle lecture à tous !

    Note de l’éditeur (Tallandier) :

    “Les soeurs Brontë sont un mystère. Isolées du monde, filles d’un pasteur de village, elles ont révolutionné l’histoire littéraire en publiant, sous pseudonymes masculins, des romans brûlants d’amour et de vie comme Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent.
    Haworth, 1836. Dans les landes du Yorkshire, Charlotte (20 ans), Emily (18 ans) et Anne (16 ans) écrivent à la lumière de la bougie. Comment ces jeunes femmes de condition modeste, sans relations ni entregent, vont-elles devenir des auteurs qui comptent ? Quel rôle tient leur frère Branwell, artiste raté, dans cette fratrie à la fois soudée et rongée par les non-dits ?
    Partie sur les traces des soeurs Brontë, Laura El Makki nous plonge dans leur intimité, leurs alliances, leurs déchirements, et nous raconte le destin de trois femmes aux prises avec l’adversité, qui ont su trouver en elles la force d’exister.”

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Gabriële » d’Anne & Claire Berest…

    « Gabriële » d’Anne & Claire Berest…

    Ce livre est un sublime coup de pinceau doublé d’une note de musique subtile qui met en lumière une muse et une compagne exceptionnelle.

    C’est le portrait d’une femme libre (mais la condition de celle-ci est évoquée sans concession) dans le Paris artistique fin XIXe / XXe comme je les aime, dont le trait est aussi fin et piquant qu’élégant.

    Les soeurs Berest (arrière-petites-filles de Gabriële) nous font comme la conversation, nous conte l’histoire, en s’apostrophant.
    J’ai particulièrement apprécié cette façon de faire que j’ai trouvé des plus intéressantes : cela plonge le lecteur dans l’intimité du couple et de tous ceux qui l’entourent.

    Au final, nous avons entre les mains un magnifique tableau vivant, que je vous recommande vivement !

    Editions Stock

    « Septembre 1908. Gabriële Buffet, femme de 27 ans, indépendante, musicienne, féministe avant l’heure, rencontre Francis Picabia, jeune peintre à succès et à la réputation sulfureuse. Il avait besoin d’un renouveau dans son œuvre, elle est prête à briser les carcans : insuffler, faire réfléchir, théoriser. Elle devient «  la femme au cerveau érotique  » qui met tous les hommes à genoux, dont Marcel Duchamp et Guillaume Apollinaire. Entre Paris, New York, Berlin, Zürich, Barcelone, Étival et Saint-Tropez, Gabriële guide les précurseurs de l’art abstrait, des futuristes, des Dada, toujours à la pointe des avancées artistiques. »

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Rose Valland, Capitaine Beaux-Arts » de Catel, Polack et Bouilhac…

    « Rose Valland, Capitaine Beaux-Arts » de Catel, Polack et Bouilhac…

    En marge de l’exposition « 21 rue de la Boétie » cet album, édité aux Editions Dupuis, retrace (rapidement) le combat d’une vie : celui de Rose Valland, « historienne d’art, résistante et capitaine de l’armée française qui a activement contribué au sauvetage et à la récupération de presque 45 000 œuvres d’art volées par les nazis. »

    Ce livre en deux parties (une BD et des documents historiques) vous donnera envie d’aller plus loin, et notamment de lire « Le front de l’art » qu’elle a écrit.

    Belle lecture (indispensable) à tous !

    Films à voir sur le sujet : « The Monuments Men » et « Le train » .

  • « Manderley for ever » de Tatiana de Rosnay…

    « Manderley for ever » de Tatiana de Rosnay…

    « Les gens et les objets disparaissent, pas les lieux »

    Ce livre étant dans ma PAL depuis 2 ans.
    2 ans.

    A quelques jours de la diffusion du documentaire qui est consacré à Daphné du Maurier sur Arte (good timing isn’t it?!), je me suis (enfin) plongée dedans…

    Note de l’éditeur :

    « J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley. » C’est par cette phrase que commence Rebecca, le roman de Daphné du Maurier porté à l’écran par Alfred Hitchcock.

    Depuis l’âge de douze ans, Tatiana de Rosnay, passionnée par la célèbre romancière anglaise, fait de Daphné du Maurier un véritable personnage de roman. Loin d’avoir la vie lisse d’une mère de famille, qu’elle adorait pourtant, elle fut une femme secrète dont l’œuvre torturée reflétait les tourments.

    Pour qui suit un tant soit peu Tatiana de Rosnay connaît son amour incommensurable pour Daphné du Maurier, et ce depuis son plus jeune âge.
    Le titre du livre lui rend bien : c’est une indubitable déclaration.

    Avec cette biographie romancée extrêmement bien documentée, cette relation viscérale, unique en son genre, prend tout son sens.

    Elle entraîne en effet le lecteur dans les pas de l’écrivain, véritable enquête  – pélerinage de Londres à Paris en passant par New York, sans oublier la Cornouaille si chère à son coeur.

    Et comme j’ai aimé la suivre, les suivre !

    La construction alterne le travail considérable de recherches de Tatiana et l’immersion totale dans la vie de Daphné, pour ne faire plus qu’un.
    On se prend vite au jeu et surtout d’affection pour tous les lieux parcourus, habités, au point de vouloir refaire exactement le même parcours.

    J’ai vraiment passé un très bon moment.
    Arrivée à la fin du voyage, j’étais triste de les quitter toutes les deux tellement je me sentais bien avec elles.

    Ou comment un écrivain irrésistiblement libre et anticonformiste devient un personnage de roman…
    Ou comment un écrivain peut émouvoir un autre auteur… et leurs lecteurs.

    Belle lecture à tous !

    Editions Albin Michel / Héloïse d’Ormesson