« Mercy Mary Patty » de Lola Lafon…

Note de l’éditeur :

« En février 1974, Patricia Hearst, petite-fille du célèbre magnat de la presse William Randolph Hearst, est enlevée contre rançon par un groupuscule révolutionnaire dont elle ne tarde pas à épouser la cause, à la stupéfaction générale de l’establishment qui s’empresse de conclure au lavage de cerveau.
Professeure invitée pour un an dans une petite ville des Landes, l’Américaine Gene Neveva se voit chargée de rédiger un rapport pour l’avocat de Patricia Hearst, dont le procès doit bientôt s’ouvrir à San Francisco. Un volumineux dossier sur l’affaire a été confié à Gene. Pour le dépouiller, elle s’assure la collaboration d’une étudiante, la timide Violaine, qui a exactement le même âge que l’accusée et pressent que Patricia n’est pas vraiment la victime manipulée que décrivent ses avocats… »

Lola Lafon revient ici sur un fait divers américain. Elle en tire un portrait social sans concession à travers trois destins de femmes sur fond d’enfermement, d’idéal et d’essence identitaire complexe.

Si le « vous » choisi par l’écrivain durant de nombreuses pages fait poser beaucoup de questions au lecteur, laissez-vous tenter par cette plume si particulière mais profondément ancrée dans notre temps.

Editions Actes Sud

Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

« Un certain Monsieur Piekielny » de François-Henri Désérable…

Note de l’éditeur :

«Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire : au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… »
Quand il fit la promesse à ce M. Piekielny, son voisin, qui ressemblait à « une souris triste », Roman Kacew était enfant. Devenu adulte, résistant, diplomate, écrivain sous le nom de Romain Gary, il s’en est toujours acquitté : « Des estrades de l’ONU à l’Ambassade de Londres, du Palais Fédéral de Berne à l’Élysée, devant Charles de Gaulle et Vichinsky, devant les hauts dignitaires et les bâtisseurs pour mille ans, je n’ai jamais manqué de mentionner l’existence du petit homme », raconte-t-il dans La promesse de l’aube, son autobiographie romancée.
Un jour de mai, des hasards m’ont jeté devant le n° 16 de la rue Grande-Pohulanka. J’ai décidé, ce jour-là, de partir à la recherche d’un certain M. Piekielny.»

Ou comment la force d’une phrase, au départ anodine, nous plonge avec une force incroyable dans tout ce qu’a été Romain Gary !

Si au départ cet étrange et mystérieux Monsieur Piekielny m’a décontenancée, il s’est bonifié au fur et à mesure des pages et j’ai pris un malin plaisir à savoir lire entre les lignes.

Des rencontres imaginaires, un ton ironique et humoristique totalement irrésistible, mais aussi un sublime éloge des mères…

En littérature, j’aime être surprise, bousculée et lire des livres qui sortent des sentiers battus.
Désérable devient donc mon héros avec cette enquête « littéraire », cette quête identitaire des plus minutieuses, méticuleuses.
C’est une délicieuse balade, certes cousue de fil blanc au final mais rondement menée que je vous recommande vivement !

Editions Gallimard

Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

« Légende d’un dormeur éveillé » de Gaëlle Nohant…

Note de l’éditeur :

« Robert Desnos a vécu mille vies – écrivain, critique de cinéma, chroniqueur radio, résistant de la première heure –, sans jamais se départir de sa soif de liberté. Pour raconter l’histoire extraordinaire de ce dormeur éveillé, Gaëlle Nohant épouse ses pas ; comme si elle avait écouté les battements de son cœur, s’était assise aux terrasses des cafés en compagnie d’Éluard ou de García Lorca, avait tressailli aux anathèmes d’André Breton, fumé l’opium avec Yvonne George, et dansé sur des rythmes endiablés au Bal Blomet aux côtés de Kiki et de Jean-Louis Barrault. S’identifiant à Youki, son grand amour, la romancière accompagne Desnos jusqu’au bout de la nuit.
Légende d’un dormeur éveillé révèle le héros irrésistible derrière le poète et ressuscite une époque incandescente et tumultueuse, des années folles à l’Occupation. »

Je me suis (re)plongée avec délice dans le Surréalisme en compagnie de Robert Desnos et de bien d’autres (Queneau, Neruda, Aragon, Prévert…).

Gaëlle Nohant a assurément le don de faire revivre toute une époque, en alternant des phases d’écriture personnelle et des vers et autres proses du poète, ce qui remplit admirablement les blancs entre les lignes.
Elle mêle admirablement Histoire et Littérature.

Mais ce livre souffre à mes yeux d’un bémol de taille : il comporte 100-150 pages de trop…

A vous de juger !

Editions Héloïse d’Ormesson

Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

« Dans le désert » de Julien Blanc-Gras…

Note de l’éditeur :

« On en parle beaucoup, de ces pétromonarchies du Golfe, et on n’en parle pas beaucoup en bien. Elles sont accusées, pêle-mêle, d’acheter la France, de financer le terrorisme, d’opprimer les femmes, de pratiquer l’esclavage et de s’accaparer les meilleures pièces du magasin Vuitton des Champs- Élysées. On en parle surtout de loin et j’ai envie de voir plus près. » Après les Kiribati et le Groenland, l’auteur de Touriste entreprend un récit de voyage dans cette péninsule arabique où s’érige un nouveau monde à la démesure fascinante, où tout peut arriver, pour le meilleur et pour le pire. En quête de l’hospitalité arabe, il s’ensable au Qatar, hallucine à Dubaï, frôle la mort aux Émirats, médite sur la fraternité humaine à Oman et se fait expulser du Bahreïn.
Réussira-t-il à se faire des amis dans le désert ? Parviendra-t- il à réconcilier l’Orient et l’Occident autour d’un thé à la menthe ?

Ce livre est une enquête sans concession des pays arabes, où tous les sujets sont abordés sans aucun tabou (condition de la femme, partis politiques, médias, religion, sexe…) et qui lève le voile sur des terres où les paradoxes sont nombreux et profonds.

Je ne suis pas certaine de vouloir en connaître plus qu’une escale lorsque je vole vers l’Asie, mais ce carnet de route est des plus instructifs et je recommande sa lecture.

Editions Au Diable Vauvert

Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

« Gabriële » d’Anne & Claire Berest…

Note de l’éditeur :

« Septembre 1908. Gabriële Buffet, femme de 27 ans, indépendante, musicienne, féministe avant l’heure, rencontre Francis Picabia, jeune peintre à succès et à la réputation sulfureuse. Il avait besoin d’un renouveau dans son œuvre, elle est prête à briser les carcans : insuffler, faire réfléchir, théoriser. Elle devient «  la femme au cerveau érotique  » qui met tous les hommes à genoux, dont Marcel Duchamp et Guillaume Apollinaire. Entre Paris, New York, Berlin, Zürich, Barcelone, Étival et Saint-Tropez, Gabriële guide les précurseurs de l’art abstrait, des futuristes, des Dada, toujours à la pointe des avancées artistiques. »

Ce livre est un sublime coup de pinceau doublé d’une note de musique subtile qui met en lumière une muse et une compagne exceptionnelle.

C’est le portrait d’une femme libre (mais la condition de celle-ci est évoquée sans concession) dans le Paris artistique fin XIXe / XXe comme je les aime, dont le trait est aussi fin et piquant qu’élégant.

Les soeurs Berest (arrière-petites-filles de Gabriële) nous font comme la conversation, nous conte l’histoire, en s’apostrophant.
J’ai particulièrement apprécié cette façon de faire que j’ai trouvé des plus intéressantes : cela plonge le lecteur dans l’intimité du couple et de tous ceux qui l’entourent.

Au final, nous avons entre les mains un magnifique tableau vivant, que je vous recommande vivement !

Editions Stock

Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !