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  • « Ces rêves qu’on piétine » de Sébastien Spitzer…

    « Ces rêves qu’on piétine » de Sébastien Spitzer…

    Ce que je connaissais de Magda Goebbels ? Sa position de femme influente du IIIe Reich et surtout son adoration telle pour Hitler qu’elle a tué ses propres enfants avant de se donner la mort avec son mari dans le bunker du Führer.

    C’est par le biais de certaines atrocités que l’on devient un personnage de roman comme celui que propose Sébastien Spitzer, journaliste de son état…

    Cela étant dit, nous sommes bien loin d’un énième livre sur le sujet ou la période grâce à la construction astucieuse choisie : les destins croisés de juifs (parmi eux, le « presque » père qui l’a élevée) et la fin inéluctable des nazis dont fait partie Magda, Médée moderne (la fille qui a voulu l’oublier sur l’autel des folles idées qu’elle soutenait).

    Là où l’écrivain fait fort, c’est qu’il arrive à maintenir une intensité particulière alors que l’écriture est sobre, voire même douce.
    La psychologie des personnages est fouillée, le fond des lignes extrêmement documentées.
    Et nous, lecteurs, nous nous glissons dans les voies inexorables dans lesquelles nous entraîne l’auteur…

    Pour un premier roman, c’est un coup de maître !

    Editions de L’Observatoire

    Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l’Allemagne nazie. L’ambitieuse s’est hissée jusqu’aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu’elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s’enfonce dans l’abîme, avec ses secrets.
    Au même moment, des centaines de femmes et d’hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s’accrochant à ce qu’il leur reste de vie. Parmi ces survivants de l’enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d’une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d’un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie d’un homme et le silence d’une femme : sa fille.
    Elle aurait pu le sauver.
    Elle s’appelle Magda Goebbels.

    NDLR. J’ai lu ce livre à sa parution en septembre dernier mais il fait partie de la sélection du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Même Dieu ne veut pas s’en mêler » d’Annick Kayitesi-Jozan…

    « Même Dieu ne veut pas s’en mêler » d’Annick Kayitesi-Jozan…

    Note de l’édieur :

    En kinyarwanda, « au-revoir »se dit : « Prends soin de survivre à la journée ».

    Annick Kayitesi-Jozan a survécu au génocide des Tutsis en 1994, au Rwanda. Elle avait 14 ans. Sa mère, son petit frère, une grande partie de sa famille ont été massacrés. Réfugiée en France, elle apprend au qutodien à vivre avec les morts, et avec les siens. Désormais, elle doit répondre aux questions de ses enfants. Alors, elle se souvient. Elle remonte le temps jusqu’à la cuisine pleine de suie où, pendant les tueries, elle sert de bonne aux voisins qui viennent de dénoncer sa mère.

    Sans remettre en cause ce que l’auteur a vécu, ce témoignage m’a laissée malheureusement complètement de marbre pour deux raisons principales :

    1-  je n’ai rien appris de plus sur le sujet
    2 – j’ai trouvé l’écriture très pauvre (beaucoup trop de bla-bla, doublé en plus d’un pathos insupportable à mon goût) et la construction brouillon

    Ce fût donc pour moi une lecture complètement inutile (toutes mes excuses), mais à vous de juger !

    Editions Seuil

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Crapule » de Jean-Luc Deglin…

    « Crapule » de Jean-Luc Deglin…

    Les félins ont été, sont et seront toujours un sujet d’étude passionnant.
    Preuve en est avec ce nouveau livre, proposé par Jean-Luc Deglin aux Editions Dupuis.

    A travers des dessins parsemés de couleur bleu sur fond noir et blanc, entre ronrons, doux coussinets, coups de griffes, morsures et câlins, Crapule et son humaine vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser en donnant lieu à des situations drôles et cocasses teintées d’humour noir et parfois un peu amères.

    C’est que la vie avec un chat (ou plus) n’est pas toujours aisée !

    On sent que l’écrivain, mâle de son état, a assurément bien étudié le comportement de sa muse féline, qu’il n’oublie d’ailleurs pas de remercier.

    Ce que j’ai apprécié ?
    On se sent comme au théâtre !
    Chacun pourra retrouver ce qui fait le charme (ou pas) de son poilu dans les mises en scène choisies fort à propos.
    On rit (beaucoup) et on le relit pour bien capter toutes les subtilités souhaitées je pense par l’auteur.

    Dernière chose fort importante : ces 128 strips ont été également chatpprouvés par Nabuchodonosor, qui a désespérément tenté de cacher le titre comme vous pouvez le voir !

    Editions Dupuis

    Un grand merci à Lecteurs.com pour cette parenthèse de lecture bien sympathique.

  • « La mésange et l’ogresse » d’Harold Cobert…

    « La mésange et l’ogresse » d’Harold Cobert…

    Ai-je besoin de rappeler ici les faits de l’Affaire Fourniret ?
    Pédophile et meurtrier tristement notoire, dont la femme a cautionné (voire plus et c’est une hypothèse de l’écrivain que j’ai trouvée extrêmement intéressante) les actes immondes.

    Dans ce livre, Harold Cobert s’empare donc de ce qui a fait et qui fait de ce couple des monstres en la matière.
    Même si je connaissais en substance les détails, la lecture m’a fait froid dans le dos.
    L’auteur, parfaitement documenté, a le don pour installer l’atmosphère, les personnages « en se glissant dans leurs peaux » en parallèle d’une construction tout aussi épatante (parce qu’originale) qu’effrayante, à la limite du supportable.

    Oui, certaines pages m’ont retourné la tronche (je vous le dis comme je le pense).
    J’étais souvent au bord de l’écoeurement tellement c’est parfaitement décrit, disséqué.

    Ce triangle à huis clos est brillamment étouffant.
    Il questionne, tant au niveau psychologique que sociétal, politique, juridique et judiciaire.

    Ou comment réussir à ne pas pouvoir s’empêcher de lire une histoire vraie des plus sordides dont les portraits sont terriblement bien brossés et ce malgré l’horreur de la situation, des situations.
    Question qui en découle : cela fait-il de nous des lecteurs pervers ?
    Vous avez 4h…

    Editions Points

    Je remercie vivement mon amie Nathalie du blog Eirenamg qui n’a de cesse de défendre cet auteur (« caméléon » selon ses mots) qui le mérite.
    Ces pages m’ont donné envie de découvrir ses autres livres !

  • « De l’ardeur » de Justine Augier…

    « De l’ardeur » de Justine Augier…

    Cet essai est un gros coup de cœur !
    Je l’ai trouvé non seulement intéressant mais également fort émouvant et extrêmement bien écrit.

    Ce livre est une enquête sur une femme exceptionnelle, avocate spécialisée dans la défense des prisonniers politiques, journaliste et militante des Droits de l’Homme, enlevée par des islamistes intégristes avec trois autres personnes en Syrie en 2013 et depuis portée disparue.

    La première chose que j’ai faite dès les premières lignes a été de mettre un visage sur un nom.

    Absente, d’accord. Mais j’avoue avoir eu besoin qu’elle soit humainement là face à la force des mots.

    Justine Augier, qui a mis ses pas dans ceux de ce personnage extraordinaire, a le don de nous brosser le formidable portrait, complet parce que très bien documenté, de Razan Zaitouneh (« sérénité » en arabe) et en filigrane de tout un pays plongé dans le chaos le plus profond.
    Un prénom et un nom, que nous ne sommes pas prêts d’oublier…

    Belle lecture à tous !

    Editions Actes Sud

    Avocate, militante des droits de l’homme, figure de la dissidence syrienne, Razan Zaitouneh s’appliquait à documenter les crimes commis dans son pays par le régime mais aussi par les groupes intégristes, à recueillir la parole de ceux qui avaient survécu à la torture et à l’enfermement – quand, en décembre 2013, elle fut enlevée avec trois de ses compagnons de lutte. Depuis lors, on est sans nouvelles. De l’ardeur reconstitue son portrait, recompose le puzzle éclaté de la révolution en Syrie, et du crime permanent qu’est devenu ce pays.
    En découvrant son combat et son sort, Justine Augier, qui a elle-même mis à distance ses premiers élans humanitaires, est saisie par la résonance que cet engagement aussi total qu’épris de nuances trouve dans ses propres questionnements. Récit d’une enquête et d’une obsession intime, partage d’un vertige, son livre est le lieu de cette rencontre, dans la brûlure de l’absence de Razan.
    Plongée dans l’histoire au présent, De l’ardeur nous donne un accès précieux à cette réalité insaisissable dans son assassine absurdité, et si violemment parallèle à notre confort occidental peu à peu menacé. Et ce, dans un respect absolu de la dignité du langage, dans la lucidité d’une impuissance certaine et néanmoins étrangère à toute reddition.

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

    NDLR. Ce livre a reçu le Prix Renaudot Essai 2017.

  • « En sacrifice à Moloch » d’Asa Larsson…

    « En sacrifice à Moloch » d’Asa Larsson…

    Dès les premières lignes, pas de répit !

    Ambiance nordique parfaitement décrite, personnages aux portraits intéressants…

    L’intrigue monte crescendo et propose deux histoires en parallèle (liées bien évidemment)…

    Le tout fait de ce thriller un très bon moment de lecture.

    Belle lecture à tous !

    Editions Albin Michel

    Au terme d’une traque impitoyable dans les forêts de Lainio, en Laponie suédoise, un ours féroce est abattu. Dans sa panse : les restes d’un homme…
    Cette macabre découverte est suivie quelques mois plus tard par l’assassinat d’une femme à coups de fourche. Chargée de l’enquête, la procureure Rebecka Martinsson ne tarde pas à recouper ces faits a priori sans rapport : les deux victimes avaient un lien de parenté ; ils étaient père et fille. Mais ils ne sont ni les premiers ni les derniers à disparaître, comme si une étrange malédiction frappait leur famille…

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Le coeur battant de nos mères » de Brit Bennett…

    « Le coeur battant de nos mères » de Brit Bennett…

    Note de l’éditeur :

    Nadia a 17 ans et la vie devant elle. Mais quand elle perd sa mère et avorte en cachette, tout change. Elle choisit alors de quitter la communauté noire et religieuse qui l’a vue grandir. Boursière dans une grande université, Nadia fréquente l’élite. Elle a laissé derrière elle Luke, son ancien amant aux rêves brisés, et Aubrey, sa meilleure amie. Durant une décennie marquée des affres de la vie, les trajectoires des trois jeunes gens vont se croiser puis diverger, tendues à l’extrême par le poids du secret.

    Ce livre est un rendez-vous manqué.
    J’aurais aimé l’aimer… pour son titre, pour l’histoire encensée par la critique américaine.

    D’une part, je ne sais pas si cela tient à une mauvaise traduction française mais je n’ai pas été sensible à l’écriture de l’auteur.
    D’autre part, l’histoire est malheureusement assez plate malgré les sujets abordés (maternité, avortement, triangle amoureux…).

    Best seller ou pas, il m’a littéralement laissée sur le côté.

    A vous de juger !

    Editions Autrement

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Le tour du monde en 72 jours » de Nellie Bly…

    « Le tour du monde en 72 jours » de Nellie Bly…

    Ce sont la couverture et le titre qui m’ont interpellée.
    Et j’ai eu raison de faire confiance à mon nez…

    J’avoue que je ne connaissais pas du tout Nellie Bly et lorsque je suis allée me renseigner sur elle (Wikipedia mon amour), je me suis dit que le hasard avait bien fait de la mettre sur mon chemin.
    Une journaliste aventurière qui veut battre le record de Philéas Fogg, célèbre personnage de Jules Verne, reine de l’infiltration de surcroît. Il n’en fallait pas plus pour que j’apprécie le personnage que l’on pourrait croire tout droit sorti d’un roman !

    « Il faut toujours croire en la réussite de son entreprise. »

    Une femme habitée, déterminée, libre, drôle, qui a le sens de la répartie et qui n’a pas froid aux yeux…
    Une seule robe (qu’elle porte) et un sac à mains en guise de bagage…
    Des bateaux, des trains…
    Sans jamais s’éloigner de son but, elle prend le temps d’observer, de visiter, de parler avec les locaux, de décrire ce qu’elle voit partout où elle passe (Southampton, Paris, Brindisi, Port Saïd, Aden, Colombo, Singapour, Hong Kong, Chine, Japon…)

    « Si j’échoue, je ne remettrai jamais plus les pieds à New York (…).
    Je préfèrerais encore arriver morte mais victorieuse
    que vivante et en retard. »

    Et nous nous prenons au jeu de manière irrésistible.
    Le lecteur la suit pas à pas, bravant les tempêtes, les retards… avec elle.

    Le 30 novembre 1889, le New York World (j’ai beaucoup apprécié l’insertion dans le récit de leurs brèves/articles parus au sujet du périple) résumera très bien à l’époque ce que j’ai ressenti en la lisant en 2017 :

    « Elle fait voler en éclats le romantisme
    en rendant la réalité plus désirable que nos rêves. »

    Belle lecture à tous !
    Et à bientôt pour le billet sur un autre de ses livres : « 10 jours dans un asile » qui est en commande chez mon libraire…

    Editions Points

    Défier Jules Verne et son Phileas Fogg ? C’est l’ambitieux projet de Nellie Bly et de son journal, le New York World. C’est en femme, en journaliste et en solitaire qu’elle entame cette traversée en novembre 1889, chargée d’un unique sac à main. Une première. Et en 72 jours, elle boucle cette expédition, qui est autant une ode à l’audace et à la détermination qu’une lutte pour l’émancipation des femmes.

  • « La salle de bal » d’Anna Hope…

    « La salle de bal » d’Anna Hope…

    Anna Hope, je l’ai découverte en janvier 2016 lorsque les Editions Gallimard collection « Du monde entier » a fait paraître son premier roman « Le chagrin des vivants » en langue française.

    Cette année, la maison sort « La salle de bal » (titre original : « The Ballroom » ), que je me suis empressée de m’offrir tellement je m’étais régalée avec son précédent livre.

    Nous voici donc immergés dans un asile cette fois, en 1911 en Irlande.
    Pour ce livre, l’écrivain s’est inspirée de son arrière-arrière-grand-père.

    Roman à trois voix (l’auteur affectionne visiblement ce type de construction dans ses écrits, ce qui apporte un rythme non négligeable au récit), c’est autant une intrigue romantique qu’un roman social sur fond de réalité historique si chère à sa plume.

    Anna Hope revient en effet sur un épisode méconnu de l’histoire anglaise, à savoir la politique eugénique dans les asiles et égratigne au passage Churchill comme il se doit.

    Les sujets abordés sont vastes : l’internement, la procréation, la fausse humanité, la liberté…

    L’atmosphère de l’époque est palpable et admirablement décrite. Comme dans son premier roman, nous pouvons la sentir à chaque page.
    On imagine une fois encore très bien le temps que l’écrivain a dû passer à se documenter, sans toutefois avoir cette sensation d’être abreuvé, noyé dans tous les détails inutiles au lecteur.
    C’est assurément un des (nombreux) dons d’Anna Hope au-delà de tout ce que je viens de vous dire : elle a décidément le chic pour s’accaparer l’Histoire (volontairement ?) oubliée et nous faire ainsi (re)vivre des moments -tragiques- comme peu savent le faire.

    Belle lecture à tous !

    NDLR. A noter l’excellente traduction d’Elodie Leplat (comme pour son premier roman).

    Editions Gallimard

    Lors de l’hiver 1911, l’asile d’aliénés de Sharston, dans le Yorkshire, accueille une nouvelle pensionnaire : Ella, qui a brisé une vitre de la filature dans laquelle elle travaillait depuis l’enfance. Si elle espère d’abord être rapidement libérée, elle finit par s’habituer à la routine de l’institution. Hommes et femmes travaillent et vivent chacun de leur côté : les hommes cultivent la terre tandis que les femmes accomplissent leurs tâches à l’intérieur. Ils sont néanmoins réunis chaque vendredi dans une somptueuse salle de bal. Ella y retrouvera John, un «mélancolique irlandais». Tous deux danseront, toujours plus fébriles et plus épris.
    À la tête de l’orchestre, le docteur Fuller observe ses patients valser. Séduit par l’eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des faibles d’esprit, Fuller a de grands projets pour guérir les malades. Projets qui pourraient avoir des conséquences désastreuses pour Ella et John.
    Après Le chagrin des vivants, Anna Hope parvient de nouveau à transformer une réalité historique méconnue en un roman subtil et puissant, entraînant le lecteur dans une ronde passionnée et dangereuse.

    NDLR. J’ai lu ce livre avant de savoir qu’il serait sélectionné dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !