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  • « La beauté des jours » de Claudie Gallay…

    « La beauté des jours » de Claudie Gallay…

    Claudie Gallay nous propose ici un roman d’une douceur sans pareil, contemplatif à souhait et qui fait l’éloge d’une certaine routine (finalement pas si horrible que ça 😉 ) et de la beauté de l’imprévisible sur fond de solitude des personnages et de la force libératrice que l’Art peut engendrer.

    Les mots sont choisis avec délicatesse, les descriptions sont ciselées.

    La beauté des jours met en exergue les p’tits bonheurs simples de la vie que l’on a parfois du mal à percevoir, à concevoir et qui au final sont essentiels…

    Belle lecture à tous !

    Editions Actes Sud

    Jeanne mène une vie rythmée par la douceur de l’habitude. Elle était jeune quand elle a épousé Rémy, ils ont eu des jumelles, sont heureux ensemble et font des projets raisonnables. Mais Jeanne aime aussi le hasard, les surprises de l’inattendu. L’année du bac, un professeur lui avait fait découvrir l’artiste serbe Marina Abramović. Fascinée par cette femme qui engage son existence dans son travail, Jeanne a toujours gardé une photographie de sa célèbre performance de Naples : comme un porte-bonheur, la promesse qu’il est possible de risquer une part de soi pour vivre autrement. Quand Jeanne s’amuse à suivre tel ou tel inconnu dans la rue ou quand elle calcule le nombre de bougies soufflées depuis son premier anniversaire, c’est à cet esprit audacieux qu’elle pense. Surtout cet été-là. Peut-être parce que, les filles étant parties, la maison paraît vide ? Ou parce que sa meilleure amie, qui s’est fait plaquer, lui rappelle que rien ne dure ? Ou parce qu’elle recroise un homme qu’elle a aimé, adolescente ? Jeanne se révèle plus que jamais songeuse et fantasque, prête à laisser les courants d’air bousculer la quiétude des jours.

  • « Le dernier gardien d’Ellis Island » de Gaëlle Josse…

    « Le dernier gardien d’Ellis Island » de Gaëlle Josse…

    Ellis Island fait partie des rares endroits lors de ma découverte de New York qui m’a particulièrement touchée historiquement parlant.
    Je n’ai jamais rien écrit dessus, mais nul doute que si j’avais eu un blog à l’époque j’aurais couché sur le clavier ce que j’avais ressenti en la visitant.

    « C’est par la mer que tout est arrivé »

    Les lignes nous rendent spectateur, témoin d’une époque heureusement révolue (mais non moins tragique autrement malheureusement).
    L’écrivain nous ancre au port…

    « L’île de l’espoir et des larmes.
    Le lieu du miracle, broyeur et régénérateur à la fois »

    Gaëlle Josse donne voix (directement ou non) à toutes les personnes qui sont passées sur l’île en en faisant une critique nécessaire parce que factuelle (on imagine aisément le travail de documentation avant l’écriture du livre).
    Les souvenirs se fracassent sur les thèmes de l’exil, la solitude, les rêves, les espoirs, les déceptions…

    Elle le fait avec toute la bienveillance et la douceur qui la caractérise, sans omettre néanmoins d’aborder tout le tragique du lieu, des murs, du sol que l’on peut désormais fouler en « touriste ».

    Belle lecture à tous !

    Editions J’ai Lu 

    New York, 3 novembre 1954. Dans quelques jours, le centre d’immigration d’Ellis Island va fermer. John Mitchell, son directeur, resté seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l’épouse aimée, et Nella, l’immigrante sarde porteuse d’un très étrange passé. Un moment de vérité où il fait l’expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d’événements tragiques. Même s’il sait que l’homme n’est pas maître de son destin, il tente d’en saisir le sens jusqu’au vertige.

  • « Les passeurs de livres de Daraya » de Delphine Minoui…

    « Les passeurs de livres de Daraya » de Delphine Minoui…

    Ou comment voir la guerre, la Syrie autrement…

    « comment rendre visible l’invisible »

    Grâce à Skype, WhatsApp et à des mails la grand reporter du Figaro communique depuis Istanbul avec des activistes insoumis de Daraya, ville située à 7 Km de Damas et en proie à  la furie meurtrière du régime de Bachar el-Assad.
    Elle sera détruite à plus de 90%.

    « Le roman a cet avantage que les récits n’ont pas : il s’aventure sur les chemins de l’imagination, en contournant l’autoroute du réel »

    Ce document est un témoignage poignant d’une guerre in situ, un véritable hymne à la Liberté.
    La résistance par la Culture. La Littérature contre les bombes.
    Le symbole d’une lutte qui j’espère finira par cesser un jour…

    « pour ne pas sombrer, chacun s’invente des mécanismes de survie »

    C’est une lecture terriblement fascinante que nous propose ici Delphine Minoui.
    Aussi dure qu’optimiste, qui prend aux tripes.

    « Ecrire, c’est recoller des bouts de vérité pour faire entendre l’absurdité »

    Les lignes vous hanteront une fois le livre refermé.
    Il fait indéniablement partie des ouvrages qui marquent et resteront dans les mémoires.

    Editions Seuil

    De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d’explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d’exhumer des milliers d’ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.

    NDLR. J’ai lu ce livre avant de savoir qu’il serait sélectionné dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

  • « Les jonquilles de Green Park » de Jérôme Attal…

    « Les jonquilles de Green Park » de Jérôme Attal…

    « Si la guerre doit durer une éternité,
    je voudrais juste pouvoir vivre jusqu’au mois d’avril.
    Pour voir, une fois encore, les jonquilles de Green Park.
    Elles se tiennent ensemble, chaque saison.
    Belles et fières dans le vent puissant et douloureux d’avril.
    Comme nous autres en ce moment. »

    La guerre 39-45 vue différemment, avec une certaine dose d’humour et de poésie…

    Ou comment s’emparer du tragique pour se l’approprier le plus positivement possible.
    L’insouciance face à la réalité, cette « bulle protectrice » qu’est la liberté par-dessus tout.

    « Je ne désirais qu’une chose :
    rester môme le plus longtemps possible parce que, j’en étais certain,
    il n’y avait pas de plus grand bonheur que d’avoir un chez soi
    et d’être dans sa chambre,
    et que votre mère vienne vous border,
    et qu’elle vous autorise à lire une dernière page de votre BD de Superman,
    et qu’ensuite elle revienne vous border »

    Ce livre m’a fait penser à l’atmosphère du film « La vie est belle » de Roberto Benigni que j’avais ressentie et aimée en son temps (1998).
    Il dépoussière le sujet et insuffle un vent d’optimisme qui fait du bien.

    Pour fêter Noël d’un autre temps autrement…
    Un bien joli cadeau assurément…

    Belle lecture à tous !

    Editions Laffont

    Septembre 1940. Tommy vit avec ses parents et sa grande soeur Jenny. C’est le début des bombardements allemands sur Londres. Ils se préparent tout de même à fêter Noël.
    Tommy et ses copains se passionnent pour les super-héros : Superman, Buck Rogers et… Winston Churchill. L’aventure ne serait pas la même sans deux petites frappes : Nick Stonem et Drake Jacobson, aussi vilain que sa jumelle, Mila, est belle.
    Dans un Londres en lambeaux, ces jeunes adolescents vont se créer leurs propres histoires et se perdre dans les brumes et le fracas d’une ville enflammée. Mais fêter Noël et revoir les jonquilles en avril restent la plus belle des résistances.

  • « Conversations avec mon chat » d’Eduardo Jauregui…

    « Conversations avec mon chat » d’Eduardo Jauregui…

    « Imitons les animaux : manger, dormir, jouer et aimer »

    Parlons peu mais parlons bien : ce livre est un feel good, un véritable page turner.
    Mais il est loin d’être idiot !

    Des chats nous avons BEAUCOUP à apprendre, je ne le répèterai jamais assez même sans vouloir faire de psychologie de bas étage.

    Ces lignes sont un hymne au relâchement, au bien-être, à la pleine conscience, à la lecture et j’en passe…

    N’y cherchez rien d’autre et prenez juste du plaisir.
    Entre deux livres sérieux cela fait du bien, tout simplement. Et vous en retirerez forcément quelque chose de positif.
    À lire en étant accompagné(e) d’un p’tit carnet de notes, d’un crayon et d’un chat (évidemment)…

    Belle lecture à tous !

    Editions Presses de la Cité

    Sara a presque quarante ans et des tas de problèmes… jusqu’au jour où elle rencontre un chat qui parle.

    Chaque matin, Sara se réveille avec la nausée. Enceinte ? Impossible, cela fait bien trop longtemps que son compagnon ne l’a pas approchée. Surmenée ? Plus probable. D’ailleurs, le matin même où elle doit présenter un dossier important au travail, elle se met à avoir des hallucinations : Sybille, un drôle de chat abyssin, vient frapper à sa fenêtre et lui parle. Et pas pour dire n’importe quoi ! L’animal lui pose des questions étonnamment sensées : est-elle vraiment heureuse ? Qu’attend-elle de la vie ? La psychatnalyse commence !

  • « 10 jours dans un asile » de Nellie Bly…

    « 10 jours dans un asile » de Nellie Bly…

    Après ma lecture de son tour du monde en 72 jours, j’avais une envie folle de me plonger dans un autre de ses récits.

    Une fois encore nous avons affaire à du journalisme infiltré, en l’espèce dans un asile.

    L’écrivain, toujours très  déterminée, n’hésite pas un seul instant malgré quelques appréhensions légitimes à se faire passer pour folle dans le but de se faire interner afin de pouvoir parler des conditions d’enfermement.
    Et elle ne sera pas déçue par ce qu’elle va découvrir…

    « Nous n’attendons rien de sensationnel, mais un récit honnête des faits »

    « Il est facile d’y entrer mais une fois à l’intérieur, impossible d’en sortir »

    « Plus je parlais et me comportait normalement,
    plus les médecins étaient convaincus de ma folie »

    L’enquête des plus détaillée s’avèrera tellement honteusement factuelle (bain glacé, brimades, insultes, excès de pouvoir en tout genre, coups, nourriture exécrable, punitions, privations de sorties…) qu’elle engendrera des réformes importantes au niveau de la politique en matière de santé du pays.

    Cette investigation est suivie de deux autres : une concerne les bureaux de placement et l’autre une usine.
    Toutes aussi édifiantes…

    Replacez-vous dans le contexte de l’époque et vous comprendrez pourquoi Nellie Bly a été une pionnière dans l’émancipation des femmes.

    Belle lecture à tous !

    Editions Points

    Engagée en 1887 au journal New York World du célèbre Joseph Pulitzer, Nellie Bly se voit confier une mission pour le moins singulière : se faire passer pour folle et intégrer un asile, le Blackwell’s Island Hopital à New York. Intrépide, courageuse et soucieuse de dénoncer les conditions de vie des laissées-pour-compte, elle accepte le défi et endosse le rôle. Elles reste dix jours dans l’établissement et en tire un brûlot.

  • « Nos richesses » de Kaouther Adimi…

    « Nos richesses » de Kaouther Adimi…

    L’écrivain nous plonge avec brio dans Alger, dans tout ce qui a fait (et défait) Edmond Charlot malheureusement tombé dans l’oubli.
    Ce roman lui rend hommage, sans aucun doute un des plus charmants.

    Cela fleure bon l’amour des livres, le partage…

    « Je n’ai plus d’argent, je suis endetté jusqu’au cou mais je suis heureux. »

    On y croise Camus, St Ex et tant d’autres…

    Kaouther Adimi fait revivre l’homme, le libraire, l’éditeur qu’il fût par le biais de carnets qui n’ont, en vrai, jamais existé et le lieu par le biais du jeune Ryad et d’Abdallah l’ancien.
    Cette construction emporte le lecteur, de manière totalement irrésistible.
    C’est bien là tout le génie du livre, servi par une écriture des plus jolies et une documentation substantielle entre les lignes.

    J’ai beaucoup aimé cette lecture qui fait partie de mes préférées en 2017.

    Lorsque l’on tourne la dernière page, on se dit que l’on aurait adoré rencontrer ce Monsieur incroyable qui méritait d’être sorti des oubliettes.

    Il faut décidément toujours croire en ses rêves, même s’ils se fracassent sur l’autel des finances et des amis…

    « Un jour vous viendrez au 2 bis de la rue Hamani, n’est-ce-pas ? »

    « On n’habite pas vraiment les lieux, ce sont eux qui nous habitent »

    Belle lecture à tous !

    Editions Seuil

    En 1935, Edmond Charlot a vingt ans et il rentre à Alger avec une seule idée en tête, prendre exemple sur Adrienne Monnier et sa librairie parisienne. Charlot le sait, sa vocation est d’accoucher, de choisir de jeunes écrivains de la Méditerranée, sans distinction de langue ou de religion. Placée sous l’égide de Giono, sa minuscule librairie est baptisée Les Vraies Richesses. Et pour inaugurer son catalogue, il publie le premier texte d’un inconnu : Albert Camus. Charlot exulte, ignorant encore que vouer sa vie aux livres, c’est aussi la sacrifier aux aléas de l’infortune. Et à ceux de l’Histoire. Car la révolte gronde en Algérie en cette veille de Seconde Guerre mondiale.

    En 2017, Ryad a le même âge que Charlot à ses débuts. Mais lui n’éprouve qu’indifférence pour la littérature. Étudiant à Paris, il est de passage à Alger avec la charge de repeindre une librairie poussiéreuse, où les livres céderont bientôt la place à des beignets. Pourtant, vider ces lieux se révèle étrangement compliqué par la surveillance du vieil Abdallah, le gardien du temple.

  • « L’animal et son biographe » de Stéphanie Hochet…

    « L’animal et son biographe » de Stéphanie Hochet…

    J’ai lu ce livre il y a plusieurs mois de cela mais je m’en souviens comme si c’était hier…

    Décortiquer les romans de Stéphanie Hochet n’est pas chose aisée tellement les thèmes abordés sont nombreux.
    Qui plus est lorsque le fantastique s’en mêle !

    Au-delà d’une réflexion assez cynique sur l’écrivain (sa condition, ses routines…), elle évoque ici un sujet cher à son coeur  : l’homme et l’animal.

    « L’écriture doit permettre de retrouver l’animal qui existe en soi »

    Manipulée, vampirisée, chassée, traquée… elle a particulièrement étudié l’être humain, dans toute sa bestialité et nous offre un texte tout aussi pervers, machiavélique que fascinant, intelligent.
    Elle jongle admirablement bien entre la réalité et la fiction, mettant parfois le lecteur dans une position d’inconfort des plus intéressantes.

    Roman très actuel aux multiples tiroirs où la mythologie, l’écologie et le féminisme se côtoient, l’écrivain pose la question en filigrane ô combien importante de l’influence de la littérature sur nos comportements.

    « Les écrivains rêvent d’écrire un texte qui transforme le réel ».

    Belle lecture à tous !

    Editions Rivages

    Une romancière est invitée à un festival littéraire dans le sud de la France. Elle parcourt l’arrière-pays de Cahors et présente ses livres dans des campings. Après un séjour étrange dans une maison isolée en pleine campagne, elle finit par rencontrer un personnage important de la région : le maire de la ville de Marnas, Vincent Charnot. Plus qu’un maire, Charnot est une sorte de gourou, un illuminé qui voudrait marquer son époque avec des projets culturels transgressifs. Il commande alors à la romancière un texte sur un sujet saugrenu : la « biographie » d’une espèce disparue depuis plusieurs siècles, l’aurochs, animal préhistorique emblématique des chefs-d’œuvre de l’art pariétal, qui a fasciné les nazis, lesquels tentèrent en vain de le « ressusciter ». Vaincue par les arguments du maire et les aurochs qui lui sont donnés à voir dans le plus grand secret, l’écrivain se met à écrire. Elle devient vite le rouage d’une machination qui la dégoûte autant qu’elle la fascine.

  • « Tango fantôme » de Tove Alsterdal…

    « Tango fantôme » de Tove Alsterdal…

    Note de l’éditeur :

    Durant la nuit de Walpurgis, cette nuit de la fin avril où l’on fait brûler des feux pour dire adieu à l’hiver, une femme est tombée d’un balcon, du onzième étage. C’était Charlie, la sœur d’Helene Bergman, mais depuis des années elles ne se parlaient presque plus. Helene n’avait jamais partagé l’obsession de son aînée : découvrir ce qu’il était arrivé à leur mère, disparue en novembre 1977, quelque part en Amérique du Sud. De cette Ing-Marie si belle, il ne reste plus que quelques photographies et le souvenir de ceux qui l’ont aimée. Mais tandis que la police s’apprête à classer la mort de Charlie comme un banal suicide, Helene se dit qu’elle aurait dû révéler certaines choses. Au bout de ces omissions, elle va devoir conduire elle-même une étrange enquête. Pas sur une mort, mais sur deux. Pas seulement sur sa sœur, mais aussi sur sa mère. Pas seulement en Suède, mais aussi en Argentine.

    Une intrigue très bien ficelée, aux personnages captivants et une histoire dans l’Histoire puisque l’auteur nous plonge entre autre dans l’Argentine sous la dictature militaire (période qui me « fascine » depuis que j’ai lu « La ligne bleue » d’Ingrid Bétancourt).

    J’ai été touchée par la quête d’Hélène qui fait tout voler en éclats pour comprendre le parcours caché de sa mère ainsi que celui de sa soeur…

    Belle lecture à tous !

    Editions Le Rouergue Noir

    Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !