« Le Dieu des Petits Riens » de Arundhati Roy…

C’est Ludivine du blog « Emilia & Jean » qui m’a offert ce livre et qui marque mon entrée dans la littérature indienne…

Note de l’Editeur :

Rahel et Estha Kochamma, deux jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l’oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, désertée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable. Un drame va ébranler leur existence et les séparer. Comment réagir quand, à huit ans, on vous somme de savoir «qui aimer, comment et jusqu’où» ? Comment survivre quand, après un événement affreux dont on a été témoin, on vous demande de trahir la vérité pour l’amour d’une mère ?

Dès le début, j’ai été subjuguée par l’écriture.
La traduction est, je pense, très réussie et participe pour beaucoup à la qualité de la lecture (bravo à Claude Demanuelli, personne de l’ombre ô combien indispensable !).

Ce Dieu des Petits Riens est le premier roman de l’auteur, le plus célèbre écrivain indien de langue anglaise.
Pour ce livre inspiré de sa vie, elle a reçu le Booker Prize en 1997.

J’avoue avoir été très vite obligée de me plonger dans quelques recherches sur la littérature en provenance d’Inde.
Je n’y connaissais absolument rien. J’étais un peu perdue.
Il m’a donc fallu m’imprégner de certaines informations essentielles qui m’ont permis de mieux comprendre et de me replonger avec délice dans les lignes.

L’Inde, comme la plupart des pays d’Asie, est très codifiée.
Qui plus est, elle a été colonisée pendant de nombreuses années.
A travers les personnages, nous avons affaire à une véritable dissection des codes de cette société si particulière.
Arundhati Roy y dénonce l’injustice fondée sur le système des castes sur fond d’imaginaire et de liberté liés à l’enfance.

Si la construction peut sembler décousue au premier abord, nous sommes finalement en présence de souvenirs qui s’enchaînent comme dans des rêves, au gré d’évènements plutôt dramatiques même si certains passages sont également drôles.

Ce livre m’a donnée envie d’en découvrir plus sur ce foyer de civilisations qui compte parmi les plus anciens du monde.
Il est émouvant, envoûtant, poétique…

Belle lecture à tous !

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Editions Folio

A lire accompagné d’un très bon Darjeeling of course!

« Le chardonneret » de Donna Tartt…

Je l’avais entamé il y a un an, mais j’avais dû le mettre de côté pour cause d’encres fraîches à chroniquer dans le cadre d’aventures littéraires…

Je l’ai repris avec plaisir il y a quelques jours de cela, et j’en suis venue à bout ! ( 1 109 pages dans l’édition Pocket quand même)

Note de l’éditeur

Qui est Theo ? Que lui est-il arrivé à New York pour qu’il soit aujourd’hui, quatorze ans plus tard, cloîtré dans une chambre d’hôtel à Amsterdam comme une bête traquée ? Qu’est devenu le jeune garçon de treize ans qui visitait des musées avec sa mère et menait une vie de collégien ordinaire ? D’où vient cette toile de maître, Le Chardonneret, qu’il transporte partout avec lui ?

Mais quel livre !

On suit pendant plusieurs années Théo Decker (et bien d’autre personnages), marqué trop tôt par un drame qui aura des conséquences tout au long de sa vie.

Un roman d’initiation remarquable de par son intensité, où la beauté de l’Art et l’horreur des travers de la société américaine, occidentale se confrontent.
J’y ai vu également une réflexion des plus intéressantes sur l’obsession et la rédemption.

Un tableau dans le tableau captivant, servi par une écriture minutieuse (la traduction est très réussie).

Je pense que c’est un livre capital dans son genre.
Je pense donc que l’on parler de chef d’oeuvre, oui.

Belle lecture à tous !

imageEditions Pocket

« Le sel de nos larmes » de Ruta Sepetys…

Note de l’éditeur

Hiver 1945. Quatre adolescents. Quatre destinées.

Chacun né dans un pays différent.
Chacun traqué et hanté par sa propre guerre.
Parmi les milliers de réfugiés fuyant à pied vers la côte devant l’avancée des troupes soviétiques, quatre adolescents sont réunis par le destin pour affronter le froid, la faim, la peur, les bombes…
Tous partagent un même but : embarquer sur le Wilhem Gustloff, un énorme navire promesse de liberté…

Inspirée par la plus grande tragédie de l’histoire maritime, Ruta Sepetys lève le voile sur une catastrophe scandaleusement occultée de la Seconde Guerre mondiale, qui a fait au moins six fois plus de victimes que le Titanic en 1912.

Je ne suis pas du tout une habituée des romans historiques, mais j’avoue que celui-ci m’a particulièrement plu !

Déjà par l’aspect complètement inconnu des évènements en question (vous connaissiez vous le Wilhem Gustloff ?!).
J’aime qu’un livre m’apporte quelque chose. Celui-ci m’a fait connaître une tragédie humaine et maritime hors du commun que les livres scolaires n’ont jamais évoquée !

Ensuite par la découverte de cet écrivain lituano-américain, une femme incroyable qui aime mettre en lumière des pans d’Histoire méconnus d’une plume brillante, superbement traduite, extrêmement bien documentée, aussi réaliste que romanesque.

Enfin par son côté récit à quatre voix qui rythment le livre du début jusqu’à la fin.

Véritable drame humain (avant et après l’embarquement), ces pages abordent le thème de l’exil mêlé d’espoir qui s’achèvera (pour la majorité des passagers) au fond de l’océan.
Elles libèrent des fantômes depuis trop longtemps enfouis qui ont sombré dans l’oubli le plus total et que Ruta Sepetys ranime en leur accordant un souffle de vie (littéraire) plus que mérité.

Un GRAND MERCI à Babelio de me l’avoir mis entre les mains (et en plus de m’avoir fait rencontrer l’auteur).
Paru chez Gallimard Jeunesse, je ne suis pas certaine que je ne serais pas passée  à côté…

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NDLR. Lire également en parallèle mon billet « De Gaston Gallimard à François-Miron« ).

« Les temps perdus » de Juan Pablo Villalobos…

J’ai choisi ce livre pour sa couverture qui m’a fait rire.
Il s’est révélé aussi déjanté que subtil.

Sur fond de révolution, tremblement de terre, corruption, disparitions et assassinats, nous avons affaire à une sacrée satyre, une immersion humoristique dans un immeuble aux querelles de voisinage hautes en couleur !
On y croise des chiens, des cafards, Diego Rivera (& Frida), Tête de Papaye, Francesca (aussi bien objet de fantasmes en tout genre que dictatrice immobilière et littéraire), Téo (ennemi public n°1 d’un cercle de lecture qu’il refuse d’intégrer alors que tout le monde l’imagine écrivain) et tant d’autres, tant d’autres…

Les quiproquos sont assez irrésistibles.
C’est fantasque à souhait.

Belle lecture à tous !

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Editions Actes Sud

« Tel est le paradoxe de l’Art.
Il faut rechercher le nouveau.
Celui qui ne recherche pas ne trouve pas. »

« Le chagrin des vivants » de Anna Hope…


Hier paraissait en France aux éditions Gallimard le premier roman de Anna Hope : « Le chagrin des vivants » (« Wake » dans son pays d’origine qui est le Royaume Uni).

A cette occasion, la prestigieuse maison littéraire organisait une rencontre avec l’écrivain en partenariat avec Babelio et Lecteurs.com.

J’ai eu la chance d’être sélectionnée et j’étais donc présente à cette fin de journée/début de soirée fort réussie et vraiment très intéressante !

Anna Hope s’est très sympathiquement prêtée aux jeux des questions/réponses et elle a su nous captiver, nous expliquer le pourquoi du comment.

Ce livre nous propose de revenir sur un triste évènement, l’attente de la cérémonie du soldat inconnu qui marquait à sa manière la fin officielle de la Première Guerre Mondiale, à travers trois portraits de femmes.

« Dehors, la pluie tombe sans bruit, les feuilles en décomposition amortissant sa chute. Ada, allongée, les yeux ouverts, pense à son fils. A l’endroit indéterminé où il gît en France et si là-bas il pleut. »

« Alors que le silence s’étire, quelque chose devient manifeste. Il n’est pas là. Son fils n’est pas à l’intérieur de cette boîte. Et pourtant elle n’est pas vide. Elle est pleine d’un chagrin retentissant : le chagrin des vivants. Mais son fils n’est pas là. »

Au-delà de l’écriture qui est remarquable (excellente traduction il faut le noter), les pages trouvent leur rythme dans la temporalité (l’histoire se situe du 7 au 11 novembre 1920) et dans les personnages (trois histoires se font écho).
Si au départ j’avoue avoir eu un peu de mal à me plonger dedans, une fois ancrée je ne l’ai pas lâché !

C’est en effet un premier roman dense, intense (elle a mis trois années à l’écrire), nécessaire par son sujet que nous offre Anna Hope.
L’atmosphère de l’époque est parfaitement décrite, sans que l’on soit abreuvé de documentations historiques. We can smell it!

Alors comment un auteur qui n’a pas vécu un tel drame peut-elle réussir cela ?

C’est une des questions que nous lui avons posé hier : elle a baigné dedans indirectement grâce à son père, féru d’Histoire.
Voilà donc d’où lui vient l’essence de cette magnifique résilience collective.

Ce livre n’est pas triste. Il montre comment les femmes ont fait pour rester vivantes, pour essayer d’accepter, pour (ré)apprendre à vivre.

Lors des échanges, Anna Hope a reconnu son intérêt particulier pour Virginia Woolf, Michael Cunningham (« The hours ») que l’on peut déceler à la lecture.
Au passage pour celles et ceux qui ne le savent pas, avant d’écrire elle jouait (série « Docteur Who » notamment). On ressent bien, dès le début et elle nous l’a confirmé, qu’elle avait imaginé les trois personnages comme on distribue des rôles.

L’écrivain nous a confié que son second roman paraîtra en Angleterre dans trois semaines.
Il se déroulera dans un asile où son arrière-arrière-grand-père est mort et et où se trouvait une salle de bal sublime…

Encore un GRAND MERCI à Gallimard et à Lecteurs sans qui je serais sans doute passée à côté d’un beau et bluffant premier roman.

Belle lecture à tous !