« La tête et le cou » de Maureen Demidoff…

Note de l’éditeur :

Trois générations de femmes russes parlent à bâtons rompus, se confient et racontent leur pays…

En toile de fond de leurs récits de vies ordinaires, c’est l’histoire de la Russie qui défile : l’immense Union soviétique, le chaos libéral des années 1990 et la Russie de Poutine.

Plus concrètement, elles parlent de petites filles, de femmes et de grands-mères qui ont vécu dans différentes Russies. Et au-delà, ce sont des hommes dont elles parlent le plus, et le regard qu’elles posent sur eux, que ce soit un mari, un père, est révélateur et sans appel. Pour citer l’une d’elles : « L’homme est la tête, et la femme est le cou, la tête ne bouge que grâce au cou qui la commande. »

Voici des portraits intimes qui révèlent des héroïnes aux vies bigarrées mais qui se ressemblent : des femmes fortes, battantes, féminines et maternelles, qui s’opposent tristement à un modèle masculin souvent trop dégradé à leurs yeux… Le mot « Amour » n’apparaissant nulle part… Leur donner la parole a semblé important à l’auteur, à cause de la place prégnante de la femme en Russie, pilier autant de la famille que de la société, et surtout parce qu’elles n’ont jamais été entendues.

La Russie dans tous ces états (injustice, Union soviétique, divorce, mariage, Staline, livres, patrie, Etat, Poutine, médias, politique, uniformité, silence, alcool, Gorbatchev, Occident, sacrifices…) et sans concession à travers 15 portraits, 15 destins de femmes -et le point de vue d’un homme !- , sur plusieurs générations.
Des femmes qui ont tant à dire, qui parlent et que l’on écoute enfin !

Cet essai nous aide à comprendre l’état d’esprit, l’essence russe, ce qui fait les Russes, peuple si particulier, si à part…

Je suis ravie de l’avoir eu entre les mains.

Belle lecture (intéressante) à tous !

Editions des Syrtes

Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

« Dans le désert » de Julien Blanc-Gras…

Note de l’éditeur :

« On en parle beaucoup, de ces pétromonarchies du Golfe, et on n’en parle pas beaucoup en bien. Elles sont accusées, pêle-mêle, d’acheter la France, de financer le terrorisme, d’opprimer les femmes, de pratiquer l’esclavage et de s’accaparer les meilleures pièces du magasin Vuitton des Champs- Élysées. On en parle surtout de loin et j’ai envie de voir plus près. » Après les Kiribati et le Groenland, l’auteur de Touriste entreprend un récit de voyage dans cette péninsule arabique où s’érige un nouveau monde à la démesure fascinante, où tout peut arriver, pour le meilleur et pour le pire. En quête de l’hospitalité arabe, il s’ensable au Qatar, hallucine à Dubaï, frôle la mort aux Émirats, médite sur la fraternité humaine à Oman et se fait expulser du Bahreïn.
Réussira-t-il à se faire des amis dans le désert ? Parviendra-t- il à réconcilier l’Orient et l’Occident autour d’un thé à la menthe ?

Ce livre est une enquête sans concession des pays arabes, où tous les sujets sont abordés sans aucun tabou (condition de la femme, partis politiques, médias, religion, sexe…) et qui lève le voile sur des terres où les paradoxes sont nombreux et profonds.

Je ne suis pas certaine de vouloir en connaître plus qu’une escale lorsque je vole vers l’Asie, mais ce carnet de route est des plus instructifs et je recommande sa lecture.

Editions Au Diable Vauvert

Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

« Journal d’un vampire en pyjama » de Mathias Malzieu…

Note de l’éditeur

« Ce livre est le vaisseau spécial que j’ai dû me confectionner pour survivre à ma propre guerre des étoiles. Panne sèche de moelle osseuse. Bug biologique, risque de crash imminent. Quand la réalité dépasse la (science-) fiction, cela donne des rencontres fantastiques, des déceptions intersidérales et des révélations éblouissantes. Une histoire d’amour aussi. Ce journal est un duel de western avec moi-même où je n’ai rien eu à inventer. Si ce n’est le moyen de plonger en apnée dans les profondeurs de mon cœur. »

Ce livre, on en a entendu parler lors de sa parution !
Beaucoup.
Trop ?

Non pas que je ne l’ai pas aimé, mais je n’ai pas fait waouh non plus (une nouvelle fois).
Il me laisse la même étrange sensation qu’ « En attendant Bojangles » d’Olivier Bourdault.

J’ai cru me régaler au début, notamment avec les jeux de mots en veux-tu en-voilà.
Et puis j’ai vite trouvé les pages redondantes.
Comme un soufflé, mon enthousiasme est vite retombé…

Ok c’est fantaisiste.
Ok c’est poétique.
Ok c’est humoristique (malgré le tragique).

Mais que m’en reste-t-il après avoir refermé le livre ?
J’ose avouer pas grand chose.

Pour moi c’est de la littérature pschitt, qui fait peut-être de l’effet sur le moment mais qui peut également laisser un chouille sur le côté au final.

C’est peut-être aussi le souci des livres qu’il faut soit-disant impérativement lire parce que tout le monde en parle à un moment donné.

Mais quid depuis la fin de la promo ?!

Oh, mais il a eu le Prix Essai France Télévisions tout de même !
Oui.
Et ?

Je l’ai lu.
Next!

Quoiqu’il en soit, merci à Lecteurs.

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Editions Albin Michel

« Palmyre, l’irremplaçable trésor » de Paul Veyne…

Paris, un peu plus de 5h du matin.
Dehors, un vent à décorner les boeufs !

Le hasard du calendrier fait que je lis ce livre quelques heures après que l’armée syrienne ait réussi à la reconquérir.
Mais le mal est fait.

Palmyre, « trésor » de guerre tombé entre les mains de Daesh en mai 2015. Cet oasis du désert de Syrie est située à 210 km de Damas (qui se trouve seulement à 4h de Paris en avion). Ruines archéologiques irremplaçables, son théâtre antique désormais martyr a servi dans la mise en scène de l’exécution de vingt prisonniers.
En août 2015 a eu lieu la décapitation de Khaled al-Asaad, expert de renommée mondiale du monde antique. Le livre lui est dédié.

Cet écrit « s’adresse au lecteur honnête homme ». 
Pour Paul Veyne, « il a été l’occasion de me poser de nouvelles questions, car l’actualité me presse. Pourquoi un groupe terroriste saccage-t-il les monuments inoffensifs d’un lointain passé ? »

« Certaines civilisations ont un rayonnement que nous ne savons pas expliquer ».
« C’était la culture qui distinguait. »
« Palmyre ne ressemblait à aucune autre cité de l’Empire ».

A travers 141 pages et quelques photographies, l’écrivain fait revivre sa bien-aimée à travers l’Histoire avec une plume remarquable de conteur.

« Malgré mon âge avancé, c’était mon devoir d’ancien professeur et d’être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible et d’esquisser un portrait de ce que fut la splendeur de Palmyre qu’on ne peut plus désormais connaître qu’à travers les livres ».

Un petit livre d’une grande importance, afin de ne jamais (l’)oublier…

« Oui, décidément, ne connaître, ne vouloir connaître qu’une seule culture, la sienne, c’est se condamner à vivre sous un éteignoir. »

Belle lecture à tous !

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Editions Albin Michel

« Chantiers » de Marie-Hélène Lafon…

Se plonger dans un livre de Marie-Hélène Lafon, c’est se plonger dans la LANGUE, la LANGUE FRANCAISE, le FRANCAIS, les PHRASES, les MOTS, les RACINES, la GRAMMAIRE, la PONCTUATION…

« Chantiers » comporte seulement 112 pages, mais c’est un condensé d’écriture, de littérature à l’état pur !

« C’est tout, on garde tout, on ne renonce à rien, on ne choisit pas, on veut tout, tout embrasser, tout prendre, à l’éperdu, éperdument; et on y va, on fonce et on s’enfonce, et on monte à l’assaut, on écrit comme une taupe et on a des fulgurances, on y est, cul par-dessus tête, mais on y est, et on s’invente, et ça s’invente, même si on n’invente rien, puisqu’on fait ventre de tout (…) »

« Ecrire serait une affaire de corps, de corps à donner, pas donner son corps, quoique, mais donner son corps à, incarner, donner chair (…) »

 » (…) la quête et l’attente, dans le silence des jours, de ce qui n’a pas encore été lu, de ce qui n’a pas encore été écrit »

Marie-Hélène Lafon, c’est le Professeur qu’auraient aimé avoir tous les amoureux  des Lettres…

Editions des Busclats