« En camping-car » d’Ivan Jablonka…

A un moment, il y a bien des années, j’en rêvais.
Souhait sans aucun doute conditionné par celui qu’avait ma Barbie…

Journal de souvenirs en camping-car, modèle de toute une époque et génération, ces instantanés de voyages des plus personnels ont été d’un ennui mortel me concernant.
Si je n’avais pas pris mon rôle de jurée à coeur j’avoue que le livre me serait tombé des mains !

Un bla-bla qui n’apporte vraiment franchement pas grand chose (ni à la littérature, ni aux lecteurs), une judaïcité mise en avant de manière gênante (pour quoi exactement ?)…

Au final un road book à la recherche de la liberté, du bonheur à caractère pseudo-social malheureusement totalement inutile, suffisant qui plus est et d’une superficialité affligeante.
En tout cas à mes yeux.

Tous les goûts étant dans la nature, je serais curieuse de savoir ce que vous en avez pensé le cas échéant…

Note de l’éditeur (Seuil) :

Le camping-car nous a emmenés au Portugal, en Grèce, au Maroc, à Tolède, à Venise. Il était pratique, génialement conçu. Il m’a appris à être libre, tout en restant fidèle aux chemins de l’exil. Par la suite, j’ai toujours gardé une tendresse pour les voyages de mon enfance, pour cette vie bringuebalante et émerveillée, sans horaires ni impératifs. La vie en camping-car.

Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

“Les bouées jaunes” de Serge Toubiana…

“Ecrire pour être à ses côtés
et prolonger le bonheur d’avoir vécu auprès d’elle.
Ecrire pour combler le vide, l’absence.
Pour raconter le film de sa vie.
Et faire en sorte qu’il ne soit jamais interrompu.”

Cet homme m’avait émue jusqu’aux larmes lors de la présentation de “L’hiver Littéraire des Editions Stock”  le 23 janvier dernier.
Il me tardait de me plonger dans ses lignes.

Se souvenir…
Se raccrocher à ce que l’on peut…
La voir ainsi revenir…
La sentir vivante….
Ce besoin viscéral, encore et pour toujours.

Comment vivre l’absence ?
Comment vivre sans son grand Amour ?

Elle c’est Emmanuèle Bernheim, romancière, essayiste et scénariste.
Lui c’est Serge Toubiana, journaliste et critique de cinéma.

Le Cinéma donc.
L’Art aussi.
Et la Littérature, qui les réunit désormais à jamais.

Le portrait d’une femme remarquable se dégage, à tous points de vue.
Une femme que l’on aurait aimé connaître et que l’on a envie de découvrir par les écrits qu’elle a laissés.

Un livre d’une élégance folle. A la fois digne, émouvant et bouleversant.
Le livre d’un homme qui a aimé une femme. Eperdument.

Et une transmission précieuse : “Profiter de tout, jusqu’au dernier instant.”

Très belle lecture à tous !

Note de l’éditeur (Stock) :

“Durant les derniers mois de sa vie, un thème motivait secrètement Emmanuèle, dont elle me parlait à peine. C’était trop intime, difficilement formulable, même entre nous. Un jour, elle me dit qu’elle désirait écrire sur le bonheur. J’ignore ce qu’aurait été ce livre et je donnerai cher pour le savoir. Cette question du bonheur la hantait, elle la plaçait au coeur de tout. Le simple fait de poser la question prouvait sa force de caractère et son incroyable sérénité. J’en étais bouleversé. “Et toi, tu vas tenir ?” Un homme écrit sur la femme qu’il a aimée et perdue. Emmanuèle Bernheim était un grand écrivain. Serge Toubiana raconte leurs vingt-huit ans de vie commune, dans un texte où la sobriété le dispute à l’émotion.”

« Les passeurs de livres de Daraya » de Delphine Minoui…

Note de l’éditeur :

De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d’explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d’exhumer des milliers d’ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.

Ou comment voir la guerre, la Syrie autrement…

« comment rendre visible l’invisible »

Grâce à Skype, WhatsApp et à des mails la grand reporter du Figaro communique depuis Istanbul avec des activistes insoumis de Daraya, ville située à 7 Km de Damas et en proie à  la furie meurtrière du régime de Bachar el-Assad.
Elle sera détruite à plus de 90%.

« Le roman a cet avantage que les récits n’ont pas : il s’aventure sur les chemins de l’imagination, en contournant l’autoroute du réel »

Ce document est un témoignage poignant d’une guerre in situ, un véritable hymne à la Liberté.
La résistance par la Culture. La Littérature contre les bombes.
Le symbole d’une lutte qui j’espère finira par cesser un jour…

« pour ne pas sombrer, chacun s’invente des mécanismes de survie »

C’est une lecture terriblement fascinante que nous propose ici Delphine Minoui.
Aussi dure qu’optimiste, qui prend aux tripes.

« Ecrire, c’est recoller des bouts de vérité pour faire entendre l’absurdité »

Les lignes vous hanteront une fois le livre refermé.
Il fait indéniablement partie des ouvrages qui marquent et resteront dans les mémoires.

Editions Seuil

NDLR. J’ai lu ce livre avant de savoir qu’il serait sélectionné dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !

« 10 jours dans un asile » de Nellie Bly…

Note de l’éditeur :

Engagée en 1887 au journal New York World du célèbre Joseph Pulitzer, Nellie Bly se voit confier une mission pour le moins singulière : se faire passer pour folle et intégrer un asile, le Blackwell’s Island Hopital à New York. Intrépide, courageuse et soucieuse de dénoncer les conditions de vie des laissées-pour-compte, elle accepte le défi et endosse le rôle. Elles reste dix jours dans l’établissement et en tire un brûlot.

Après ma lecture de son tour du monde en 72 jours , j’avais une envie folle de me plonger dans un autre de ses récits.

Une fois encore nous avons affaire à du journalisme infiltré, en l’espèce dans un asile.

L’écrivain, toujours très  déterminée, n’hésite pas un seul instant malgré quelques appréhensions légitimes à se faire passer pour folle dans le but de se faire interner afin de pouvoir parler des conditions d’enfermement.
Et elle ne sera pas déçue par ce qu’elle va découvrir…

« Nous n’attendons rien de sensationnel, mais un récit honnête des faits »

« Il est facile d’y entrer mais une fois à l’intérieur, impossible d’en sortir »

« Plus je parlais et me comportait normalement,
plus les médecins étaient convaincus de ma folie »

L’enquête des plus détaillée s’avèrera tellement honteusement factuelle (bain glacé, brimades, insultes, excès de pouvoir en tout genre, coups, nourriture exécrable, punitions, privations de sorties…) qu’elle engendrera des réformes importantes au niveau de la politique en matière de santé du pays.

Cette investigation est suivie de deux autres : une concerne les bureaux de placement et l’autre une usine.
Toutes aussi édifiantes…

Replacez-vous dans le contexte de l’époque et vous comprendrez pourquoi Nellie Bly a été une pionnière dans l’émancipation des femmes.

Belle lecture à tous !

Editions Points

« Même Dieu ne veut pas s’en mêler » d’Annick Kayitesi-Jozan…

Note de l’édieur :

En kinyarwanda, « au-revoir »se dit : « Prends soin de survivre à la journée ».

Annick Kayitesi-Jozan a survécu au génocide des Tutsis en 1994, au Rwanda. Elle avait 14 ans. Sa mère, son petit frère, une grande partie de sa famille ont été massacrés. Réfugiée en France, elle apprend au qutodien à vivre avec les morts, et avec les siens. Désormais, elle doit répondre aux questions de ses enfants. Alors, elle se souvient. Elle remonte le temps jusqu’à la cuisine pleine de suie où, pendant les tueries, elle sert de bonne aux voisins qui viennent de dénoncer sa mère.

Sans remettre en cause ce que l’auteur a vécu, ce témoignage m’a laissée malheureusement complètement de marbre pour deux raisons principales :

1-  je n’ai rien appris de plus sur le sujet
2 – j’ai trouvé l’écriture très pauvre (beaucoup trop de bla-bla, doublé en plus d’un pathos insupportable à mon goût) et la construction brouillon

Ce fût donc pour moi une lecture complètement inutile (toutes mes excuses), mais à vous de juger !

Editions Seuil

Livre lu dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 dont je fais partie !