« Styles » de Côme Martin-Karl…

Note de l’éditeur :

« Je suis tombé amoureux de lui. Un amour tout aussi vrai et puissant que celui qu’éprouve une fillette pour l’inconnu de la classe d’au-dessus dont elle ne connaît que le nom et toutes les tenues vestimentaires, et à qui elle n’adressera jamais la parole sous peine de mourir sur-le-champ d’une attaque cérébrale. »

Secrètement épris du leader d’un boys band pour adolescentes, un étudiant en sociologie décide de lui consacrer son mémoire.

Ce récit moderne, où se croisent groupies hystériques, professeurs imbus d’eux-mêmes et jeunes intellectuels nourris de psychanalyse et de Harry Potter, nous entraîne bien au-delà de l’université. Au cœur de l’illusion amoureuse.

Après Les Occupations, Côme Martin-Karl mêle dans ce roman pop culture, rêveries érotiques et jargon académique pour offrir une satire de notre société, marquée par la vacuité de tous les discours.

Une fois achevé, je peux qualifier ce livre d’irrésistiblement intrigant.
J’avoue ne pas savoir pour l’instant si je l’ai aimé ou non, et si Version Fémina ne me l’avait pas envoyé pour connaître mon avis dans le cadre du « Coup de coeur des lectrices » je ne suis pas certaine que je serais allée vers lui de manière instinctive en librairie.
A un moment donné, j’ai même eu envie d’arrêter sa lecture. Mais une petite voix m’a dit qu’il fallait continuer, qu’il proposait quelque chose de différent qui ne peut pas laisser indifférent…

Il vaut franchement le détour côté écriture. A la fois drôle et extrêmement littéraire, ultra précise. Côme Martin-Karl a des lettres et cela se sent.
Sur ce point il ne faut pas passer à côté.

« Styles ».
Le mot est à prendre à divers degrés je pense. Au sens propre comme au figuré.
Comme la construction chapitres qui vont du A au Q, comme la façon dont il prend le lecteur a parti (nous assistons à une étude dans l’étude m’a-t-il semblé), comme ce chanteur Harry Styles qui existe bel et bien dans la vraie vie (tout comme le groupe One Direction), comme les figures en tout genre utilisées…

Avec ce livre, ne sommes-nous pas dans la littérature stricto sensu ?
Celle qui nous force à réfléchir, celle qui nous sort de notre zone de confort, celle qui bouscule les codes, celle qui ne nous laisse pas en paix ?
Alors oui ne serait-ce que pour ça j’ai envie de le défendre, mais à vous de juger !

Editions JC Lattès

« En pays conquis » de Thomas Bronnec…

Note de l’éditeur :

La République est paralysée. L’Élysée est à gauche mais l’Assemblée à droite. Très à droite : impossible pour Hélène Cassard, nommée à Matignon, de gouverner sans le soutien des députés du Rassemblement national, le parti extrémiste. Dans un paysage politique en pleine déliquescence, les convictions sont mises à l’épreuve du pouvoir et les hommes de l’ombre s’agitent autour d’un enjeu de taille : l’appartenance de la France à l’Europe.
L’un d’eux, François Belmont, ambitionne de faire éclater les vieux clivages. Rien ne semble résister au grand argentier de la campagne d’Hélène Cassard. À moins que la mort de Christian Dumas, président de la Commission des comptes de campagne, chargé de veiller sur la légalité du financement de la vie politique, ne vienne compromettre ses plans ?

Le contexte choisi ne doit certainement rien au hasard. Il est bien ancré dans une certaine réalité, c’est évident.

Ecrit dans un style plus journalistique (l’auteur est du sérail) que littéraire stricto-sensu, ce roman noir (je ne peux pas parler ici de polar) n’a pas su vraiment me tenir en haleine ni me convaincre au final.
Si j’étais plutôt emballée au départ, j’ai trouvé l’intrigue longue parce qu’un peu plate je dois l’avouer. Dommage.
Mais il a sans aucun doute comme mérite de vouloir nous alerter…

Quoi qu’il en soit, merci à Lecteurs.com pour cette lecture dans le cadre des Quais du Polar.

Editions Série Noire Gallimard

« Marquée à vie » d’Emelie Schepp…

Note de l’éditeur :

Nörrkoping, l’hiver.
La procureure Jana Berzelius arrive sur la scène du meurtre d’un haut responsable de l’Immigration en Suède, assassiné dans sa maison, au bord de la mer Baltique. Le tueur n’a laissé aucune trace. Etrangement, les seules empreintes que l’on retrouve sont celles d’un enfant – or, la victime n’en a pas… Quelques jours plus tard, le meurtrier est identifié. Mais il est mort. On retrouve son corps sur un rivage désolé, l’arme tout près de lui. Il s’agit bien d’un enfant. Signe particulier, il présente sur la nuque une scarification énigmatique.
Ce nom, gravé grossièrement à même la chair, provoque brutalement chez l’impénétrable Jana, pourtant réputée insensible et glaciale, un véritable séisme intérieur. Car elle porte la même scarification à la base du cou. La marque d’un passé qui ne lui revient que par flashes incontrôlables…

Ce livre est le premier roman d’Emelie Schepp. Il a été publié en Suède en 2014 et vient de paraître chez Harper Collins France.
Deux autres tomes ont paru également dans le pays de l’écrivain (en 2015 et 2016). En France, j’espère qu’ils ne tarderont pas trop…
Pour information, elle a signé un contrat pour six livres à ce jour.

C’est toujours délicat de chroniquer un thriller, surtout que je m’attache personnellement à ne jamais trop dévoiler les livres que je lis.

Ce que j’ai aimé ?
Déjà le fait que ce soit une plume féminine dans ce milieu très masculin. Les thrillers venus des pays du Nord sont particulièrement durs. Sans que cela soit le contraire (ce n’est pas le cas), j’ai ressenti une certaine élégance à arrêter le côté sordide de l’histoire au moment où il fallait. J’ai apprécié cela ayant du mal avec la violence, qui est souvent trop gratuite en la matière.
Ensuite le rythme du livre. Deux histoires se font écho. Le lecteur oscille entre le passé et le présent. La personnalité de l’héroïne se révèle ainsi complexe, surprenante, intrigante et donc irrésistiblement intéressante.
Enfin, elle a réussi à me balader (et ça, j’aime ! :D). J’avais émis deux hypothèses en cours de lecture. La deuxième a primé, mais en partie seulement. Je n’ai donc pas trouvé cela si « facile » comme intrigue. Elle m’a bien tenue en haleine.

Comme souvent avec les thrillers c’est très cinématographique côté écriture lorsqu’ils sont réussis.
J’en verrais bien une adaptation.

Belle lecture à tous !

J’ai eu l’occasion de rencontrer l’écrivain à l’occasion d’un petit déjeuner littéraire.
Personne très avenante, elle a partagé avec nous un maximum d’informations sur sa façon d’écrire, sa vie quotidienne, sa famille et nous a recommandé de voir la série « The Bridge » qu’elle aime particulièrement…
Ce fût un moment délicieux et fantastique en terme d’échanges que je ne suis pas prête d’oublier !

Le Figaro lui a consacré un bel article que je vous invite à lire : « Qui est Emelie Schepp, nouveau phénomène du polar scandinave ? »

« Par amour » de Valérie Tong Cuong…

Bon allez, il est temps d’essayer de vous parler d’un livre, du dernier livre de Valérie Tong Cuong : « Par amour ».

Je dis essayer parce que cela fait des jours que je n’arrive pas à le chroniquer tellement il m’a touchée.
Havraise à 100 pour sang, ce sera donc un billet particulier. Valérie comprendra et me pardonnera d’avoir du mal à faire mieux…

Note de l’éditeur :

Par amour, n’importe quel être humain peut se surpasser. On tient debout, pour l’autre plus encore que pour soi-même.

V.T.C.

Valérie Tong Cuong a publié dix romans, dont le très remarqué Atelier des miracles. Avec cette fresque envoûtante qui nous mène du Havre sous l’Occupation à l’Algérie, elle trace les destinées héroïques de gens ordinaires, dont les vies secrètes nous invitent dans la grande Histoire.

Ces lignes sont une plongée dans la Seconde Guerre Mondiale au Havre (et en Algérie) par le biais de deux familles dont les histoires s’entremêlent à l’Histoire.

L’écrivain, qui s’est extrêmement bien documentée, réveille par le biais de ses personnages le silence pudique de ses hommes et de ses femmes lambda qui ont vécu l’horreur des bombardements, l’exil mais qui par leur courage et l’Amour étaient prêts à tout, à croire à tout.

La polyphonie qui rythme les pages alliée à la délicate écriture d’une justesse remarquable font de ce livre un roman essentiel, nécessaire.

Comme malheureusement toutes les guerres, passées ou actuelles, 39-45 a décimé des familles.
Avec ce livre, Valérie Tong Cuong a le don de raviver des souvenirs parfois perdus en cours de route ou non transmis, de reconstituer indirectement des pans de certaines; de créer des ponts, de faciliter la communication entre les générations avant qu’il ne soit trop tard.

Je le recommande vivement.

Belle lecture à tous !

Editions JC Lattès

« Rose Valland, Capitaine Beaux-Arts » de Catel, Polack et Bouilhac…

En marge de l’exposition « 21 rue de la Boétie » cet album, édité aux Editions Dupuis, retrace (rapidement) le combat d’une vie : celui de Rose Valland, « historienne d’art, résistante et capitaine de l’armée française qui a activement contribué au sauvetage et à la récupération de presque 45 000 œuvres d’art volées par les nazis. »

Ce livre en deux parties (une BD et des documents historiques) vous donnera envie d’aller plus loin, et notamment de lire « Le front de l’art » qu’elle a écrit.

Belle lecture (indispensable) à tous !

Films à voir sur le sujet : « The Monuments Men » et « Le train » .