« Je ne retrouve personne » de Arnaud Cathrine…

Deuxième plongée dans l’univers de Arnaud Cathrine après  » Nos vies romancées « .
Je dois avouer que j’apprécie particulièrement son style et l’écho qu’il engendre (chez moi).

Aurélien est amené à quitter Paris pour organiser la vente de la maison normande familiale dans laquelle il ne venait plus…

Tour à tour amer et joyeux dans sa mélancolie, l’homme s’extrait de l’écrivain pour laisser la place à sa vie.

« S’efforcer de ne penser à rien. Contempler la mer étale. Respirer l’air chargé d’iode. Sentir mes pas sur le sable et les couteaux de mer qui cassent. Juste ça »

« Lorsque je vivais ici, je détestais le dimanche et le lundi à part égale, promesses de rues vides, de commerces fermés. Aujourd’hui, après dix-sept ans de vie parisienne, je n’aime rien tant que ces parenthèses »

 » (…) ne pas fabriquer du passé. Seul dans cette maison, je laisse au contraire tout affleurer, sans prévoir encore les effets de ce reflux. On dirait qu’une digue intérieure a cédé »

« Je me suis ouvert une bouteille de (…), savourant cette anesthésie si particulière : l’ivresse dont on attend qu’elle bâillonne toute émotion susceptible de contrevenir à une bienheureuse (quoique temporaire) indifférence aux choses (on sait à quoi le plus souvent) »

« Moi je n’ai envie de rien, sinon de laisser les choses venir »

« La splendeur de l’imprévisible »

« (…) oui je ne suis qu’une sève curieuse; oui, j’ai le goût des chemins de traverse, des sentiers dépréciés (…) »

« A présent, je deviens sans jamais me perdre de vue »

« L’incarnation si ratée dont témoigne notre quotidien »

« On ne trouve pas la solitude, on la fait » (Marguerite Duras)

« Ici, il ne fait pas si gris qu’on le dit. Il « fait seul » mais je l’ai voulu »

« Paris a fini par dévoiler ses frontières. Ici en revanche, l’horizon ne déçoit pas »

« La vérité exige d’être formulée à bout portant. Alors elle tue. Le sachant, on tient en joue sans jamais tirer… Ou à blanc »

La nostalgie n’est-elle pas, dans son côté positif, le bonheur de retrouver finalement un certain passé pour mieux s’abandonner à autre chose ?

En ne retrouvant personne, il se retrouve.
Lui.

Un TRES BEAU livre, tout simplement.

Belle lecture à tous !

Je ne retrouve personne Arnaud Cathrine

Editions Verticales

« Le soleil à mes pieds » de Delphine Bertholon…

On m’en avait dit le plus grand bien.
Je l’attendais donc avec impatience.
J’en suis finalement sortie déçue (j’ai même failli décrocher à plusieurs reprises).

L’emprise d’une soeur sur une autre puis la liberté retrouvée.
Un « huis clos » entre l’écrivain, les personnages et les lecteurs.

Ce n’est pas que je n’ai pas aimé, mais le contraire non plus.
« Il aura fallu deux vies pour me rendre la mienne ». Il aura fallu plus de 150 pages (sur 184) pour que le livre me parle vraiment, sans les longueurs de l’après installation des personnages.

A vous de juger !

20130907-124704.jpg

Editions JC Lattès

« La nostalgie heureuse » d’Amélie Nothomb…

« Natsukashii désigne la nostalgie heureuse, l’instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l’emplit de douceur »

Ceux qui ont vu le documentaire « Une vie entre deux eaux » ressentiront un écho particulier au fil des mots, des pages…
Les plus médisants diront qu’elle n’a fait que coucher sur le papier ce qu’elle a fait vivre d’elle devant de la caméra.
J’y ai vu pour ma part un fort joli complément de mise à nu.

Avec ce livre, cette femme si mystérieuse qu’est Amélie Nothomb se rapproche de ses lecteurs et nous livre ses émotions (japonaises) les plus « intimes » qui ont fait d’elle ce qu’elle est… et ce que j’aime personnellement.

Belle lecture à tous !

20130901-120817.jpg

« Ce que l’on a vécu laisse dans la poitrine une musique »

« Si le temps mesure quelque chose chez un être humain, ce sont les blessures »

« Comme je suis dans un impasse émotionnelle, je décide de partir en voyage »

Editions Albin Michel

NDLR. France 5 rediffusera le documentaire « Amélie Nothomb, une vie entre deux eaux » le 19 septembre prochain à 21h40. L’écrivain sera également l’invitée de François Busnel dans « La Grande Librairie » le jeudi 5 septembre prochain à partir de 20h45.

« L’atelier des miracles » de Valérie Tong Cuong…

Note de l’éditeur

Prof d’histoire-géo mariée à un politicien narcissique, Mariette est au bout du rouleau. Une provocation de trop et elle craque, envoyant valser un élève dans l’escalier. Mariette a franchi la ligne rouge.
Millie, jeune secrétaire intérimaire, vit dans une solitude monacale. Mais un soir, son immeuble brûle. Elle tourne le dos aux flammes se jette dans le vide. Déserteur de l’armée, Monsieur Mike a fait de la rue son foyer. Installé tranquillement sous un porche, il ne s’attendait pas à ce que, ce matin, le « farfadet » et sa bande le passent à tabac.
Au moment où Mariette, Millie et Mike heurtent le mur de leur existence, un homme providentiel surgit et leur tend la main – Jean, qui accueille dans son Atelier les âmes cassées, et dont on dit qu’il fait des miracles.
Mais peut-on vraiment se reconstruire sans affronter ses fantômes ? Avancer en se mentant et en mentant aux autres ? Ensemble, les locataires de l’Atelier vont devoir accepter leur part d’ombre, tandis que le mystérieux Jean tire les ficelles d’un jeu de plus en plus dangereux.

Un livre aux accents aussi doux qu’amers, qui m’a beaucoup plu parce que terriblement vrai.

En dire plus vous gâcherait le plaisir de le découvrir donc, belle lecture à tous !

20130823-190507.jpg

« L’important, c’est le coeur qui bat, pas le temps de présence »

« Il n’est jamais trop tard. Il faut dépasser sa peur, à force de laisser le temps s’écouler, on se sent impuissant, on devient fataliste, on se croit fichu alors qu’il suffit d’un déclic, un rien parfois, une image, un souvenir, parfois même d’un seul mot »

« La beauté se nourrit du temps qui passe »

« Il faut redresser la tête pour obtenir le respect »

« L’intention, c’est cette volonté extrême de vivre, au sens le plus fort du terme. Vivre en pleine conscience de chaque instant, de chaque élément qui nous entoure ou nous gouverne. Vivre en pleine confiance également, confiance en l’avenir, confiance en l’autre, confiance en la possibilité du bonheur »

« La communication entre les êtres humains à ses limites: peu de gens sont capables de se remettre en question sans un bon coup de pied au cul. Il faut leur ouvrir la voie. Déblayer, préparer le terrain et souvent même leur forcer quelque peu la main lorsqu’ils manquent de confiance »

« Exténuée, oui. Au pied du mur. A la limite. C’est ce qui arrive lorsqu’on accepte trop longtemps ce que l’on sait devoir refuser »

« Ne plus sacrifier mes principes à l’obéissance aveugle »

« Nous faisons tous les mêmes erreurs. Fuir nos fantômes plutôt qu’apprendre à vivre avec »

Editions JC Lattès

NDLR. Comme quoi il faut toujours faire confiance à son flair lorsqu’un titre vous interpelle…