« Le liseur du 6h27 » de Jean-Paul Didierlaurent…

Guylain Vignolles a été affublé d’une contrepèterie à sa naissance.
Il a pour animal de compagnie un poisson rouge, Rouget de Lisle, dont le numéro est fonction de la mort du précédent habitant du bocal.
Son travail : broyeur de livres invendus.
Son salut : sauver toutes les feuilles qu’il peut et les partager.
C’est ainsi que tous les matins lorsqu’il part besogner, Guylain prend plaisir à lire lesdites pages à voix haute dans le wagon du RER sous les oreilles attentives des autres passagers avant de rejoindre son affreuse machine destructrice.

Julie collectionne les faïences (14 717) qu’elle compte religieusement « une fois l’an, à l’équinoxe de printemps ».
Elle est Dame Pipi dans un centre commercial.
Un jour, elle perd une clef USB dans le RER.

Le train-train quotidien de Guylain va basculer dès lors qu’il tombe (par le plus grand des hasards) sur les anecdotes de vie racontées par Julie…

Ce livre, c’est un p’tit bonheur d’édition !
En le lisant dans les transports, j’avais l’impression d’être en situation et la quête du héros pour retrouver la propriétaire de la clef est des plus charmantes.
Il est, en plus, joliment écrit.

Un premier roman fort réussi donc, qui sait réveiller des émotions à sa lecture.

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Editions Au diable vauvert

« Les quatre saisons de l’été » de Grégoire Delacourt…

C’est un livre parfois un peu cruel, nostalgique mais finalement très lumineux, tout en finesse et en délicatesse que nous offre Grégoire Delacourt.
L’on retrouve ici, selon moi, ce grand quelque chose qui a marqué son entrée en littérature.

Quatre très belles histoires, avec pour points communs une unité de date (14 juillet 1999), de lieu (le Touquet), de partition (Cabrel) et de thème (l’Amour).

La construction a ceci d’intéressant que chaque histoire est racontée dans un ordre bien chapitré :
1 – Pimprenelle
2 – Eugénie Guinoisseau
3 – Jacinthe
4 – Rose
et l’écrivain se réserve la liberté de les conclure à la fin de son livre.

L’écriture est toujours aussi élégante…

« L’amour, c’est quand on peut mourir pour quelqu’un. Quand on a les mains qui piquent, les yeux qui brûlent, quand on a plus faim »

« On ne doit pas redonner vie à nos amours d’enfance. On doit les laisser là où elles sont : dans l’obscurité confortable des souvenirs. Là où les promesses ébauchées, la nostalgie des peaux, des odeurs, là où les rêves enfouis se bonifient et écrivent la plus belle des histoires.
Celle que rien ne menace. Celle qui n’est jamais arrivée. »

« Les vacances, c’est ce moment d’enfance qu’on rattrape, où nous étions immortels, où nous allions ne jamais nous quitter »

« Mais nous nous aimions.
Nous nous aimions entre les mots et entre les lignes, dans les silences et les regards, dans les gestes les plus simples.
Nous nous aimions dans le plaisir précieux de nous retrouver souvent.
Nous nous aimions en marchant sur la digue d’un même pas, en regardant les mêmes jolies choses.
Nous nous amions à chaque instant, sans chercher à le prolonger, sans rien lui demander d’autre que ce moment d’éternité, justement »

Une très jolie réussite selon moi.
Plongez, mais plongez donc !

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NDLR. Les éditions JC Lattès l’ont fait paraître dans la catégorie « Roman ». 
Je ne suis pas certaine que ce soit la bonne…

« L’écrivain de la famille »
« La liste de mes envies »
« La première chose qu’on regarde »

« L’allée du sycomore » de John Grisham…

A la fin des années 80, un riche terrien (blanc) du Mississippi atteint d’un cancer se suicide en déshéritant ses enfants et ses petits-enfants au profit de sa femme de ménage (noire).
L’avocat Jack Brigance est chargé de la succession.
Que révèlera l’inévitable conflit juridique ?

Cela faisait bien longtemps que j’avais lu John Grisham.
762 pages d’histoire toujours aussi bien maîtrisée, ficelée, aussi efficace sur fond de tensions familiale, raciale et de rédemption.
J’ai passé un très bon moment !

Editions Le Livre de Poche

NDLR 1. Merci à Anita (qui se reconnaîtra) d’en avoir si bien parlé à notre dernier Club de Lecture et qui a eu la gentillesse de m’offrir le livre.

NDRL 2. « L’allée du sycomore » fait suite au « Droit de tuer », mais les deux histoires peuvent se lire indépendamment l’une de l’autre.

« La hauteur de l’horizon, histoires à coucher debout » de Fabien Pesty…

Un recueil de nouvelles peu commun.

Soyons honnête… 

Attention culs coincés, passez votre tour ! (vous risquez de ne pas vous en remettre)

En revanche pour les esprits curieux de tout qui apprécient le cynisme et pour qui le sens de l’humour ne se limite pas au premier degré, allez-y !

Parce que Fabien Pesty ne fait peut-être pas dans la dentelle, mais qu’est-ce que j’ai ri !

Comme quoi la petite bourgeoise que je suis a bien fait de se libérer de certains carcans…

Cette expérience de lecture (parce que oui, ce fût une sacrée expérience tellement c’est « à part ») je l’ai appréciée.
Au début, il faut s’accrocher, ok. Mais laissez-vous prendre au jeu, vraiment !

NDLR 1. Mention spéciale à « Babar » et surtout à « Blanche-Neige et les sept pas-bien-grands » (le wagon du RER A qui a accueilli ma lecture ce matin n’a pas encore dû se remettre de mes hurlements de rires)

NDLR 2. A noter les dessins fort réussis de Sophie Peigné qui ponctuent chaque histoire. 

Belle lecture à tous !

Editions Paul & Mike